Soit je me surestime en me faisant des films, soit Sergio a vraiment envie d'être plus que mon collègue.
L'ingénieur son me dévore des yeux depuis que nous sommes arrivés au bar. Des yeux qui dévient parfois en direction de mon décolleté et me font pester qu'Andréa Simon ait toujours autant raison.
C'est décidé, en rentrant, je file m'acheter des push-up.
Sergio et moi parlons boulot pendant presque une heure, testant le fameux « canari » avant de me rabattre sur mon amour pour le rhum. Je reste soft avec un bon mojito bien dosé quand lui, s'enfile une pinte de brune sans sourciller.
En soulignant le fait qu'il « aime beaucoup les brunes ».
Au bout de plus d'une heure de discussion et d'alcool dans le sang, je ne peux m'empêcher de tortiller une de mes boucles autour de mon doigt, la tête penchée et soutenue par ma paume alors que je bois ses paroles sans rien y comprendre. Une pause de midinette charmée par un type lui parlant de musique.
— Et toi du coup, dit-il après avoir laissé tomber quelques gouttes de sa brune dans sa barbe, t'en penses quoi ?
—Ah ! Euh... C'est pas mal ?
—Tu ne m'écoutais qu'à moitié, avoue-le.
—Désolé, journée crevante. On est déjà mercredi soir et le temps file à une allure... Heureusement que le tournage est facile avec Aamir.
— Heureusement que Cartier est aux commandes surtout ! La première fois qu'on a bossé ensemble, je le trouvais un peu froid, comme s'il n'avait pas d'empathie mais en fait c'est juste ses expressions faciales quand il bosse. En plus de sa tête de beau gosse, il est charismatique et à la conversation facile.
— Ouais, c'est souvent une première impression récurrente.
—Il m'a dit que vous étiez ami d'enfance.
Gigi la balance... À tous les coups, il devait avoir de l'alcool dans le sang quand il a donné l'info !
Je tortille de plus en plus ma boucle avant de soupirer et de boire une nouvelle gorgée. Sergio me regarde avec des yeux brillants, attendant surement une confirmation.
— Ça doit être énervant non ? me dit-il soudain. De connaitre quelqu'un qui a tant de facilité.
—Gi-..George n'est pas si parfait. Je le connais depuis sa naissance et je peux t'affirmer que c'était un timide avant. Il n'a que très peu d'amis d'enfance parce que son côté beau gosse, comme tu dis, lui a causé du tort. Des mecs jaloux et des filles rancunières. Il était aussi très mature pour son âge donc peu compris.
—Sérieux ? On ne dirait pas !
— Je te jure. Mais quand on est proche de lui, on se rend compte qu'il a beaucoup à dire mais qu'il prend sur lui. Il a fait énormément d'efforts pour devenir comme ça. Toutes les fois où j'ai dû le pousser... Enfin sauf en amour. Là, dès qu'il est sûr de sa cible, rien ne peut l'arrêter !
— Ah ouais ? Je pensais qu'avec sa gueule, il n'avait qu'à claquer des doigts ?
— Fréquenter un mec aussi beau que lui m'a appris un truc : c'est que ce n'est pas si facile pour les gens bien foutus. Ils ont une pression et beaucoup se disent qu'ils ne sont pas des options justement parce qu'ils sont trop beaux. Pour faire craquer les filles qui le voient comme inaccessible, Gigi fait en sorte d'être un grand romantique avec des roses en veux-tu en voilà et autres déclarations dignes de films Disney.
Sergio frotte sa barbe, l'air songeur, avant de prendre une gorgée et de murmurer :
« Tu l'as appelé Gigi. Vous êtes plus proche que vous ne le laissez paraitre. »
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The Man I (always) Love
Short StoryLéonore est amoureuse depuis vingt ans du même homme : son ami d'enfance George. Un romantique dans l'âme mais tellement convoité qu'il en est devenu inaccessible pour elle. Séparés pendant des années et travaillant maintenant dans la même boite d'a...