« Tu amènes le soleil avec toi, Léonore. »
Je ne peux m'empêcher de rire alors que Sergio me fait le baise-main avec une révérence très exagérée, concentrant l'attention de tous les clients présents dans le hall de l'hôtel.
Ses cheveux châtain clair sont rasés de près et sa barbe bien taillée alors qu'il détonne dans le cadre méditerranéen avec son espèce de pantalon baggy et son t-shirt de groupe de métal.
Physiquement et même dans le style, il me rappelle mon premier et unique copain.
Un gars nommé Bernard.
... Il se trouve que j'ai des goûts très étranges concernant les hommes avec des prénoms faisant « plus de quarante ans ».
Bernard était un mec gentil et à qui j'ai raconté toute mon histoire d'amour à sens unique un soir où j'étais bourrée. Ce fourbe en a profité en se servant de sa sympathie pour m'embrasser et faire de moi sa copine.
J'avais été un peu piégé mais la relation était agréable... Jusqu'à ce que ça aille trop loin.
— Alors on peut y aller ? me demande Sergio en me sortant de mes souvenirs. J'ai chargé le matos dans la camionnette.
— Tu as bien fait attention ? C'est du matériel de location et je n'ai pas envie qu'on perde notre caution.
— T'inquiètes paupiette, vu le prix des engins je compte bien en prendre soin. Et il n'est pas avec toi « Cartier le BG » ? J'ai grave envie de lui montrer ces merveilles.
Je pointe mon pouce en arrière dès que j'entends la voix de Johanna alors qu'elle semble toujours coller à Gigi. À cause de ma réponse dans le train, elle a décidé de tout donner pendant cette semaine de tournage et de ne pas le laisser avec moi une seule minute.
En lui disant que je l'aimais depuis l'âge de 10 ans, elle a compris que nous étions amis d'enfances et donc naturellement proches. Pour rattraper son retard, elle fait tout pour en savoir un peu plus sur Gigi qui lui, se laisse faire.
Parce que monsieur n'est pas aveugle quand une fille le drague mais il a toujours adoré ça même s'il affirme qu'elle le colle trop. Ces faux espoirs qu'il donne sont la preuve qu'il peut être un homme romantique mais aussi sadique.
Je présente l'assistante du réalisateur ainsi que celui de Gigi à Sergio avant de dire à tout le monde de grimper dans la camionnette. Johanna regarde avec dédain l'engin conduit par l'ingénieur son mais accepte lorsque c'est Gigi lui-même qui lui presse le pas pour aller faire des repérages de la ville.
Je m'assois à côté du conducteur pour lui indiquer les lieux vus en amont lors de la préparation des plans d'introduction à l'épisode mais malheureusement et même si j'apprécie Sergio, sa conduite laisse à désirer.
Obligée de me taire pour me concentrer sur la route, ce dernier tourne abruptement à chaque changement de direction, ce qui me donne envie de vomir.
— Eh Sergio ! l'interpelle soudain Gigi assis juste derrière nous. Sois plus doux quand tu tournes. Et ralenti aussi.
— Quoi ? Tu veux prendre des plans avant le coucher du soleil ou pas ? T'inquiètes pour le matos, il est bien protégé.
— C'est pour Lé-.. Bertier que je m'inquiète. Tu es en train de réveiller sa cinétose.
— Sa quoi ? Une envie de cinéma ?
— « Cinétose », ça veut dire « mal des transports » et elle a vraiment du mal en voiture donc vas-y doucement.
— Ah merde, fallait me dire Léonore ! Merci Cartier !
Je réussis à tourner légèrement la tête vers arrière pour remercier Gigi d'un clin d'œil mais celui-ci enfonce son index dans ma joue pour que je me retourne et me concentre sur la route afin de ne pas vomir.
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The Man I (always) Love
ContoLéonore est amoureuse depuis vingt ans du même homme : son ami d'enfance George. Un romantique dans l'âme mais tellement convoité qu'il en est devenu inaccessible pour elle. Séparés pendant des années et travaillant maintenant dans la même boite d'a...