« Léonore, tu es prête ? »
Je fais tourner la bague à mon doigt, l'air absent, avant de hocher mécaniquement la tête face à Sergio devant sa camionnette. Les autres sont déjà partis en direction de la gare alorsque j'avais un dernier saut à faire chez Aamir et Anushka Lakshmi.
Les souvenirs de la fête d'il y a quelques heures me reviennent en mémoire dont un aussi amère que rempli d'espoir : celui de George et de sa détermination à me prouver que j'avais tort sur lui.
Tort à quel sujet ? Aucune idée. Ce dernier, après ces mots, a quitté la fête en me laissant la fameuse bague de diamants et d'émeraude dans la main. J'aurais pu me faire tellement de films sur ce départ et cette déclaration mais la Léonore qui rêvait d'une histoire d'amour avec George Cartier est partie depuis qu'elle a eu le cœur brisé par un baiser parfait.
Je souris à Aamir marchant dans ma direction pour nous dire au revoir, le teint frais malgré la grosse soirée d'hier. Il serre la main de Sergio, nous remerciant pour notre travail avant de m'enlacer comme si j'étais son amie.
— Les amis de Simon et de Cartier sont mes amis ! confirme-t-il. J'espère vous revoir bientôt, Léonore.
— Merci de nous avoir accueillis dans de si bonnes conditions. On se tient au courant par mail pour la suite, comme avant.
Aamir me répond avec son sourire Colgate avant de baisser les yeux vers mes doigts et de relever doucement ma main pour observer la bague en soupirant.
— Il n'y a pas besoin d'une somptueuse villa pour être heureux. Il peut suffire d'une petite maison construite à deux et avec l'être aimé. C'est ce que j'ai voulu faire comprendre pour votre émission.
— Encore faut-il trouver l'être aimé.
— Peut être que vous le rencontrerez dimanche, peut-être lundi ou peut-être pas... Mais je suis sûr que vous le rencontrez un jour. Peut-être que mardi sera le jour des bonnes nouvelles ?
Je fronce les sourcils, tentant de comprendre ses paroles lorsqu'il me fait un clin d'œil et conclu notre échange par ces mots : « La vie ressemble beaucoup au jazz. Elle est plus belle quand on improvise. »
George Gershwin. Pourquoi est-ce que... Et ces mots...
Le klaxon de la camionnette de Sergio me fait sursauter et me rappelle que si je continue de rêvasser, je vais rater mon train. Je fais une dernière bise à Aamir avant de quitter le parking de sa belle villa d'amour et de partir en direction de la gare.
Le trajet avec Sergio est très calme et ce dernier continue ses blagues mais il n'y a plus aucune tentative de flirte de sa part et ce n'est pas plus mal.
Je crois que les hommes m'ont trop embrouillé l'esprit ces derniers jours et je vais faire une cure de désintox en rentrant.
Arrivé à la gare, il m'aide à décharger ma valise et nous parlons une dernière fois du boulot et du matériel que l'on a loué pour la semaine. Notre échange reste amical et professionnel lorsqu'il me fait une étreinte d'au revoir et me chuchote à l'oreille :
« Si ça se passe mal, tu peux compter sur moi. Bye, Léonore. »
Si quoi se passe mal ? Je n'ai pas le temps de lui demander que l'embarquement pour mon train est annoncé. Je m'installe à côté de Clémence et profite du voyage pour envoyer mes derniers mails.
Je n'ai revu que brièvement Gigi alors qu'il embarquait dans la voiture devant la nôtre avec Ahmed et Johanna. Cette dernière en a profité pour me remercier de la qualité de mon travail pendant ce tournage en mettant mon boss en copie de mail.
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The Man I (always) Love
Short StoryLéonore est amoureuse depuis vingt ans du même homme : son ami d'enfance George. Un romantique dans l'âme mais tellement convoité qu'il en est devenu inaccessible pour elle. Séparés pendant des années et travaillant maintenant dans la même boite d'a...