L'assistante sociale

29 7 12
                                    

-Nyme ? 

-Oui ? 

On était dans son atelier et je peignais. 

J'adorais cette activité, tout compte fait !

-Heu... Tu... Elle est grave ta maladie ?

-Un peu, oui, me sourit elle. 

Je baissais la tête et fermais les yeux. 

-Alors tu vas mourir ? demandais-je directement. 

Pas de réponse. 

Je me tournais vers elle. 

Elle pleurait, serrant son crayon si fort qu'un craquement retentit et il se cassa en deux. 

Je détournais le regard.

-Si seulement on échangeait nos places, murmurais-je. 

Si elle récupérait ma santé et moi sa maladie, il n'y aurait aucun problème. 

Moi, personne ne me regrettera. 

C'est une vérité que je peux dire avec le sourire. 

Ma mère en serait soulagée, mon père c'est à peine s'il m'adresse un mot. 

En amis, je n'ai que Nyme. 

La seule personne qui compte sur moi et pour moi. 

Et elle va mourir. 

-Il te reste combien de temps à vivre ? demandais-je.

Aussitôt, je me reprochais mon manque de tact, mais elle releva la tête, essuya ses larmes et me répondit en souriant: 

-Trois ans. 

-Trois ans ? 

Sa tristesse me frappa. 

Elle ne pourrait rien faire. 

Elle ne pourrait même pas terminer ses études. 

Ni les commencer. 

Un "désolée" voulu franchir mes lèvres mais je le retint. 

Ce n'est pas de ma faute. 

Là, tu donnes l'impression que ça ne te fait rien. 

Et alors ? Tu veux paraître pour une faible ? 

T'es vraiment ridicule, Jenny ! 

Ouais, et alors ? 

"-Et ? Et ça te fait rien d'être insupportable au possible ?

-Non. "

T'es et tu as toujours été ridicule, Jenny. 

Mais je ne dis rien pour autant, continuant à peindre. 

-Viens manger, Nyme! appela sa mère. 

On montait. 

-Oh... Jennyfer est là aussi, réalisa sa mère en me voyant. Je n'ai prévu qu'un repas mais... 

-Inutile... Je m'en vais. 

-Mais... Jenny reste... commença Nyme. 

-Non, non, dis-je en souriant. Je vais aller chez moi. 

Je pris mon sac de cours, qui contenait aussi les vêtements que j'avais pris avant de partir, le mis sur mon épaule et sortis: 

-A demain, lançais par dessus mon épaule. 

La nuit était froide. 

-Bon, où je vais, maintenant ? murmurais-je. 

Ouvrir les yeux [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant