-Alors t'es à la rue ? me demanda celle qui avait endommagé mon portable.
-Comment tu sais ça ?
Je m'arrêtais.
Un attroupement se fit.
-C'est toi qui est allée tout balancer ? demandais-je, agressive.
-Ouais, et alors ? J'habite près de la gare, je t'ai vue et t'avais pas l'air très bien.
-Comme si tu te souciais de moi ! dis-je ne la poussant violemment.
-Oh me frappe pas ! dit elle en me lançant une claque, que j'évitais.
-Bah me cherche pas, sale.....
Je m'interrompis net.
Contrôle-toi, Jenny !
J'inspirais doucement et reçu un coup en plein dans la tempe.
-Tu vas le regretter, prévins-je.
-Et pourquoi vous lui avez cassé le nez ? me demanda la CPE.
-Elle m'a donné des coups.
-Et c'est une raison ?... On ne peut pas se permettre de garder une élève qui tape les autres...
-Vous allez me... virer ?
-Une semaine. Si vous recommencez, ce sera définitif.
Elle me fit un signe pour que je sorte.
Non mais c'est pas vrai !
Tu t'es faite virer une semaine, Jenny !
Tu vas faire quoi ?
-Je vais me débrouiller, murmurais-je. A moins.. que j'aille chez moi.. et que j'y vive en clandestinité ? Non... ça ne marchera... pas ?
Pourquoi pas essayer ?
Je marchais vers chez moi.
Doucement, je sortais mes clefs de mon unique veste et les introduisait dans la serrure.
Je rentrais.
Personne, évidemment.
J'allais au frigo.
Vide...
J'allumais la lumière.
Rien.. Pas d'électricité...
Je montais en haut.
Une odeur de renfermé me prit à la gorge.
Elle est partie ?
Oui, mais où ?
Elle est vraiment partie ?
J'entrais dans sa chambre.
J'aurai préféré la voir ronfler affalée sur le lit plutôt que de regarder cet immense vide, sentir cette odeur de renfermé et toucher la commode pleine de poussière.
Elle est partie..
Alors qu'elle a une fille mineure.
Et ils vont dire quoi les inspecteurs que va me ramener l'assistante sociale si il n'y a personne ?
Non c'est pas vrai...
Elle t'a abandonnée, Jenny.
Abandonnée.
Ma main glissa sur la porte tandis que je me laissais tomber au sol.
Non...
Non... Je suis seule...
-Seule...
Ce mot se perdit dans mes sanglots.
Mes larmes coulaient sur le sol, effaçant la poussière.
Mes ongles s'enfoncèrent dans mon visage.
Le chagrin m'enlaça de ses bras d'ombres.
-T'es vraiment virée ? me demanda Nyme au téléphone.
-Bah oui..
-J'ai pas trop compris pourquoi tu lui avais cassé le nez.
-T'as bien vu, elle a essayé de me frapper.
-Oui.. mais pourquoi ?
-C'est elle, elle est venue me chercher. Moi j'ai rien demandé.
-Et c'est vrai t'as dormi à la gare ?
-Heu... Non. Je suis allée chez mon père.
-Ah oui ? Il habite près de chez ta mère ?
-Heu oui... ça va.. En tout cas, c'étais cool chez lui !
-Ah ok ! je suis contente que tu n'aies pas dormi dehors
-Bien sûr que non !
-Et là t'es où ?
-Chez ma mère.
-Elle te parle de nouveau ! Cool !
-Heu... Oui... Elle me parle... Elle s'est même -j'avalais difficilement ma salive- excusée...
-Coool ! Trop contente pour toi ! Passe chez moi quand tu veux !
-Merci.
-Et du coup elle ne t'as rien dit pour ton renvoi ?
-Noooo... Elle... n'a... RIEN dit...
-Ah bon ? Elle... Elle s'occupe de toi au moins ?
-Oh tu sais, ma mère et les études.....
-Vraiment... Je pense... Que ce serait mieux pour toi si tu étais en foyer...
-Nooooon.... Elle... s'occupe de moi, je te dis, t'inquièèèèètes...
Elle ne paru pas convaincue.
-Jennyfer... Pourquoi tu me mens ? Qu'est ce qui s'est passé ?
-Il ne s'est rien passé ! m'énervais-je.
Je raccrochais.
Les ombres de la maison vide et inanimée m'avalèrent.
VOUS LISEZ
Ouvrir les yeux [TERMINÉE]
NouvellesOuvrir les yeux , c'est l'histoire d'une maladie handicapante. D'un harcèlement. Ouvrir les yeux , c'est l'histoire d'une fille enfermée dans sa maladie et qui ne veut pas voir les choses en face.