CHAPITRE 89
" Te quiero "
Vide.
Gorge brûlée à la bile amère, mains souillées par le sang de ma propre mère, je suis vide.
Les balles en plomb ont déchiré le ciel, les oiseaux apeurés ont quitté la ruelle. Tout ce qu'il me reste à présent... c'est du vide.
J'ai le cœur ouvert, à découvert. Il saigne abondement, il pleure ma peine à chaude larmes. J'ai mal. Putain, que j'ai mal.
Mes paupières sont rouges écarlates, boursoufflées, et tiraillées. Mon corps, quant à lui, ne réponds plus de rien. J'ai la tête lourde, les membres ankylosés. Ma bouche, ma langue et mes lèvres... portent le goût métallique du sang.
Vide.
C'est ce que je suis.
Je suis cette fleur, dont la dernière pétale vient d'être emportée au gré du vent. Je suis ce volcan, qui vient de s'éteindre à tout jamais. Je suis ce vide intersidérale, ce néant, qui détruit les âmes damnés à petit feu.
Je ne suis plus rien.
La voiture dans laquelle je dépéri, s'arrête. Je ne sais pas quelle heure il est, j'ai perdu tout mes repères en même temps que ma mère.
Un individu m'extirpe du coffre, ses gestes ne sont pas doux. Il jette mon poids mort sur l'asphalte frai. Mes genoux s'égratignent sur le bitume, je ne me relève pas.
Un mince filet de lumière perce à travers le tissus, qui me recouvre le visage, et dépose une caresse chaleureuse contre ma peau. A cet instant, je culpabilise de trouver ça agréable.
Un homme ôte le sac qui m'obstrue la vue, et ce que j'ai sous les yeux, ressuscite mon cœur moribond.
La tête baissée, Ruben est ligoté, à genoux dans une flaque d'eau vaseuse, au milieu d'une ruelle sombre.
Dans notre malheur, nos regards se percutent. La détresse que je lis dans ses prunelles me fait un mal de chien, j'ai l'impression qu'il me supplie de lui pardonner.
Oui, je te pardonne, mon amour.
Comment pourrai-je t'en vouloir ?
Toi, qui au péril de ta vie, a tout fait pour me sortir de cet enfer...
Toi, qui m'a aimé passionnément, et sans retenue.
Toi, qui a illuminé mes journées, teintées d'obscurité.
Toi, pour qui j'ai souris, à m'en faire souffrir les commissures.
Alors, oui.
Je te pardonne, quoi qu'il advienne.
Alfred descend d'une berline noire. Il arbore fièrement son sourire victorieux, et me dénigre du regard, en se jouant de ma piètre situation. Il tourne les talons, et s'avance en direction de Ruben.
Après s'être agenouillé, pour lui faire face, il allume son cigare fétiche, et s'éclaircit la voix.
— Ruben, Ruben... tu me déçois énormément, soupire-t-il. Tu vois, j'avais l'intention de faire de toi mon successeur, un de ces quatre, mais tu as tout foiré...
— Non ! crache-t-il. C'est vous qui avez tout détruit. Vous venez de briser une famille, de voler les vies de personnes innocentes. C'est vous qui me décevez, parce que je pensais que vous pouviez changer, que vous seriez autre chose qu'une sombre merde, ne serait-ce qu'un jour dans votre putain de vie. Mais non... je me suis trompé, vous n'êtes qu'une bête assoiffée de sang. La seule chose que j'ai à vous dire à présent, Alfred, c'est d'aller vous faire foutre, lance Ruben, en lui crachant au visage.
Alfred serre les dents, et essuie sa face suintante d'un revers de manche. Il se relève sans dire un mot, et dégaine son arme préférée, celle avec laquelle, il a massacré Carla... et ma mère.
Quant à moi, j'ancre mon visage dans le sol, en priant pour disparaitre sous terre.
Lorsque je relève les yeux, Ruben me regarde. Il déglutit, les yeux rougies par les sanglots.
Le voir ainsi, détruit le dernier morceau de cœur qu'il me reste. Ma gorge se contracte douloureusement.
Je me mets à pleurer, encore une fois. Même épuisée, je trouve la force suffisante, pour extérioriser physiquement mon désarroi.
L'homme que j'aime est au bord du gouffre, près à sauter pour toujours. Il sanglote, en se pinçant fiévreusement les lèvres, et m'adresse un regard bouleversant.
— Alia..., tente-t-il d'articuler.
Ses lèvres trembles, il baisse la tête en jurant, incapable de mettre des mots sur sa peine.
— Alia...
— Non... non, murmuré-je.
Je n'ai pas envie d'entendre ses adieux, je ne suis pas prête pour ça. Pas maintenant, pas dans cette vie.
— Je suis désolé... j'ai tout foiré...
— Non... tu n'y es pour rien...
— Pardonne-moi, querida...
J'hoche la tête, en pleurant toutes les larmes qu'il me reste, et tente de le rassurer comme je peux. Même si je sais d'avance, que l'issue est fatale...
— Te quiero, sangloté-je.
— Per la vida..., réussi-je à lire sur ses lèvres.
Je contemple une dernière fois son visage, avant que mes paupières ne se ferment pour de bon. Une larme trace un chemin humide sur mon épiderme.
Et soudain, un coup de feu retentit.
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Hello !
Chapitre très court aujourd'hui !
Je n'ai rien à ajouter concernant ce chapitre, vous avez compris qu'Eden est détruite... et qu'il ne lui reste plus aucun espoir :'(
Voilà, la fin approche à grand pas :'(
Le chapitre final, sortira Lundi... je vous présenterai aussi la cover pour le tome 2, et je vous annoncerai deux trois choses par rapport à la suite. Restez connecté les enfants ! x)
Voilà, à Lundi pour le dernier chapitre !! <3
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THE DRIFTING SOUL [1]
RomanceRuben mène une vie de débauche dans la cité des anges, depuis qu'il a quitté sa terre natale, le Mexique, à la suite d'un tragique évènement. Bien décidé à profiter de sa vie, il enchaîne les soirées, les verres de whisky et les coups d'un soir. To...