𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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Point de passage

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Point de passage.

Frontière mexicaine.


COURIR.


C'est la seule chose qui me reste à faire si je veux rester en vie. 

¡Vuelve aquí ! (Reviens ici !)

Les yeux écarquillés de terreur, je continue de courir dans la pénombre sans savoir où je pose les pieds. Mes mains sont dégueulasses, recouvertes de sang séché. Du sien. Mes vêtements sont déchiquetés par endroit, à cause des fils barbelés dans lesquels je me suis retrouvé piégé. Quant à mon visage, lui... il est saisi d'une expression effroyable. 

Honnêtement, je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de mourir que maintenant. 

Tandis que je cours à m'en faire éclater les poumons, mon sang cogne contre mes tempes d'une manière agressive. Les chiens qui aboient dans mon dos ne font qu'accentuer mon état de panique. Pourtant, je ne m'arrête pas en chemin. Jamais. Je dois absolument passer la frontière. C'est ma seule chance de vivre. Je ne peux pas rester sur ces terres, elles sont trop dangereuses pour moi. Je pourrais très bien me faire tuer aussi vite que lui... 

Les torches des flics dans mon dos illuminent ma route. Je saute par-dessus un buisson, mais je me casse la gueule avec mon sac à dos. Je me redresse sur les coudes, le souffle court, en lançant un regard terrifié derrière moi. Ils sont toujours là !  

¡Vuelve, niño! (Reviens, gamin !)

J'ai envie de pleurer comme le gamin que je suis, de me laisser tomber dans la boue et de me faire prendre la main dans le sac. Je suis horrifié. Putain, quelle idée de merde de vouloir passer l'une des frontières les mieux gardées du continent ! 

J'ai comme l'impression que les flics derrière moi chargent leurs armes. Ils ont l'intention de me tirer dessus et j'ai de plus en plus de mal à contenir mes sanglots. Car ce cliquetis mortel me propulse quelques jours plus tôt... quand il est mort. Ces images sanglantes, cette détonation imaginaire et cette odeur de mort me font perdre mes moyens. Je m'effondre à terre. J'essaye de me relever, mais j'ai mal au milieu de la poitrine. J'ai envie de vomir, de chialer. Ouais, le deuil n'est pas fait. 

J'arrache finalement le sol avec mes ongles, me relève et détale comme un gibier poursuivi par une meute de chasseurs enragés.  

Quand ils se mettent à tirer à mes chevilles pour me freiner dans ma course, je contiens des hurlements d'effroi entre mes lèvres et me mets à courir de plus en plus vite.

Si je ne veux pas finir enterré dans un désert, je dois me bouger le cul et escalader ce mur gigantesque qui me sépare de l'Amerique.


Alors cours, Ruben.


Cours, et sauve-toi de là.


Et vite ! Avant que les hommes derrière ton dos ne te plombent le crâne. Mais surtout, avant que les mafieux qui connaissent ton visage ne te retrouve et ne te fasse la peau... comme à lui. 


Cours, et vie ta meilleure vie loin de la violence.















THE DRIFTING SOUL [1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant