Chapitre 3 : Jenn la fougueuse

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          Armée de son arc, Jenn visait une biche qui s'abreuve auprès d'un lac. Elle l'avait fait tellement de fois ces trois dernières années et était persuadée que même après qu'elle soit partie, elle sera amenée à chasser de nouveau. Puis une fois que la corde fut bien tendue, que sa visée était optimale et que l'animal ne bougeait plus, elle lâche la flèche qui se rue droit dans les côtes de l'animal, qui va s'écrouler au sol. Elle va ensuite s'approcher de lui, et l'achève en plantant son couteau dans son cou. Elle va l'emmener ensuite vers sa petite cabane, et le dépecer une fois là-bas.

          Jenn est une des premières à être sortie de sa cachette. En effet, depuis toujours, elle rêve de liberté, et vit plutôt bien de devoir se débrouiller toute seule. Lors d'un bombardement, elle est ensevelie sous les décombres. Elle va se réveiller plusieurs heures plus tard, et réussit à sortir de sous les débris qui l'encombrait. Lorsqu'elle voulut rechercher sa famille, elle ne trouvera qu'un seul bras, inerte, dont le corps était sous les décombres. Douloureusement, elle s'était abaissée et avait tenté de prendre le pouls de la personne, qui était inexistant. Elle ne trouva personne d'autre et ses blessures étant douloureuses, elle se mit à la recherche de quelque chose qui pourrait la soigner. Elle avait une blessure à la tête ainsi qu'à la jambe, ce qui la fit boiter, et lui procurait une douleur à chaque pas. Elle savait qu'à quelques rues de là se trouvait une infirmerie, et espérait qu'elle n'avait pas trop été touchée par l'évènement. Après quelques minutes de douloureuse marche, elle arriva face à l'infirmerie. Elle était sens dessus dessous, mais encore en état. Le système de capteurs de mouvements de la porte n'étant pas en marche, elle dû user une grande partie de ses forces pour défoncer la porte avec une poutre trouvée dans la rue. La sueur dégoulinant sur son visage, elle rentre dans l'infirmerie. L'air y était moins chaud que dehors et elle ne put s'empêcher d'exprimer un léger soupir de soulagement. Puis elle alla rechercher des bandages, des antidouleurs, et de quoi se faire une attelle. Un bandage tout autour du front, les antidouleurs consommés, l'attelle installée, la béquille en main, elle s'apprêtait donc à sortir de l'infirmerie. Mais en jetant un dernier coup d'œil derrière elle, elle aperçut au fond de la salle une porte, un meuble en biais face à elle. Surement la raison pour laquelle elle ne l'avait pas aperçue plus tôt. Il ne fut pas très difficile de dégager le passage en faisant tomber l'armoire, un peu plus pour ne pas se la prendre. Elle ouvre la porte, et tombe face à des escaliers, qui semblent mener à une salle. Difficilement, elle descendit, et trouva face à elle un espace vivable, avec une famille ! Ils semblaient avoir résisté aux bombardements. Ceux-ci, tout de même méfiants, l'accueillirent à bras ouverts. Seulement, même si les gens étaient accueillants et n'en parlaient pas, elle n'allait pas devoir rester longtemps si les propriétaires voulaient survivre. C'est donc au bout d'un mois, une fois que sa jambe fut soignée, qu'elle dut partir. Elle le fit de son plein gré et en remerciant ses ex-hôtes, elle fit ses affaires et partit, vers la liberté qu'elle avait toujours souhaitée. C'est seulement ce qu'elle crut, car à présent que le monde était réduit à l'anarchie, plus personne n'était en sécurité.

          Elle se mit en marche vers une direction que les aimables gens lui avaient indiquée. Au bout de plusieurs heures, Jenn arriva dans une forêt. À l'entrée de celle-ci, les arbres étaient assez serrés, mais ils s'espaçaient au fur et à mesure que l'on avançait. Elle n'eut même pas à construire d'abris, une cabane abandonnée se trouvant non loin de là. Et pour ce qui est question de l'eau et de la nourriture, elle était non loin d'un lac, d'animaux et on pouvait trouver des baies un peu partout dans la forêt. Au fur et à mesure des jours, elle se construisit un arc, une lance en pierre et apprit d'elle-même à s'en servir. Elle passa donc quelques mois dans cette forêt, apprenant des tas de nouvelles choses sur la survie. Elle se sentait si bien... Personne pour lui dire quoi faire, aucune règle qui ne la restreignait, le paradis ! Mais un problème fit son apparition. Voilà bientôt trois années qu'elle s'amusait dans la même forêt qui est certes grande, mais facilement explorable. L'ennui et surtout la solitude se faisait sentir.

          Elle tuait alors sa dernière biche, la dépeçant puis en en faisant un repas avec un peu de viande et sécher le reste, espérant que cela se fasse rapidement. Heureusement, celle-ci ne prit que quatre jours à sécher. Une fois ce processus terminé et la viande prête à être conservés, elle mit celle-ci dans son sac et partit de la forêt. Non pas sans un pincement au cœur elle restait contente de changer d'environnement, de partir vers l'inconnu, de sortir de cette solitude qui avait commencé à la ronger. En courant, elle sortit de la forêt et traversa quelques centaines de mètres, un sourire d'excitation sur les lèvres, en hurlant au monde qu'elle allait découvrir. Un hurlement qui allait résonner dans le vide, et qui s'était fait entendre par tout le monde aux alentours. Enfin surtout les animaux, hein ! C'est ce qu'elle pensait... 

If we surviveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant