Chapitre 5 : Un monde meurtri

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          Thomas avait quitté la ville dans laquelle il vivait auparavant depuis déjà quelques temps. Voilà bientôt une semaine qu'il était sorti de son bunker et il n'avait vu personne. Il était à la recherche de vivres et surtout d'eau. Il lui en restait pour un jour, et n'avait pas trouvé l'ombre d'un lac. Tout ce qu'il avait vu était... Des ruines, encore et toujours avec des cadavres, des squelettes asséchés etc. Mais il ne perdait pas espoir, car il y'avait forcément quelques part, des gens qui comme lui avaient survécu à l'apocalypse. Le jour viendrait où il les retrouvera, et ce plus vite qu'il ne le pensait

         La nuit tomba, il arriva face à une église et celle-ci étant abimée, mais encore en état, il décida d'y passer la nuit. Auparavant, il était croyant et pratiquait régulièrement. Seulement, depuis le carnage il avait du mal à croire à un quelconque dieu mais y trouvait tout de même du réconfort en ses litiges. Il décida de ne pas manger et but juste un petit peu étant donné qu'il devait se rationner. Le soleil commençant à se coucher, il visita l'église qui était paraissait solide par rapport à la plupart des bâtiments qu'il avait vu depuis sa sortie. C'est alors qu'en la visitant, il trouva derrière l'autel une trappe. Une joie l'envahit, il l'ouvrit et aperçut des marches qui conduisaient à une porte blindée et ouverte. Il se rua vers l'intérieur mais ne trouva personne, seulement un énorme bunker. Les gens qui étaient ici sont partis et depuis quelque temps déjà. Mais à son plus grand bonheur, il trouva un peu d'eau et des vivres, pouvant le faire tenir quelque temps s'il se rationnait correctement. Assez content de sa trouvaille, il continua de fouiller le grand bunker, mais ne trouva rien de plus. Il passa la nuit dedans, une meilleure nuit que les dernières car à présent il savait qu'il n'était pas seul et qu'il devait se mettre à la recherche des gens qui étaient ici.

          Le lendemain, lorsqu'il se réveilla bien avant le lever du soleil, il continua de parcourir le bunker en recherches d'informations sur la direction des survivants. Après de longues recherches, il trouva des documents mentionnant un pèlerinage, écrit sur un papier écrasé par un débris de plafonds. Ils étaient à peu près dans le sud de la France et le pèlerinage semblait s'arrêter près de la région parisienne. Seulement, difficile de s'orienter dans un monde comme celui-ci... La nuit était toujours présente, pour peu de temps malheureusement. Il prit la carte qui indiquait la direction et il marcha vers l'étoile du berger, bien visible et indiquant le nord. Il se mit en route à une cadence assez rapide, voulant rattraper ce groupe avant qu'ils n'arrivent et qu'il perde leurs traces. Le soleil se levait avec lenteur pendant qu'il continuait sa marche dans la direction qu'il avait commencée.

***

          Après plusieurs jours de marche, il n'y avait toujours pas de groupe en vue. La nuit il s'assurait qu'il allait toujours dans la bonne direction. Il avait trouvé à plusieurs reprises des traces de leur passage, comme des miettes de nourriture fraîche ou encore des petits objets surement tombés durant leur marche. Il faisait à présent une pause, qu'il effectuait deux à trois fois par jour, dormant environ quatre heures par nuit. Trouvant cela de plus en plus étrange de ne trouver personne, il lui arrivait de jeter des coups d'œil dans les ruines, sans rien trouver. En même temps, il passait la plupart de son temps dans les villes détruites, un paysage auquel il était habitué de voir, ne passant pas ou rarement par d'autres endroits dans lesquelles il pourrait tomber sur de mauvaises surprises. Après sa pause, il se remit en marche. Une marche qui commençait à être fatigante et éprouvante, étant donné qu'il ne faisait que très peu de pauses et que celles-ci étaient courtes... Il n'avait plus vingt ans, même s'il était encore jeune du haut de ses trente-sept ans, son corps n'avait plus la même performance qu'auparavant. Pendant qu'il réfléchissait à cela, son cerveau capta un bruit qu'il n'avait pas entendu depuis quelque temps. Il se concentra alors dessus, et reconnut celui-ci. Des voix ! Elles étaient certes un petit peu éloignées, mais il les entendait ! Son regard s'illumina, et il courut alors vers le bruit. Slalomant entre les bâtiments en ruine, il arriva au bout d'une dizaine de secondes de courses face à deux personnes qui semblaient être un couple. Des larmes ruisselaient sur leurs joues et la jeune femme semblait tenir dans ses bras un enfant, d'une dizaine d'années. Thomas restait abasourdi par la scène cauchemardesque qui se produisait sous ses yeux. Il avança légèrement un pas, puis un deuxième vers eux. Ses pas se firent entendre, et les deux jeunes gens tournèrent la tête. L'homme se leva en serrant les dents, et vint prendre par le col Thomas. Toujours en pleurant, il s'exclame :

—Tu es avec eux ?! T'es un de ces enfoirés qui ont tué mon fils ?!

          Thomas, encore sous le choc, bégaya :

—Je... Je ne vois pas de qui vous parlez, je...

          L'homme leva son poing pour le frapper, et la femme s'exclame :

—Arrête ! Il ne semble pas mentir, et assez de personnes ont souffert aujourd'hui...

          Il tremblait, en fixant dans les yeux celui qu'il tenait dans les mains, puis le lâcha et retourna vers le cadavre de son fils, silencieusement. Thomas défroissa son gilet et se rapprocha d'eux. Il vit alors le petit garçon allongé dans son propre sang avec un trou béant dans la poitrine. Il voulut dire quelque chose, mais jugea plus sage d'attendre.

          Quelques minutes passèrent, au bout desquelles le père prit alors une pelle qui devait être la sienne, et commença à creuser non loin. Une fois un trou creusé, il mit le cadavre de son fils. Puis avec sa femme, ils recouvrèrent le corps. Thomas observait toujours avec effroi cette scène. Puis il se rapprocha d'eux et déposa ses mains sur leur épaule, voulant les réconforter. Ceux-ci ne dirent rien et de longues minutes passèrent, après lesquelles Thomas recula et demanda.

— Qui sont ceux qui ont fait ça ?

          Toujours en fixant la tombe de fortune qu'ils avaient faite, la femme répondit d'une voix sèche :

— Des pilleurs.

— Ah... C'était la première fois que cela vous arrivait ?

          Elle se tourna vers lui, intriguée :

— Pourquoi cette question ?

— Et bien... Car je n'ai vu personne avant vous.

— Nous n'avions vu personne non plus auparavant.

          Ensuite, un lourd silence s'installa. Tous étaient attristés par cet évènement. Après une trentaine de secondes qui parurent une éternité, Thomas sortit de la viande séchée de son sac et la donna au couple. Ceux-ci le remercièrent et ils s'installèrent pour manger au sol. Ils firent connaissance alors, chacun eut dit son nom ; la femme s'appelait Estelle et l'homme Léon, âgés respectivement de vingt-six et vingt-sept ans. Ils avaient survécu à une tornade grâce à leur sous-sol, qui contenait un abri anti-tornades. Thomas parla de son bunker et du groupe qu'il cherchait à rejoindre. Il invita les deux autres à le suivre, mais difficile pour eux de rejoindre la religion après ce qui leur était arrivé à eux, et à ce monde. Thomas avait beau être du même avis, survivre parmi un groupe était plus sûr que tout seul. Le couple devait surement le savoir, mais ce qui les retenait de le suivre était l'envie de venger leur enfant. Ce qui était totalement compréhensible, d'autant plus que dans ce monde il n'y avait ni loi ni gouvernement, c'était l'anarchie des plus totales, les criminels resteront donc impunis sauf s'ils les punissaient d'eux-mêmes. Ils passèrent la nuit ensemble et le lendemain décidèrent de se séparer. Le couple partirait vers l'ouest, en direction de la mer, et Thomas continuerait son chemin.

          A peine furent-ils séparés que Thomas entendit des coups de feu. Il eut alors un mauvais pressentiment et courut vers le bruit. Une fois arrivé, il vit un homme qui pointait son pistolet fumant droit devant lui, et Léon, l'homme qu'il avait rencontré la veille, avec un trou dans la poitrine, qui s'écroulait au sol. Il n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir qu'il faisait partie du groupe qui avait tué le gamin la veille. Estelle prit dans ses bras le corps de son mari, pendant que l'homme en face d'eux pointa la tête de la femme avec son arme. Paralysé par la peur, Thomas ne put sortir la sienne pour la protéger. Il n'en eut pas vraiment besoin. Le criminel qui tenait son arme tremblait, et semblait regretter son acte. Il partit alors en courant, laissant son arme tomber derrière lui. Thomas voulut dire quelque chose, la consoler, mais la jeune femme lui fit comprendre avec son regard qu'il devait partir cette fois. Qu'il n'y avait plus rien à faire pour elle. L'homme partit en courant, laissant les larmes couler le long de ses joues. Un tas de questions fusèrent dans sa tête, dont il ne trouvait aucune réponse. Etait-ce donc ce monde dans lequel il était condamné à vivre ? Combien d'innocents comme ces jeunes gens allaient mourir ?

If we surviveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant