Nirvana; Smells like teen spirit

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Jonas vivait une torture. Deux ans le séparait de leur dernier contact et pourtant, la culpabilité parvenait toujours à s'éveiller dans ses veines. Cléo virevoltait au centre de l'immense pièce, aux bras de son mari et, à la table d'honneur Alistair murmurait quelques mots doux à l'oreille d'une Rose resplendissante. Dans le fond, Jonas se sentit légèrement égoïste d'avoir souhaité, espéré ne serait-ce qu'une seconde qu'elle partage sa solitude et sa peine. Mais, une autre part de lui-même éprouvait une certaine joie et fierté de la voir épanouie et, de savoir que ses rêves et ambitions devenaient réalité au fil des années. Il s'accroupit et photographia le couple de la soirée sous plusieurs angles, qu'il jugea globalement satisfaisants. Une silhouette se planta à ses côtés, les mains engoncées dans les poches de son pantalon noir de costume. Jonas leva un oeil interrogateur vers Henry, un ancien ami de lycée. 

- Je te plains sincèrement, mon vieux. Ça doit être un vrai coup dur de voir la femme que l'on aime filer le bonheur parfait avec un homme qualifiable de parfait selon les critères féminins et suivre les pas d'un avenir sans fausse note.

- Si tu pouvais cracher ton venin sur quelqu'un d'autre, j'apprécierai, j'essaye de faire mon boulot correctement, grogna Jonas en capturant un énième instant dans son appareil photo. 

- Crois-moi, ton appareil photo sera toujours là après ce mariage, elle en revanche, elle repartira en Angleterre dès que son amie aura mit les voiles en direction de son voyage de noces.

Henry haussa les épaules, affligé par le manque de réaction de son camarade puis retourna aux côtés de sa fiancée, à la table voisine. Les paroles du jeune homme trottèrent longuement dans la tête de Jonas; telle une litanie qui ne quitte plus son esprit. Il orienta son appareil photo en direction de Rose et de son compagnon et appuya sur le déclencheur. Une beauté naturelle se dégageait toujours de la jeune femme; un grain de malice qui se transformait en maturité au fil du temps. Il se souvenait de ces quelques fois où elle l'autorisait à voler un cliché de sa personne.


L'envers du décorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant