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Les heures passèrent et pourtant l'appartement retenait toujours cette odeur immonde, Jeremy n'en pouvant plus se leva du canapé et partit ouvrir les fenêtres de la cuisine. Il tourna le tête prêt à appeler Julien mais son visage se figea, ses lèvres restèrent closes et ses paupières s'abaissèrent tristement. Il remarqua la bouteille d'alcool vidée laissée par son propriétaire sur le plan de travail. Il s'en saisit et la replaça à côté de l'huile. 

Il a bu? 

Question rhétorique. 

Évidemment que Julien avait bu, évidemment. Mais devait-il s'inquiéter ? Ce n'était pas la première ni la dernière fois. Julien était adulte et devait savoir gérer ses limites, Jeremy n'avait pas à lui faire la morale, surtout pas à lui. Julien détestait qu'on lui reproche ses "plaisirs de vie" comme il les appelait, Jeremy lui avait plutôt tendance à les nommer "coma éthylique" et "futur cancer". Julien était maladivement dépendant, c'était réellement problématique pour sa santé.

Jeremy baissa les yeux, impuissant. Faire un commentaire c'était l'assurance d'avoir le droit à un scandale de sa part et sa nuit ayant été écourtée il n'avait pas forcément envie de se brouiller avec lui. 

Tant pis. 

La voix singulière de Julien s'échappa de la petite chambre située à l'autre bout de l'appartement. 

- J'ai terminé, t'as les clefs de la caisse ? 

Julien revint habillé plus chaudement, son bonnet lui aplatissant ses longs cheveux blonds détachés.

- Ouais ouais t'inquiète.

Jeremy leva la tête vers l'horloge du salon, elle indiquait 14h23. 

La pièce s'emplissait d'une atmosphère chaleureuse, de cette douce chaleur d'automne qui vous sauve de la nature qui se meurt et du temps qui se refroidit. Le temps se figea et tandis que Julien sortait en direction du petit ascenseur, Jeremy lui fixait les faisceaux lumineux qui traversaient les rideaux. Une tasse de café trônant sur le petit meuble à côté du vieux canapé en cuir, les magazines découpés jonchant sur le sol, le cendrier encore fumant. 

Tout ça lui était si familier. Les objets semblaient avoir été disposés volontairement, une véritable toile de nostalgie. 

- Ah putain ! 

Jeremy sortit de sa transe hypnotique et se tourna vers son compère. 

- Quoi ? 

- Dis t'as de la batterie sur ton téléphone ? 

Jeremy alluma son portable qui laissa apparaître son fond d'écran Mario 64.

-6%.

Julien souffla.

- J'en aurais peut-être besoin pour la route. 

Jeremy le rejoignit aussitôt dans le couloir. 


Le début du trajet se déroula sans accro, Julien avait insisté pour conduire et Jeremy ne s'y était pas opposé. Sa mine livide reprenait petit à petit des couleurs et l'odeur d'alcool se dissipait progressivement, l'appréhension de Jeremy se terra. Julien bâilla d'un geste las et Jeremy l'imita avant de fermer les yeux. Sa respiration lente était rythmée par le bruit de la radio, plus les chansons défilaient rapidement et plus Jeremy se laissait guider dans les bras de Morphée. Son doux sommeil fut interrompu par un bruit sourd et un juron d'une voix qui lui était bien trop familière. Il releva la tête et essuya le petit filet de bave coulant le long de sa longue -mais néanmoins soigneuse- barbe. 

Le tordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant