À la folie...

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— Tu ne veux jamais rien faire ! Est-ce que tu m'aimes pour de vrai au moins ?! m'exclamais-je, rongée par la colère.

Il resta silencieux, le regard fixé sur ses doigts qui se trituraient nerveusement entre eux.

Je me levai, furieuse et quittai la chambre sans un mot. La mère de Cem m'appela lorsqu'elle me vit passer mais je ne répondis pas et laissai la maison de la famille Lambert.

Le soleil de juillet m'éblouit et me fit automatiquement plisser les yeux. En arrivant chez moi, je montai directement dans ma chambre pour récupérer mes écouteurs et redescendis pour me poser dans le jardin. Je m'allongeai en prenant une longue inspiration, laissant évacuer tout le stress.

Mais un objet vola, effleurant de quelques centimètres mon visage et me faisant sursauter. Je pausais la musique sur mon portable et me tournais vers les grande haies qui entouraient le mini jardin de la maison. J'eu un hoquet de surprise en apercevant la tête d'un garçon.

— Enfin ! Ça fait vingt fois que je t'appelle !

— T'es qui ? demandais-je en me redressant, méfiante.

— Je te retourne la question.

— C'est pas moi qui entre par effraction dans le jardin des autres, répliquais-je.

— On s'est déjà croisés au lycée.

— Et ?

— Et c'est tout, dit-il en enjambant la haie, sous mes yeux hallucinés.

Ce garçon est complètement taré ma parole !

— Ça va pas non ?!

— Déstresse, fit-il calmement en s'allongeant à côté de là où j'étais moi aussi, quelques secondes plus tôt.

Je soupirais, profondément saoulée par le monde entier. Je me rallongeais, à bout de patience.

— Alors, tu t'appelles comment ?

— Lys.

— Oh, c'est pas un arbre ça ?

— Non. C'est une fleur.

— Ah.

— Et toi ?

— Evan.

Je sentis son regard peser sur moi et me tournai en sa direction.

— Quoi ? demandai-je.

— Rien.

— Pourquoi tu me fixes ?

— T'es belle, c'est tout.

Je rougis en me levant pour tenter de cacher ma gêne.

— Tu veux quelque chose ? interrogeai-je en pénétrant dans la maison.

Je n'entendis pas de réponse et pris cela pour un non. J'ouvris le frigo pour me servir un verre d'eau fraîche et en refermant la porte, je me retrouvai face à l'étrange inconnu. Son visage a quelques centimètres du mien. Je m'écartais vivement alors qu'il saisissait mon verre pour en boire le contenu.

— Mais à quoi tu joues ? fis-je, troublée.

Il déposa le verre sur le comptoir comme si de rien n'était.

— Moi ? Je ne joue pas.

Mes yeux rencontrèrent les siens, et pour une fois, je n'eus pas à baisser le regard comme je le faisait souvent devant l'intensité des pupilles de Cem.

Je ne sais pas ce qui m'avait pris, je jure que je ne voulais pas...

Prise d'un élan de je-ne-sais-trop-quoi - peut-être de rage, de colère ou bien peut-être juste d'envie - ma main rencontra sa nuque pour le pousser à m'embrasser.

*

— Je t'ai trompée.

— Quoi ?

Cem me fixa intensément, comme il le faisait si souvent. Non, ce n'était pas vrai. Je ne pouvais pas y croire. Cem ne me ferait jamais ça. C'était une mauvaise blague.

Moi je l'avais fait.

— Je ne te crois pas.

— Je t'aime, je suis désolé Lys.

Cette fois c'en était trop. Je sais que moi aussi je l'avais fait, moi aussi je l'avais trompé et n'avais même pas le courage de lui avouer, mais de savoir que lui, Cem, le garçon timide, invisible, que personne ne repère, m'ai trompée était beaucoup trop dur à encaisser. Pas parce qu'il était invisible, au contraire. Il ne suffisait pas d'une discussion pour se rendre compte de la personne merveilleuse qu'il était. Il en fallait du temps. Et je pensais être la seule qui réussirait à percer sa carapace. Mais visiblement, ce n'était pas le cas. Visiblement, une autre fille l'avait fait.

— C'est pour ça que tu étais distant ces dernières semaines ? C'est pour ça que tu disparaissais pendant des heures sans même laisser un quelconque message pour me prévenir ? Comment j'ai fait pour ne pas voir ça...

Il ne dit rien, comme s'il encaissait lui-même ce qu'il venait de me dévoiler.

Mais je ne parvînt pas à me contrôler bien longtemps, car bientôt, mes émotions reprirent le dessus. Je m'assis sur le lit à côté de Cem et éclatai en sanglots. Il me prit dans ses bras, s'excusant un million de fois.

— Je t'aime Lys.

Mon cœur souffrant s'accéléra soudainement. C'était la première fois que ces mots si puissants traversaient le bout de ses lèvres. Du moins, la première fois qu'ils m'étaient destinés.

— Moi aussi je t'aime. On va passer au-dessus de ça.

CemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant