Maria Nightingale

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[30 Octobre de l'an 1924, Manoir de la famille Nightingale,10:26]


Je descends les escaliers, enveloppée dans ma robe de chambre avec mes pantoufles aux pieds, je cours. J'ouvre la grande porte d'entrée du manoir. La brise du vent me fouette le visage de plein fouet faisant voler mes longs cheveux roses. Mes yeux rouges observant le moindre signe du carrosse censé ramener mon père de son séjour à la capitale.

- Mademoiselle!!Mademoiselle Nightingale!! S'exclame ma servante en arrivant derrière moi.

Josie, ma domestique, descend les marches devant la porte d'entrée pour me rejoindre. Elle se met devant moi avant de fermer correctement ma robe de chambre.

- Maitresse, je vous ai déjà dit de ne pas sortir dehors dans ce genre de tenue ! Vous allez attraper froid!Pensez-vous à votre mariage ?

-Mais Josie, Père est rentré ! M'exclamai-je avec enthousiaste.

- Vous auriez dû vous vêtir mieux avant de vous présenter ainsi devant votre père Mademoiselle !

Je ne l'écoute pas, concentré à ne pas perdre le carrosse des yeux.Une fois à ma hauteur, le valet ouvre la porte tandis que mon Père y sort.

- Maitre Nightingale... Prononce doucement Josie en s'inclinant.

Edward Nightingale. Mon père, chef de la famille Nightingale, la plus puissante famille d'aristocrate du pays d'Edora, après la royauté bien sûr. Regard perçant, léger sourire aux lèvres, mon père me salue, n'osant pas me regarder plus avant d'entrer dans le manoir.

Je le regarde rentrer, surprise. Cela fait 2 mois qu'il est parti au pays de Rimancia pour négocier avec la famille Tirnunday, la famille de mon fiancé. Voilà deux mois que je meurs d'ennuis dans ce manoir et le voilà enfin de retour. Aucun sourire ?Aucune embrassade ? Le père de mon fiancé aurait-il annulé nos fiançailles?

Je tourne les talons, m'engouffrant à mon tour dans le grand manoir.


[30 octobre de l'an 1924, Manoir de la famille Nightingale,14:34]

Je sors de ma chambre, habillé de ma longue robe rouge avant de me regarder dans l'un des grands miroirs ornant les couloirs. Mon visage ne ressemble pas à celui d'une enfant, j'ai le visage de ma mère, un visage mature. Je ressemble d'ailleurs beaucoup à ma défunte mère. De longs cheveux roses encadrant mon visage faisant ressortir la couleur rouge de mes yeux. Une petite taille, un corps mince et des courbes déjà apparentes. Ma voix et ma façon d'être ressemble aussi beaucoup à la maîtresse de maison. Pourtant, je n'ai seulement que 13 ans, mais je suis son portrait. Le portrait d'Elisabeth Nightingale, la maîtresse de maison, décédé d'une maladie à mes 10 ans.

Que l'humain peut-être faible... Mourrant à la moindre maladie, au moindre choc,à la moindre blessure. Malheureusement, je tiens aussi d'elle pour ma race. Un simple humain. Toute la famille Nightingale est humaine d'ailleurs. Une famille humaine qui a su grimper les échelons grâce à mon arrière-grand-père, voilà la principale raison du respect qu'on nous donne.

Je soupire et descends les escaliers avant de me diriger vers le grand salon. Sur le chemin m'y menant, je surprends la discutions que mon père entretient au téléphone.Surprise, je me stoppe et reste derrière le mur, écoutant sa conversation.

- Les diagnostiques du médecin ne sont pas faux Peter. Oui, je sais...
Soupire mon père. Tu rigoles ! Je préfère mourir sur le champ de bataille que de la maladie qui a emporté ma femme!! Tu ne pourras pas m'y empêcher ! Bien sûr que je pense à Maria! Mais la lettre de l'armée me demande sur le front, je ne peux pas reculer de nouveau ! Cette fois, ils viendront me chercher....

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Une lettre, la guerre, la maladie de mon père... Tout s'embrouille... Cela ne peut pas être réel... La lettre.... Je dois trouver la lettre!!!

Je me mets alors à courir, me débarrassant de mes talons qui me ralentissent, je monte les marches deux par deux et pénètre dans le bureau de mon père.Je fouille alors son bureau, chaque tiroir, chaque papier qui s'y trouve, chaque recoin de la pièce. Père ne doit pas partir, père ne peut pas partir.

Je cherche en vain. Je ne trouve pas cette lettre. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il y a trop de papier ici et peut-être que j'ai mal interprété la discutions de mon père avec cet homme ? Alors que je m'apprête à sortir du bureau, persuadé que mon interprétation était mauvaise, j'aperçois, dans la poubelle, une lettre marquée du sceau royale. Je n'avais pas faux,j'ai vu juste.


Je prends la lettre, sors le papier de l 'enveloppe et la parcours du regard.

Cher Edward Nightingale,

En vue des nombreuses années de bataille successive avec le pays de Nevada, nous vous demandons de rejoindre le camp de remise à niveau pour que vous puissiez rejoindre nos rangs. Nous vous remercions de vous présenter le 1er novembre au camp se situant à ##########.

N'oubliez pas, Edora gagnera si vous vous battez avec nous pour votre pays, la fuite n'est pas une option.Prenons les armes Edoriens!

Cordialement, le général Hunter.


Tous s'enchaînent si vite... Je laisse tomber la lettre au sol. Mon père est demandé au front.... Même une jeune fille de 13 ans peut comprendre ce que cela signifie. La guerre est synonyme de mort et je viens d'apprendre que mon père n'a pas la santé pour y aller.

Alors pourquoi douter ? Ce jour-là, j'ai retiré ma robe, dis adieu à ma fortune avant de prendre les armes et de partir. 13 ans n'étaient pas grand chose. Je ne connaissais rien à la guerre. Mais ma destination était ce camp d'entraînement où je devais rester 6 mois.

On ne peut pas être heureux toute sa vie. Un jour ou l'autre, un malheur nous tombe dessus. La guerre a été mon malheur. Maria Nightingale, fille unique d'une grande famille d'aristocrate d'humain. Fille de la défunte Elisabeth Nightingale et du grand Edward Nightingale.


Comme toujours,il ne suffit que d'un détail pour que la richesse, la puissance et la belle vie nous filent entre les doigts et dérive en cauchemar...

Them, Me And UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant