Gotai Yilmaz

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[21 mars de l'an 1925, terrain extérieur, 10:17]


La mort.... Un sujet compliqué pour les mortels. On aura beau dire que la mort ne nous effraie pas, une fois en face d'elle, on tremble de tous nos membres sans savoir quoi dire. Quel est le problème ? Nous sommes tous humains, homme ou femme, la mort est effrayante. Du moins, elle l'est quand on ne sait pas ce qu'il y a derrière.

Tout le monde nous regardait et moi, la seule chose que je regardais était mon adversaire. Une femme, bien plus jeune, plus petite et plus frêle que moi.

Moi, le géant, face à Maria l'aristocrate.Pourtant, elle n'avait pas peur, elle me souriait et me fit signe de m'approcher.

[21 mars de l'an 1925, terrain extérieur,10:25]

Elle était au sol, transpirant et reprenant son souffle, personne ne parlait. Elle avait perdu et j'avais gagné.

J'aurais pu rire et savourer la victoire, mais je ne l'ai pas fait. J'étais le premier à la vaincre et j'en étais fière.

Le général du camp arriva et on se tut tous. Maria se releva et l'homme s'approcha d'elle avant de sourire.

- Maria, vous êtes quelqu'un de très doué! Au vu de votre expérience au combat, j'ai quelque chose à vous proposer.Suivez-moi.

Maria le suivit en acquiesçant.

Une fois partit, personne n'osa parler. On se regardait tous dans le blanc des yeux sans savoir ce qu'on devait dire ou faire. Finalement, c'est un jeune homme à la peau mate qui prit la parole.

- On va pas rester à se fixer comme ça ! Moi, j'dis, allons à la cafet !Y'a des lasagnes aujourd'hui !
S'exclame le jeune homme.

Un sourire apparut sur le visage de chacun et petit à petit, je restai le seul, debout, au milieu du grand terrain d'entraînement.

Ce que voulait le général... Je le sens mal.


[8avril de l'an 1925, grande pièce, 7:15]

Nous étions tous en ligne attendant les instructions de notre général.Une annonce tard la veiller nous avait annoncé que les escouades pour le jour J seraient annoncées. Les majors de promo finiront sûrement chef d'escouade tandis que les autres feront les larbins.Je suis sûrement un des plus fort alors je serai chef d'escouade.Pas un larbin à écouter.

- Écoutez moi bien maintenant!! Placez-vous en colonne derrière votre chef d'escouade!!Et ne me faites pas répéter!! Cris le général pour qu'on entende.

Un major puis son escouade se faisaient appeler. Les escouades étaient constituées d'un chef et de 3 soldats. Dans une équipe, nous devions avoir de tous. Des personnes capables de soigner, une autre de se défendre, une autre pour la stratégie et enfin pour l'attaque. Les groupes étaient mixtes, pas de différence de sexe, nous étions égaux pour cette guerre.

Les escouades étaient en colonne et elles étaient presque toute formé. Mon nom devrait bientôt arriver.

- L'escouade 7!! Chef d'escouade ! Lieutenant Maria Nightingale !

Lieutenant ?

- Membre!! Soldat Alim Vindred!! Soldat Oria Indrad ! Soldat Gotai Yilmaz!! Escouade 8!!Chef... Continua le Général.

Tout devint silencieux autour de moi. Mon nom avait été appelé... Soldat Gotai Yilmaz. Sous les ordres du lieutenant Maria Nightingale... J'étais le larbin qui devait obéir aux ordres... Mais elle était plus faible, je l'avais battu ! Et le général l'avait vu ! Pourquoi?! Pourquoi je ne suis que le soldat Yilmaz?!

- J'ai dit que je ne répéterai pas!!Soldat Gotai Yilmaz!! Dans ton escouade!! Cria de nouveau mon supérieur.

Je regardais le général. Aucun mot ne sortit de ma bouche tandis que je me dirigeais pour me mettre derrière Oria, une femme dans mon escouade...

Ce jour-là, j'aurais parié que je ne saurais pas un larbin. Que je serais chef. Mais au fond, Maria était plus compétente pour ce poste. Et j'ai appris par la même occasion qu'on trouvera toujours plus fort que soit. Que jamais on ne sera supérieur à un autre. Bravo Nightingale. Tu m'as battu.


[2Mai de l'an 1925, salon de l'escouade 7, 21:32, 1 jour avant l'affront]

- Mais merde tu veux pas m'écouter?! Criai-je, énervé.

- Je t'ai écouté Gotai et ton idée est mauvaise ! On suit mon plan et ma stratégie! Renchéris Maria.

- Vous pouvez pas vous calmer les gars? Essaye de dire Alim entre nos cris.

- La ferme Alim!! Mon idée est bonne Maria ! Tu n'as juste pas les compétences de l'appliquer !

- Je suis la chef d'escouade!! Pas toi ! On suit ma stratégie et mon plan !

- Bien! Suis ta stratégie alors!! Va bien crever là-bas!!

Je partis en claquant la porte de notre lieu commun, énervé. Maria n'en fait qu'a sa tête. Incapable d'écouter les autres. Nous sommes un jour avant l'affront. Mon plan était juste, mais elle ne veut rien entendre. Elle n'est qu'une simple humaine, ne l'oublions pas.Demain, elle mourra comme les autres.

***
Je fixe le plafond,allongé sur le dos dans mon lit. J'écoute les respirations de mes camarades de dortoir. Après réflexion, je ne veux pas qu'ils meurent. Et un homme ne devrait jamais dire ce genre de chose.Pendant ces 1 mois d'entraînement à leur côté, j'ai appris que Maria avait ces raisons d'être chef. J'ai aussi appris qu'on pouvait s'entendre avec des personnes, et rigolait avec elle. Et par-dessus tout, j'ai appris que manger un gâteau seul semblait bien triste contrairement à en partager un avec ses amis... Ah... Je suis allé trop loin. Demain, j'irais m'excuser.

[3 mai de l'an1925, frontière entre le Nevada et Edora, 12:02]

Ses larmes coulaient à flots. Je l'entendais sangloter. J'entendais aussi ses battements de cœur irréguliers. J'entendais tous.J'entendais le sang, les cris, le cœur silencieux de mes camarades et les pleurs de Maria.

Ce matin, je voulais m'excuser... Mais ma fierté a tous foutu en l'air... Maintenant, allongé, à deux doigts de la mort, à la porte de rejoindre Alim et Oria, les sanglots de Maria m'ont fait regretter... Ma fierté a tout foutu en l'air et quelle ironie ! Alors que je souhaitais la mort à mon chef d'escouade, c'est moi qui meurs à la place... Au côté d'Alim et Oria...

J'aurais aimé m'excuser avant de mourir. J'aurais aimé lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. En réalité,j'aurais aimé un jour manger des gâteaux dans un café, a l'abri de la guerre, juste Maria, Oria, Alim et moi. Parce que je n'ai jamais voulu me battre. Je n'ai jamais voulu mourir. Et je n'ai jamais voulu la mort de Maria.

Alors le 3 mai, mon existence d'humain s'est achevée. Le 3 mai 1925, à la frontière entre le Nevada et Edora,sur un champ de bataille couvert de cris et de tir... Où la seule odeur était le sang... Une jeune femme à la chevelure rose était accroupie, en larme, au milieu de trois cadavres. Les corps de ses seuls amis.

Le jour où on se reverra Maria... Je m'agenouillerai devant toi et seuls deux mots sortiront de ma bouche."Pardonne moi..."

Them, Me And UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant