II

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J'enfonce un peu plus mes écouteurs dans mes oreilles, le son si fort que je n'entends rien du la vie qui m'entoure. Le temps s'est légèrement adouci. La pluie a laissé place à d'épais nuages qui filtrent les rayons timides du soleil, tandis que les routes sont encore humides ces précédents jours pluvieux.

Je rejoins la fac à pied, alors qu'un attroupement d'élèves bouchent l'entrée. Je suis à la recherche de mon groupe d'amis et repère d'abord le plus grand de tous, celui qui fait chavirer mon coeur.

– Ah, te voilà enfin, dit Lye quand elle me voit approcher, me frayant difficilement un chemin entre la foule.

Ils se tournent tous vers moi et je tente tant bien que mal d'éviter son regard. Il m'ouvre le cercle et passe son bras autour de mes épaules. Il retire un écouteur pour écouter ma musique. On reste un moment-là, qui ne semble appartenir qu'à nous deux. Puis, comme à son habitude, il vient tout gâcher lorsqu'elle finit par arriver à son tour, la dernière, la plus scintillante. Il me lache rapidement, l'écouteur s'écrasant sur mon bras, pendant ainsi dans le vide et il me tourne le dos, pour lui apporter toute son attention. Moi je ne dis rien, m'enfermant à nouveau dans ma bulle, pour la énième fois déçue. Il se met à glousser stupidement avec elle et les écouter me donne la nausée tant c'est douloureux.

– Tu m'écoutes, me dit Lye, me poussant de l'épaule. On sort ce soir, ça te tente ?
– Non, ça ne la tente pas.

Le voilà, qui intervient, pour ne pas changer, comme s'il avait un droit de parole sur tout ce qui me concerne.

– Outre sa fâcheuse possession, ça me tente, je serais là.
– Dans ce cas, before chez moi, j'ai le plus grand appartement.

Son attention revient sur moi et il me lance ce regard colérique qui lui correspond si bien. C'est dans ces moments-là qu'il se met à ruminer, et qu'il devient désagréable avec à peu près tout le monde. J'aime ces instants-ci car il ressent ce que je ressens et cache en permanence. Ce qui me fait souffrir quand il est question de sa petite personne.

– Arrête de me lancer ces regards assassins tu veux.
– Je ne veux pas que tu...
– Arrête de jouer avec moi Felix. Ta stupide et énième conquête s'ennuie, occupe-t'en.

Je le plante, tandis qu'il me regarde partir sans rien dire. Je l'entends simplement jurer dans mon dos avant d'augmenter de nouveau au maximum le volume de ma musique. Je rejoins l'amphithéâtre seule, mais le groupe finit par me rejoindre et il vient s'assoir à côté de moi comme si de rien était. Il fait toujours ça, depuis toujours. Il ignore ce que je dis, il ne comprend pas.

Il récupère à nouveau un écouteur et cette fois-ci, il contrôle la musique et moi, je ne dis rien, tellement amoureuse que je préfère l'avoir à mes côtés et souffrir à en crever plutôt que de m'engueuler avec et l'ignorer.

etat limiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant