– C'est récent, tu l'as fait quand ?
– Dans la semaine.Il se redresse et j'observe son corps nu se tendre et j'ai presque du mal à croire que l'on ait cette discussion dans un tel moment.
– Pourquoi ?
– A cause de toi.
– Arrête de me dire ça, c'est pas drôle.Je regarde mes poignets scarifiés, les cicatrices fraiches, la peau fragile et rouge, la peau plus cicatrisée, les marques un peu plus profondes et douloureuses.
– Je les sens à chaque fois que je te touche.
– Ca te dégoute ?
– Tu m'inquiètes.
– Ca fait mal de t'aimer, je te l'ai dit.Son visage change d'expression et il me regarde de travers.
– Arrête de dire des conneries putain. Je me casse.
Je le regarde quitter le lit, silencieuse. Pourtant intérieurement, mon coeur hurle. J'aimerais lui crier dessus et être celle qui le rejette, mais je me contente de le regarder enfiler ses fringues sans dire quoi que ce soit. Il se tourne vers moi et me regarde, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose. Encore une fois, ses yeux parlent pour lui. Il est blessé, et inquiet pour moi. J'aime savoir cela.
– Ferme la porte derrière toi quand tu pars.
Puis il s'en va, sans un mot de plus. Je me retrouve seule dans ce lit, sans lui.
Mon corps se vide de toute émotion et des larmes coulent sur mes joues, tandis que je me mets à rire nerveusement, contre mon gré, sur un coup de tête, que j'aurais pu éviter, si j'étais sous traitement. Je me dirige spontanément vers la salle de bain, à la recherche d'un rasoir, ou du moins de la lame qui le compose. Je m'assois sur le carrelage glacé, contre le mur.
– Je n'ai pas peur.
Je sers les dents lorsque j'enfonce la lame dans la peau frêle de mon poignet et c'est fascinée, à chaque fois, que j'observe la facilité de celle à séparer ma chair en deux, sous un coup léger.
Le sang se met à couler abondamment. Mon regard divague contre mon gré, je vois flou et tombe finalement dans les pommes.
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etat limite
عشوائيparfois, l'amour nous rend plus malade que nous le sommes déjà. lorsque tout devient synonyme de souffrance, s'en prendre aux autres est la seule solution pour se protéger. aimer souffrir et faire souffrir.