Pourquoi avez-vous fait ça ?

498 42 5
                                    

Elenwë se receptionna sur le dos d'un aigle, et accrocha ses mains à son plumage doré. Sa cape noire contrastait avec l'oiseau, et à l'Est, le soleil apparaissait, peu à peu.

L'elleth observa ses compagnons. Ils étaient tous saufs, dans la même posture qu'elle.
Seul Thorin pendait misérablement entre de puissantes serres. Son épée reposait à ses cotés, et un liquide rouge masquait son œil.

La jeune fille s'inquieta légèrement de son manque de reaction, et croisa le regard rassurant de Gandalf. Elle soupira, songeant qu'ils avaient échappé au pire.

Après une longue heure à observer les paysages qui défilaient sous elle, les aigles amoncelèrent une descente. La compagnie se plaqua contre leur corps chaud, pour éviter de tomber.

Quand les oiseaux se posèrent doucement sur l'herbe, l'elfe se laissa glisser sur le côté. Elle mit sa main sur son cœur, et la tendit vers l'oiseau. Ce dernier baissa la tête en signe de respect, et suivit ses congénères dans le ciel.

Thorin se retrouva entouré des siens, avides de lui venir en aide. Il se redressa maladroitement, et chancela. Ses neveux passèrent ses bras sur leurs épaules, mais il les repoussa.

Il s'avança vers Elenwë, qui attendait un peu à l'écart. L'elfe ne sut à quoi il pensait, car il gardait un visage impassible.

- Vous ! L'accusa-t-il. Pourquoi avez-vous fait ça ?

Tandis que la jeune fille haussait un sourcil, indifferente aux remontrances du nain, Kili se rapprocha de lui.

- Mon oncle, plaida-t-il, miss Elenwë n'a fait que vous sauver la vie.

- Elle aurait pu mourir ! Que serait devenu la compagnie sans elle ?

L'elleth resta éberluée par cette déclaration. Enfin, Thorin semblait accepter sa présence. Elle sourit au magicien, qui arborait déja un air victorieux.

- Et si vous, vous étiez mort ? Contra-t-elle.

- Je serai mort, et la compagnie aurait continuer son chemin.

- Thorin, vous etes le fils de Thrain, héritier du trône d'Erebor, descendant de la lignée de Durin. Sans vous, cette quête n'aurait pas eu de sens, bien plus que si je n'étais plus.

Les mots doux de l'elfe firent s'illuminer les yeux du nain d'un éclair étrange.

- Vous êtes une elfe étrange, miss Elenwë. Bien plus que par votre comportement envers mon peuple n'est-ce pas ?

Tout les nains fixaient Elenwë, attendant impatiemment sa réponse.
Le magicien se racla la gorge, et posa sa main sur l'épaule de l'elfe.

- Thorin...

- Non, Gandalf, le coupa-t-elle en se dégageant de sa prise. Il est temps, je n'ai que trop retardé ce moment.

Elle porta sa main à son cœur, et la tendit vers son ami, qui compris que la jeune fille qu'il avait rencontré autrefois avait bien changé.
Elle planta ensuite ses prunelles emeraude dans celles de Thorin.

- Vous ne vous trompez pas. Je ne suis pas une elfe comme les autres. Je peux faire des choses, que d'autres ne peuvent pas.

Les nains échangèrent des regards, et leur chef sembla songeur.

- Chez les gobelins.

L'elfine acquiesça, avant de reprendre :

- Ce jour là, je vous ai sauvé la vie, comme sur le passage des géants également.

La compagnie parut déconcertée, comprenant d'où leur venait cette chance.

- Comment faites-vous cela ? L'interrogea Ecu-de-Chêne.

- J'ai appris à maitriser certains de mes dons, je peux, par exemple, disparaitre à ma guise.

Les nains murmuraient entre eux, jetant des coups d'œil mi-effrayés, mi-admiratifs.

- D'autres sont plus aléatoires. Ils apparaissent lorsque la situation l'exige.

Un long silence suivit ces révélations, pendant lequel Gandalf et Thorin ne la quittèrent pas des yeux. Le premier, bienveillant, le deuxième, impassible.

- D'où vous viennent-ils ? Demanda enfin le nain.

- Je l'ignore.

- Peut-on se fier à ces... dons ?

L'elfine ne sut d'abord pas quoi répondre, mais Balin vint à sa rescousse. Il posa sa main sur l'épaule de son ami, et chuchota assez fort pour que la jeune fille l'entende :

- Thorin, Elenwë a déja prouvé qu'elle était digne de confiance. Elle nous a sauvé la vie plus de fois que nous ne pouvions compter. Je ne continuerai pas cette quête sans elle.

L'elleth, touchée par les paroles de ce nain si sage, le gratifia du regard.

- Moi aussi ! Renchérit Kili, en se plaçant à la gauche de son amie. Si elle part, je pars !

- Il en est de même pour moi ! Ajouta son frère.

Des murmures d'assentiment résonnèrent, et tout les descendants de Durin se dirigèrent autour de l'elfe.

Choquée, et touchée en plein cœur, elle ne sut pas quoi dire, se contentant d'observer Thorin.

- Je me suis trompé sur vous, dit-il enfin. Vous avez votre place dans cette compagnie. Vous êtes une elfe de bien.

Ces derniers semblèrent lui couter beaucoup, et lui attirèrent quelques ricanements.

- Thorin, je suis une elfe libre. Et de ce fait, c'est librement, que je vous jure, que s'il le faut, je mourrai pour sauver l'un de vous.

Le nain sourit, et tourna un regard interrogateur vers le magicien.

- Je suis curieux Gandalf, comment avez-vous rencontré miss Elenwë ?

- Elle m'a sauvé la vie, avoua-t-il.

Tout les nains pouffèrent, sous le regard rieur de l'elfe.

- Vous, Gandalf ? Se moqua gentiment Kili. Vous, vous aviez besoin d'aide ?

Si le magicien aurait pu se cacher sous terre, Elenwë était convaincue qu'il aurait déja disparue.
Songeuse, elle repensa à ce jour, où sa vie avait pris un tournant important.
Lorsqu'elle avait recueilli chez elle un homme ensanglanté, elle ne se doutait pas qu'il deviendrait son mentor, son allié, et surtout son plus fidèle ami.

Kili se frotta le crâne, quand le bâton du magicien rencontra sa tête.
L'hilarité des nains gagnit l'homme, qui lui aussi se mit à rire.

Soudain, Thorin se stoppa, et ouvrit de grands yeux. Il fixait quelque chose dans le dos de l'elfine, qui se retourna elle aussi, craignant un nouveau danger.

Au loin, rougi par le soleil, la montagne solitaire, se dressait, majestueuse. Le pic restait caché par les nuages, ombre parmi les ombres.

Toute la compagnie le contemplait, les yeux brillants.

- Nous reconquerons ce chez nous ! Rugit Thorin. Avec moi !

Et il partit en courant, dans la pente de la colline, imité par les siens, brandissant leurs armes.

Elenwë, rit, et avec un regard amusé, passa devant le magicien.

- Vous voyez que vous pouvez être accepté, lui glissa-t-il. Ces nains ont fait une mutinerie pour vous garder auprès d'eux. Vous avez des amis, Elenwë, et je suis sur que ce n'est que le début.

- Nous verrons, Gandalf, nous verrons.

Et les deux partirent en courant, poursuivant la compagnie, afin de réaliser leur quête.

Une Part De ChacunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant