Prologue

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Je ferme les paupières pour retenir les larmes qui perlent à mes yeux depuis un mois.

C'est fini, je quitte ce lieu. Définitivement. Plus jamais je ne veux revenir ici. J'y ai vécu, dix-sept ans de bonheur, un mois d'enfer, et je n'y vivrai plus.

Mon père ferme la porte que je fixe obsessionnellement. Il quitte le seuil d'un pas lourd, passe devant moi et m'ébouriffe les cheveux avant de poser son bras autour de mes épaules et reporter mon attention sur la voiture. Je me laisse faire presque inconsciemment et monte dans la Clio grise.

Ceinture attachée, le moteur démarre. Mon père au volant jette un dernier regard à la façade blanche et ma mère sur le siège passager essuie ses larmes. Un silence plane dans la voiture, plus apaisant que pesant. Un silence qui rend hommage.

À l'intérieur de ce lieu qu'on quitte j'ai l'impression d'avoir enfermé tout mes souvenirs, mon vécu, ma vie dans une famille heureuse à quatre membres heureux. Un père, un peu bourru mais papa poule dans le fond, une mère toujours inquiète pour le bien de ses enfants chéris, et un frère et une sœur qui s'aiment plus que tout et veillent l'un sur l'autre comme des anges gardiens. Cette joie, cet amour, cette bienveillance, ces rires, ce bonheur, ces regards complices,... cette vie parfaite... c'est tout ce qui reste dans cette maison vide à qui nous disons Adieu. Désormais il ne reste qu'un vieux père, un peu désespéré par la vie, une mère, qui ne passe pas une heure sans essuyer ses larmes dans son mouchoir, et un fils, dont la vie est en pause depuis un mois et qui la regarde passer sans plus la comprendre. Tout ça dans une vieille voiture, dont on ne sait même pas si l'état permettra de tenir la route jusqu'à Nîmes.

Voilà le tableau... En noir et blanc bien sûr... Car la couleur a disparu il y a un mois, emporté par un homme. Un homme qui s'est invité dans la famille sans y être convié, il y a de ça un mois...

Dans le cœur - AliexOù les histoires vivent. Découvrez maintenant