Chap 17 • C'est beau la folie

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On marche depuis presque quinze minutes. La ville et assez belle de nuit, baignée de la lumière des lampadaires. Je le suis en silence. Je me demande comment il connait tous ces raccourcis, ces ruelles étroites, ces petits chemins qui traversent la banlieue de Nîmes...

Au bout d'un moment, une résidence passée, et devant nous s'étend un grand champ. C'est fou, on dirait que la ville s'arrête d'un coup, ici, pour laisser place à la campagne. Derrière nous les immeubles éclairés et devant nous le sombre de l'étendu d'herbe bordée au fond par une masse noire qui semblent être une forêt. Je suis toujours Vincent qui s'enfonce dans l'obscurité semblant savoir exactement où il va. Il a l'air de connaître les lieux comme sa poche.

Quand on arrive à la lisière de la forêt je m'arrête. Il se retourne, n'entendant plus mon pas qui le suit et attend que je me décide à le suivre. Je pouffe un peu avant d'avancer à nouveau.

- Si je te faisais pas confiance j'aurais peur que tu m'emmènes ici pour m'égorger...

Je dis ça sur le ton de la rigolade et continue d'avancer.

- Dans ce cas c'est toi le seul responsable puisque tu m'as suivi.

J'entends à sa voix qu'il sourit en disant ça. Je sourie alors à mon tour en continuant notre route.

Mon guide s'arrête à peine une minute plus tard au pied d'un arbre d'où pend une échelle en métal, fondue dans le tronc imposant. Il passe la sangle de sa guitare autour de son cou et son bras en la bloquant dans son dos et commence à monter. J'attends qu'il prenne un peu de hauteur et le suit.

Au bout de quelques dizaines d'échelons et pas mal de branches dans le visage, j'arrive à une passerelle en bois où je me hisse à la suite du brun. Un espèce de cabanon camouflé s'y trouve, dans le noir complet. Vincent s'y engouffre et semble fouiller pour chercher quelque chose, puis une petite lumière, prodiguée par une lampe torche suspendue au plafond bas, inonde l'endroit. Je suis assez impressionné et émerveillé par l'intérieur de cette cabane. Vincent me donne immédiatement des explications, lisant dans mes yeux l'étonnement et l'admiration.

- C'est une cabane d'ornithologie. Des chercheurs viennent ici le jour pour observer les oiseaux.

Je hoche la tête en l'écoutant.

- Maintenant elle ne sert plus alors on peut y aller autant qu'on veut, mais quand j'y allais avec mon frère avant elle était encore en service et interdites d'accès. On se sentait trop comme des hors-la-loi à passer nos nuits là.

Il rit doucement en racontant cela, ça me fait sourire. Puis il reprend son sérieux et attrape mon poignet d'un coup. Mon cœur fait un peu un bond. C'est le premier contact qu'on a qui n'est pas dans le but de nous frapper. Il me tire doucement vers l'extérieur, sur la passerelle.

- Moi si je viens ici la nuit, c'est plutôt pour voir ça...

En disant cette phrase il pousse une branche imposante sur le côté de la cabane, mes yeux s'écarquillent alors et je reste bouche bée.

- Woooa...

La vue qui s'offre à moi est juste magnifique. Au milieu du feuillage épais de la forêt, un grand découvert offre la vue sur toute la ville que nous surplombons, scintillante de toute part malgré l'obscurité de la nuit. C'est tellement beau... Tous les quartiers sont visibles, les tours du centre-ville, les hauts bâtiments et monuments, et au milieu... les Arènes illuminées. Toutes ces petites lumières qui semblent si lointaines alors que nous sommes si proche font étinceler la ville. La maison carrée, éclairée aussi, me semble toute petite vue d'ici. Je suis impressionné par la beauté de cet endroit. Je n'avais jamais vu ma nouvelle ville sous cet angle et à ce moment-là je ne peux qu'oublier les dizaines de raisons que j'avais trouvé pour la détester.

Dans le cœur - AliexOù les histoires vivent. Découvrez maintenant