Chapitre XIII.

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            Ally se réveilla péniblement, la tête terriblement embrumée. Elle ne savait pas où elle se trouvait, sa vision était bien trop trouble. Une horrible brûlure lui traversait le ventre. Elle porta difficilement la main à son côté gauche puis l'amena devant son visage. Ses doigts étaient couverts de sang. De son sang. L'angoisse l'envahit instantanément. Qu'allait-il se passer maintenant ?

         Elle entendit ensuite un bruit étrange, comme quelqu'un qui étouffait. Elle tourna laborieusement la tête dans la direction du son qui lui provenait et aperçut Teresa Langdam, ligotée sur une chaise et bâillonnée, qui tentait désespérément d'attirer son attention. Ally voulut se trainer vers elle mais la douleur lui arracha un terrible hurlement qui sembla faire trembler les murs de la salle des fêtes. Teresa fondit alors en larmes : il n'y avait rien à faire, sa cinglée de belle-mère allait revenir d'un instant à l'autre et les massacrer sans que personne ne vienne à leur secours. Elles étaient fichues... Teresa ne put retenir un rire sarcastique entre ses larmes. Elle avait toujours dit que Mary n'était qu'une vieille folle qui cachait bien son jeu mais son époux n'avait jamais voulu la prendre au sérieux. Le pauvre était si naïf. Elle n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi Daniel continuait obstinément à toujours prendre le parti de sa mère, alors que celle-ci ne s'était jamais occupée de lui puisqu'elle n'était jamais là. Une énigme dont la réponse lui paraissait désormais bien insignifiante, au vu des circonstances actuelles...

            Soudain, la porte des écuries s'ouvrit en grand, laissant entrer dans la salle une lumière aveuglante qui obligea les prisonnières à fermer les yeux pour se protéger. Mary Langdam apparut dans l'encadrement, une espèce de grande bouteille à la main. Elle entra lentement, fixant les captives comme des bêtes de foire, comme si elle prenait vraiment plaisir à savourer ce spectacle. Ally perdait beaucoup de sang et sentait qu'elle n'allait pas tarder à perdre à nouveau connaissance. Elle émit une espèce de râle plaintif suppliant mais elle n'obtint qu'un regard méprisant de la part de sa geôlière.


« Vous n'auriez jamais dû vous trouver là, sergente, cracha la vieille dame. Il ne faut vous en prendre qu'à vous-même et à votre imprudence. Tant pis pour vous, vous ne serez qu'un dommage collatéral.

- Qu'allez-vous faire ? Murmura difficilement la jeune femme.

- Faire rôtir cette catin comme la sorcière qu'elle est ! Cria Mary, verte de rage. »


           Tout en lançant ces terribles mots, elle avait fait volte-face en direction de sa belle-fille. Ses yeux lançaient des éclairs. Terrorisée, Teresa n'osa bouger un cil. Son regard fut cependant attiré par l'étrange bouteille que tenait Mary dans sa main. Teresa poussa alors un cri d'horreur, qui fut étouffé par son bâillon. Ce n'était pas une bouteille qu'elle avait apportée mais un énorme bidon d'essence. Cette folle allait tout faire flamber.


**

            Ben commençait sérieusement à s'inquiéter. Il était plus de onze heures et Ally n'avait toujours pas donné signe de vie. Il aurait voulu lui téléphoner mais le matin-même, encore sous le charme de la soirée de la veille, il avait oublié son portable chez lui. L'inspecteur-chef avait à nouveau tenté de joindre la sergente mais elle était toujours sur messagerie. Tout ceci était très étrange et surtout très inquiétant. Comme les deux policiers devaient à nouveau se rendre à Belford pour voir les Langdam, ils décidèrent de faire un petit détour par le cottage de la jeune femme, afin de se rassurer avant de reprendre l'enquête. Elle avait sûrement eu une panne d'oreiller ou alors elle s'était sentie mal au réveil et avait décidé de se recoucher en oubliant de prévenir ses collègues. Ce genre de choses arrivait à tout le monde, ce n'était rien de grave. Mais, une fois arrivés au cottage, les policiers n'avaient pas obtenu plus de réponse que par téléphone, malgré les appels répétitifs et les coups incessants sur la porte en bois pendant de longues minutes. Cette fois, ils n'avaient plus de doutes : il s'était passé quelque chose de grave.

Belford's MurdersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant