Chapitre II.

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            Ben Johns se gara devant le domicile d'Ally Douglas en début d'après-midi. La jeune femme lui avait signifié lors de leur première rencontre qu'elle passerait la journée chez elle à travailler sa thèse, si jamais il avait encore besoin de lui parler.

            Le sergent coupa le contact, stoppant ainsi l'assourdissante musique qu'il écoutait en conduisant. Lorsqu'il voyageait en voiture, l'on entendait toujours son arrivée. Cela se confirma d'ailleurs avec l'historienne : Ben la vit venir à sa fenêtre pour voir qui osait faire tout ce bruit alors qu'elle travaillait. Le jeune homme sourit. Cela l'amusait de déranger la demoiselle. Il sortit de la voiture et se dirigea vers la maison, un charmant et minuscule cottage si typique de la région. Le policier frappa à la porte et, presque instantanément, l'occupante des lieux vint lui ouvrir. Elle avait meilleure mine que le matin, ce qui signifiait qu'elle s'était remise de ses émotions après la découverte du corps. Elle s'était également changée et portait un ensemble de survêtement informe qui avait rarement dû lui servir à faire du sport.


« Sergent Johns, lâcha-t-elle.

Visiblement, il la dérangeait.

- Que puis-je faire pour vous ? Ajouta-t-elle.

- Il y a quelques éléments que je souhaiterais éclaircir avec vous. »


             La jeune femme regarda le policier d'un air suspicieux puis ouvrit plus grand la porte et s'effaça pour le laisser passer. Ce dernier la suivit ensuite à travers l'entrée jusque dans un salon assez bas de plafond et envahi de livres et de feuilles volantes. Visiblement gênée par le désordre, la maitresse des lieux proposa de se rendre dans la cuisine, où elle demanda au sergent s'il désirait quelque chose à boire. Il demanda un thé et s'appuya contre le plan de travail pendant qu'elle préparait la boisson. La pièce était bien plus en ordre que le séjour, si l'on fermait les yeux sur la pile de vaisselle sale dans l'évier ainsi que sur les emballages de nourriture à emporter qui débordaient de la poubelle. Tout en faisant bouillir l'eau, la jeune femme lançait des regards en coin sur le sergent afin de le détailler. Vêtu d'un costume impeccablement repassé, il était sans conteste très professionnel, cela se voyait dans ses attitudes un peu fouineuses d'homme qui cherche à faire attention au moindre détail. Mais ce que remarqua surtout l'historienne, c'était qu'il était plutôt bel homme. Tout son temps libre était absorbé par ses recherches et cet interrogatoire était sa première vraie interaction sociale depuis bien longtemps. C'était de ce fait tout de suite plus agréable de discuter avec quelqu'un de plaisant à regarder... Mais ce n'était clairement pas le moment de penser à cela, se dit-elle soudainement intérieurement afin de reprendre ses esprits.


« Alors, lâcha finalement l'historienne après de longues minutes de silence. De quels éléments vouliez-vous me parler ?

- Ce matin vous avez omis de nous faire part de la proposition d'embauche que vous a faite Richard Langdam. Pour quelle raison ? »


            Ally Douglas manqua renverser la tasse qu'elle était en train de servir au policier et son trouble n'échappa pas à ce dernier.


« Je venais de découvrir un cadavre, ça m'était probablement sorti de la tête à cause du choc. Mais, en effet, Richard souhaitait m'engager pour fouiller les archives afin de trouver les actes de vente des terres des Bergmond. Il voulait prouver qu'au XVIIIème siècle sa famille avait acheté en toute légalité les terrains qui leur appartiennent aujourd'hui.

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