Chapitre X.

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            Après cette découverte, tout était allé très vite. Terry Jenkins avait fait ramener John Smith en cellule puis lui et ses adjoints avaient fusé droit au centre d'aide pour personnes en recherche d'emploi. Chattam était un village presque en tout point identique à celui de Belford. Mêmes cottages en toits de chaume, mêmes petites rues fleuries, même petite place centrale. L'association d'aide aux demandeurs d'emplois occupait des locaux flambants neufs, extrêmement modernes, en bordure de la forêt, ce qui tranchait avec le charme traditionnel de la bourgade qui abritait la structure. Un immense bâtiment en U abritait les chambres des pensionnaires, le réfectoire, la salle commune et les cabinets des psychologues qui écoutaient les déboires des chômeurs installés dans le centre. Tout autour, dans le parc, étaient dispersés différentes petites structures avec des ateliers et espaces de formation de toutes sortes, le but étant d'ouvrir les horizons professionnels des demandeurs d'emplois pour leur permettre de remonter la pente et de retrouver du travail.

               Les ateliers de travaux manuels bruyants, notamment la soudure, avaient été installés légèrement à l'écart des autres, plus en amont dans la forêt. Les enquêteurs y envoyèrent immédiatement une équipe chargée de trouver l'entrée du souterrain afin de voir si celui-ci conduisait bien au laboratoire. De leur côté, Terry, Ally et Ben se rendirent dans le grand réfectoire où le personnel ainsi que toutes les personnes inscrites à ces ateliers précis avaient été réunies. Etonnamment, et en même temps pas tant que cela, il n'y avait que des hommes, plutôt issus des classes très populaires et visiblement en recherche d'emploi depuis assez longtemps, c'est-à-dire aux abois ; la main d'œuvre idéale pour des trafiquants de drogue.


« Bonjour à tous, commença l'inspecteur-chef. Je suis Terry Jenkins, de la police judiciaire d'Oxford et voici mon adjoint le sergent Ben Johns, ainsi que le sergent Ally Davis de la brigade des stupéfiants de Londres. Nous sommes ici dans le cadre de l'enquête sur la mort de Duncan Mitch, qui est d'ailleurs très probablement liée à celle de Richard Langdam et de Thomas Bergmond. Je pense que vous en avez entendu parler.

- Ça y est, des bourges se font zigouiller et on vient tout de suite chercher les prolos ! S'écria l'un des chômeurs avec véhémence. »


          Les autres approuvèrent bruyamment. Pourtant, au sein de ce brouhaha protestateur, les policiers décelèrent également autre chose que de la colère : c'était de la crainte, de l'inquiétude.


« Calmez-vous messieurs, nous n'accusons personne. Pour le moment. Nous sommes là pour vous poser quelques questions, ainsi qu'au personnel de cet établissement. Tout d'abord, nous aimerions savoir pourquoi Duncan Mitch avait financé entièrement la construction de ce centre avec de l'argent provenant de comptes offshores ? Demanda franchement l'inspecteur-chef en se tournant vers la directrice.

Celle-ci s'étrangla de gêne tandis que les commentaires fusaient déjà parmi les pensionnaires.

- Vous... devez faire erreur monsieur, bégaya-t-elle. Nos locaux ont été construits grâce à de généreux donateurs anonymes, il y a eu toute une campagne de dons et...

- Ne commencez pas à mentir Madame Darius, nous avons toutes les preuves de nos dires. Je vous laisse une seconde chance, ne me décevez pas, martela Terry.

- Hé bien... Monsieur Mitch est venu, il y a environ deux ans, me voir dans les anciens locaux de notre association et il nous a proposé de construire un centre pour aider les personnes en difficulté professionnelle. Entièrement financé par lui. Nous ne pouvions pas refuser, vous comprenez ? Supplia la gérante.

Belford's MurdersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant