Chapitre IV.

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            Le jour n'était même pas encore levé et il faisait plutôt frais à Belford pour un matin d'été. Ben Johns se gara prestement sur le bord du trottoir et sortit en vitesse de sa voiture pour rejoindre la scène de crime.

« Johns, qu'est-ce que vous faisiez ? Lâcha son supérieur lorsque le sergent arriva.

- Chef, il est six heures du matin ! Je dormais ! »

           L'inspecteur-chef se contenta d'esquisser un petit sourire rieur en regardant la tenue débraillée de son adjoint. Ce dernier soupira : comment son supérieur pouvait être tiré à quatre épingles alors qu'on venait à peine de les tirer du lit ?! Ben atteignit la scène de crime en trainant un peu les pieds ; il était toujours de mauvaise humeur lorsqu'il n'avait pas assez dormi. Quand il arriva près du cadavre, l'équipe médico-légale ratissait les alentours pendant que Laura Tillman était penchée sur le corps.

« Blessure à l'arme blanche. Le coup est précis, porté avec détermination. Le pauvre gars est mort sur le coup, il n'a même pas dû comprendre ce qui lui arrivait, déclara la légiste sans même prendre le temps de saluer le nouvel arrivant.

- Vous pensez que c'est un crime opportuniste ? Un vol ? Demanda Ben, un peu vexé.

- Non, son portable et son portefeuille sont toujours là, ainsi que l'argent liquide et les cartes de crédit, répondit Terry.

- De plus, il n'y a aucune blessure défensive et il n'y a eu qu'un seul coup porté, ajouta Laura. Je pense que nous avons à nouveau affaire à un meurtre prémédité.

- Le même tueur ?

- Je ne pense pas que je trouverai d'éléments qui pourraient le prouver à cent pour cent mais les deux scènes de crime sont très propres, il n'y a pas d'indices, et la violence des deux morts témoigne d'une forte volonté de tuer, ce qui peut nous laisser supposer qu'il s'agit du même tueur, répondit la légiste.

- Un Langdam et un Bergmond... Je pense que nous pouvons laisser tomber la piste de la rivalité séculaire et des chasses aux sorcières, déclara Ben.

- Très bonne analyse, admit son chef. De ce fait, il nous faut creuser plus loin, mais dans quelle direction ? »

           Aucune des trois personnes présentes n'avait la réponse. Après que la docteure Tillman leur ait donné ses premières constatations, les policiers reprirent leurs véhicules. Ben se rendit au poste de police pour faire des recherches sur la victime, tandis qu'à l'inspecteur-chef incombait la lourde tâche d'aller annoncer aux Bergmond le décès de Thomas.

**

            Vers huit heures, Terry Jenkins entra dans l'open-space où se trouvaient son bureau et celui de ses collaborateurs. Il avait préféré laisser la famille Bergmond à son chagrin ; il prendrait le temps de les réinterroger plus tard. Les pauvres gens avaient tout de même été brusquement sortis du lit pour apprendre la mort d'un frère, d'un fils et d'un beau-frère ; il leur fallait un peu de temps. Du côté de l'enquête, tout était encore à faire et l'inspecteur-chef ne savait pas par où commencer : il fallait fouiller les domiciles des deux victimes, mais également discuter avec la sœur de Richard Langdam, qu'il n'avait pas vu la veille, et aussi retourner voir le reste de la famille de la première victime. Après quelques secondes de réflexion, l'inspecteur-chef décida qu'il allait d'abord prendre un café et voir avec son sergent si celui-ci avait découvert quelque chose d'intéressant ; ensuite, il aviserait sur la marche à suivre. A ce stade de l'affaire, rien ne servait de foncer tête baissée. De toute manière, Terry Jenkins n'était pas un homme d'action et préférait réfléchir. La solution de ses enquêtes lui venait d'ailleurs souvent alors qu'il avait pris le temps d'y penser profondément, enfoncé dans son fauteuil, les mains croisées sur son ventre un poil trop proéminent.

Belford's MurdersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant