Chapitre 14

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Il est toujours facile de juger surtout lorsqu'il s'agit de la vie des autres. Face aux intempéries de la vie, ce sont les personnes qui nous sont les plus proches et les plus chères qui nous déçoivent du fait de leur volonté à nous contraindre dans leur logique sans jamais se soucier de nos ressentis. Si le coeur trouvait des raisons pour s'aggriper, ces mêmes raisons ne pourraient être expliqué par la raison elle même. Sans les quelques moments de souffrance et de déception que représenterait l'amour de plus qu'un vulgaire sentiment sans intérêt?
Ç' aurait été moi!
Quoi de plus banale pour étayer des dires que nul ne pourrait vérifié jusqu'à l'extinction du soleil. Le jugement est peut-être libre mais lorsqu'il émane de notre entourage proche, surtout sur des sujets aussi délicat que la maladie de Cupidon, n'engendre que des querelles lorsque le sentiment est sincère et inébranlable. Pour Aminata, Momo est la personnification du bonheur. L'éclat sans lequel, sa vie ne se résumerait qu'à une simple existence sans aucune forme de plaisir ni même de désir. Elle sait pourtant qu'il est loin d'être un homme parfait sans tâche ni défaut mais il est l'homme idéal. N'a t'on pas dit que l'amour est aveugle sourd et muet? Si une seule fois elle avait fait fie de l'avis des autres sur sa manière de le voir, elle aurait plonger dans un autre sphère où baigne seulement l'attirance ou la plaisanterie que bon nombre essaie vainement de rattacher à la pureté absolue. La souffrance ne déteint jamais sur l'amour ni même ne l'ébranle. Elle est le piment sans lequel la vraie valeur du bonheur ne pourrait être quantifié tellement elle serait enfouie dans les abysses de l'indifférence et en serait insignifiant.
Tenir tête à Khadija faisait partie des choses qu'elle n'aurait jamais osé même imaginer tellement qu'elle la respectait et éprouvait à son égard un respect inqualifiable qu'elle ne pouvait même soupçonner. Mais l'amour fait pousser des ailes, en son nom un chétif pourrait pousser des montagnes sous le déchaînement de la pluie ou de la grêle tant qu'il gardera l'espoir d'une vie meilleure et tous les plaisir qui s'y attelle.
Khadija n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'Amina allait tracer toute seule sa voix sans plus jamais se soucier de son avis ou de ses humeurs. Il ne s'agissait là plus de tous les privilèges qu'elle aurait droit si Aminata retrouvait la raison et revenait sur son mariage avec Ibrahima mais plutôt de la place qu'elle savait ne plus occuper dans sa vie. Leur cohabitation se résumait dorénavant qu'à une simple salutation sans réel intérêt qui parfois s'écrasait contre le mur comme les mots d'un muet dans les oreilles d'un sourd. Elle brûlait de colère mais pas au point de vouloir perdre sa soeur pour une idylle qu'elle jugeait malgré tout, jusqu'à présent, absurde. Sa nouvelle stratégie c'était de jouer la carte de la patience et de la tolérance en attendant sagement que survienne le jour où, Aminata sera las de cet homme et décidera de son propre chef de vivre à la hauteur de ses atouts.
Conscient du rôle que Daour avait joué dans toute cette histoire, Momo ne ressentait plus aucune forme de haine à son endroit. Il avait bien décidé de couper définitivement les ponts mais ignorait l'importance que ce dernier avait pour Aminata. Lorsqu'il n'était plus là, Daour la consolait et parvenait toujours à arracher d'elle un sourire apaisant. Elle savait qu'il n'était pas le plus réglo des amis et avait pris connaissance de ses sentiments envers elle mais sa loyauté ne la permettait pas de l'ignorer et de faire comme s'il n'avait aucune importance à ses yeux. La relation avançait d'un pas cadencé et grandissait un peu plus de jour en jour. Même si la terreur de la trahison subit empêchait Aminata de faire confiance à nouveau, elle s'était contentée de la certitude de l'affection que Momo lui vouait et s'en réjouissait pleinement. Du moins tant que ses souvenirs ne s'aventurait pas dans les décombres de cette épisode presque macabre de sa vie qui l'avait tant déstabiliser. De plus, son ouverture à une relation ouvertement assumée et librement savouré suffisait pour balayer d'un revers de main, toutes les inquiétudes et zones d'ombres que pouvait avoir son partenaire et qui le faisait verser dans des dérives. Même si le parfum du passage de Rokhaya était encore consistant et omniprésent, elle gardait tout de même comme nouvelle référence toute cette attention dont elle avait droit et qu'elle estimait avoir acquise à la force de sa conviction et de son entêtement à bouleverser toute sa vie s'il le fallait juste pour une minute de plus dans les bras de son amoureux. Le cloison qui s'était ficelé tout autour d'elle dans l'unique but d'obstruer à sa liberté de concevoir la vie qu'elle s'était choisie s'écroulait sous le poids de sa ténacité et laissait libre cours à sa pensée et sa conception d'elle même pour entamer maintenant une vie, sa vie. La froideur et l'incongruité dans le regard des uns et des autres qui la faisait tergiverser s'était effacées. Non pas qu'elles n'existait plus, mais celle qu'elles terrorisaient n'existait plus. De cette mésaventure avait jaillit une toute nouvelle Aminata. Pleine de vie, le regard rivé vers l'horizon elle avait mis un terme sur l'emprise du regard des autres et s'était juste façonnée en une version mille fois plus affirmée et sophistiquée. Elle avait compris que la perfection c'était pas lorsqu'il n'y avait plus rien à ajouter mais plus rien à retirer. Elle se plaisait comme elle se voyait dorénavant alors elle était juste parfaite, selon son entendement.
Avec Momo, l'histoire avait juste franchi un cap crucial pour ne laisser derrière que les regrets et les hésitations sur son sentiment. Elle n'avait plus besoin de se cacher ou de feindre un visage qui affichait le contraire de ce qu'elle ressentait à son plus grand bonheur. Il ne s'agissait plus seulement d'assumer, mais de montrer à tous que le choix était fait et que rien ni personne ne pouvait y changer quoi que ce soit.

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