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  La nuit était bel-et-bien tombée, laissant le silence s'amplifier dans la cale supérieur et dans la cabine de Céleste, qui étant endormi, entendit un léger craquement au-dessus de sa tête, ce qui la fit réveiller.
Le bruit s'entendit encore, l'interpellant et lui donnant des frissons dans le bas du dos. En effet, cela devenait de plus en plus perçant, comme des lames de couteaux qu'on traînerait sur le sol. Un nouveau « boum » sonore se fit entendre après quelques instants, presque le même échos que la jambe de bois de Barbossa. La jeune fille s'asseya sur sa couchette, posant ses pieds dénudés sur le bois, et enfila rapidement ses bottes, suivis de son manteau habituel. Elle prit son sabre sur sa ceinture où est également accrochée sa montre-à-gousset. 
  Elle sortit de sa cabine, refermant la porte au même instant. Connaissant que son père serait surement à la barre, et que Gibbs était aujourd'hui de garde au cas où, elle prit tout de même la peine de monter sur le pont. Arrivée sur ce dernier, il y avait tout juste une simple brise, et elle ne vit aucun des deux hommes qui étaient sensé être encore éveillés. Elle sentit juste une forte odeur de poissons pourris emplir dans ses narines, lui donnant l'envie de vomir. Céleste se retourna et sursauta quand elle vit une personne qu'elle n'aurait jamais voulu voir de son vivant.
Sa tête prenant la forme d'un poulpe, sa longue barbe de tentacules, sa main gauche en pince de crabe, et sa jambe droite en pied de crustacé, des vêtements où sont incrustés de nombreux coquillages et organismes marins. Il n'y avait guère de doute sur la personnalité qui se trouvait devant elle, la jeune fille en avait déjà entendu par son père. 

  — Davy Jones..., murmura-t-elle.

  — Oui, Davy Jones. (Il s'approcha vers l'adolescente, qui reculait légèrement mais gardait la tête haute.) Fille de Jack Sparrow, as-tu peur de la mort ? demanda-t-il.

  Elle le regarda dans les yeux. Sans hésitation, elle répondit :

  — Et vous ?

  Au même moment où la lame allait la traverser, une voix féminine à l'accent espagnol l'arrêta :

  — Éloignes-toi de ma fille ! 

  Elle n'eût pas le temps de faire quoi que ce soit, que Céleste se réveilla en sursaut, le front luisant de sueur.
Elle secoua sa tête de gauche à droite pour prendre conscience d'où elle se trouvait, et heureusement, elle était de nouveau dans sa cabine, où elle souffla longuement de soulagement en se rendant compte que la rencontre avec Davy Jones n'était qu'un rêve de son subconscient.
  Mais cette voix, cette voix de femme, ça ne pouvait qu'être sa mère, malheureusement, elle ne savait aucune information à son sujet, et elle ne pouvait déterminer à qui appartenait cette voix. La jeune fille souleva donc les couvertures qui recouvraient son corps, dévoilant ainsi sa robe de nuit en lin blanc. Elle s'habilla rapidement de son accoutument habituel, et sortit de sa cabine, ne pouvant plus dormir.
Arrivée sur le pont, une voix, cette fois-ci masculine, l'interpella :

  — Que fais-tu déjà réveillée ? Une envie maritime ? À cette heure-ci ?

  Elle se tourna vers son père, qu'elle vit assit sur un tonneau, les pieds tendus et posés sur une autre caisse en bois, les mains derrière la nuque, le chapeau descendu jusqu'à ses yeux. Son père la regarda, puis releva son tricorne, marchant jusqu'à sa fille qui le regardait avec de faible conviction.

  — J'ai juste du mal à dormir, mentit-elle en se tournant vers la mer.

  Le coude appuyé sur le bastingage, elle regarde l'horizon qui est une nuit sombre, mais remplie d'étoiles. Jack la regarda un instant, certain qu'elle lui mentait.

  — Je ne suis pas certain que c'était une simple insomnie, n'est-ce pas ? 

  — Un cauchemar, répondit-elle finalement.

Pirates des Caraïbes - Le trésor perdu de LuciferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant