Pinky Promise -J.PK

XVII

Lorsque l'unité Alpha pénètre dans le bâtiment délabré qui sert de base au groupe terroriste, tout est étrangement calme. Mais Jimin et sa troupe n'ont pas d'autres choix que d'avancer. Il faut récupérer l'autre unité. C'est la priorité. Grâce à la carte virtuelle des lieux, je les guide à travers le dédale de couloirs souterrains, sombres et humides. Le grisé est le premier de la file, dont l'arme transperce les ténèbres vierges de passage. 

Le silence dans la salle de contrôle ne me rassure absolument pas. Comme si la réussite ou l'échec de la mission ne repose que sur moi. Et je refuse d'avoir pareille responsabilité. Je sers un stylo un peu plus fort dans mon poing et tente de respirer calmement. Regarde-les, Phoebe. L'unité suinte le calme et la force. Que veux-tu qu'il leur arrive? La mission sera bouclée en à peine une heure. Même pas. 

- Vous arrivez bientôt, je fais dans mon micro, la voix secouée d'un léger tremblement.

Il pénètre dans la salle principale. La plus grande. Les otages sont bien présents, pendus à des poteaux par les bras, recouverts de transpiration et de boue. Des plaies sont grandes ouvertes sur leurs corps dont les vêtements sont pour la plupart déchirés, voire arrachés. 

- Mais qu'est-ce que... laisse échapper le président en posant une main choquée sur sa bouche. Au moins, ça lui aura fait prendre conscience de la valeur de la vie de son fils. Un point positif. Mais quelque chose me dérange. 

- C'est un piège, je finis par dire.

- Ca me paraît évident, me chuchote Jimin. Le problème est: où sont-ils?

- On a pas des drones aux alentours, une vue aérienne? je demande à la cantonade aux agents présents devant leurs écrans. Un me répond par l'affirmative, mais rien à signaler. Le paysage est désert. 

- Sortez, la panique commence à faire son nid dans mon corps déjà pas mal stressé.

- On doit récupérer les otages, avant.

- Non, maintenant! 

- Mademoiselle! Mon fils est là-bas! tonne le président à mon égard.

- Je pense d'abord à mon unité, si vous n'y voyez pas trop d'inconvénients. Ils sont sous ma responsabilité. Je les gère comme bon me semble! Si je dis que c'est trop risqué et qu'il faut sortir, alors on exécute! 

-Phoebe, murmure la voix lointaine du grisé. Mon métier est de protéger les habitants. Tout le monde. Au prix de ma vie. Je t'aime, et tu le sais très bien. Laisse-moi faire mon job. Je ne peux pas les laisser mourir ici. 

Ma mâchoire se contracte dans une vaine tentative de me calmer. 

- Soit. 

- Merci, mon ange. 

Je lance un regard autour de moi, alors que je rencontre celui de Julian qui sourit, amusé et heureux. Je me contente de lever les yeux au ciel, c'est mieux. 

Il passe l'entrée de la pièce principale, à découvert pour n'importe quelle attaque. Qui ne tarde pas. 

Une rasade de balles éclate et atteint Moore au torse. Il s'écroule au sol, une main pressant fébrilement sa blessure. Deux minutes plus tard, plus un geste. Pendant ce temps là, Brown se bat avec un des ennemis. Du corps à corps, les coups s'enchaînent. Finalement, l'adversaire lui plante un couteau dans l'abdomen et le balance au sol. Puis, d'une balle en plein coeur, l'achève. Mais Smith et White sont bons. Meilleurs en tous cas. Ils s'en sortent. Les adversaires deviennent de moins en moins nombreux, et c'est une bonne nouvelle. Je recommence à avoir de l'espoir. Je cherche du regard où est Jimin, et je le vois tenter grâce à un petit couteau de détacher les liens des otages qui le relient aux poutres de bois. Mais Cowell, lui, ne s'en sort pas aussi bien que ses quelques collègues talentueux et se fait abattre dans le dos par un sabre tranchant. Il tombe lui aussi au sol. La terre est maintenant recouverte de plus de rouge que d'autre chose. 

Je reporte mes yeux sur Jimin, encore affairé à détacher les otages. Je me sens impuissante, je vois ce qu'il se passe, mais je ne peux rien faire. Un homme de grande taille, un ennemi, s'approche soudain du grisé, une arme à feu dans la main. 

- Jimin! 

Mais il est trop tard. A peine s'est-il retourné que l'autre lui loge une balle en plein milieu du front. Il s'étale de tout son long contre la terre et bientôt, une auréole de sang entoure son corps fin. 

Jimin.

Non. 

Pas toi. 

Je veux mourir. Maintenant. Laissez-moi. Je suis désolée, mon chéri, j'aurai dû être plus attentive. Mais ce n'est pas possible, il n'est pas mort. C'est faux. Ce doit être encore une de ses blagues douteuses qui ne font rire que lui. Je l'entends déjà chuchoter dans son micro "Je t'ai eu, mon ange!" puis éclater de son magnifique rire. 

Les larmes me viennent et coulent le long de mes joues. Je menace de m'écrouler contre la moquette de la pièce lorsque je sens un bras s'emparer du mien, m'obligeant à rester forte encore quelques minutes.

- Campbell, restez avec moi, me dit Julian à l'oreille. Rappelez-moi la devise du Bureau. Maintenant. 

- Fidélité.

Mes yeux ne quittent pas le corps de Jimin qui ne respire même plus.

-  Bravoure. 

J'ai du mal à respirer, mon souffle est tremblant et menace de se briser.

- Intégrité.

Je tente de refouler mes larmes. 

- Quelle est la mission du Bureau. 

Je sens qu'il fait son possible pour que je ne perde pas la face devant le président.

- La mission du FBI... est de protéger et défendre les Etats-Unis contre... ma voix se brise, les attaques terroristes, faire respecter et renforcer les lois anti-criminalité des Etats-Unis... un sanglot menace de presque m'étouffer, et d'assurer le leadership et la justice criminelle aux fédéraux, états, municipales, et aux agences internationales et partenaires. Mes jambes tremblent, mais j'essaie tant bien que mal de me concentrer sur mes mots. Toutes ces responsabilités sont assumées d'une manière qui répond aux besoins du public. Le FBI est fidèle envers la Constitution des Etats-Unis.

- Je suis désolé, me murmure finalement Julian, remplit de pitié et de compassion. 

- Je l'aime... 

- Restez forte, Campbell. Vous n'avez pas le choix.

On devait partir demain et se marier à Las Vegas.