Chapitre 1 - Adélaïde

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Adossée contre un magnolia dont la floraison précoce laissait place à un feuillage unicolore, Adélaïde étudiait la croissance des echinometra viridis, communément appelés "Oursins verts".

Depuis que son père avait suggéré la création d'un aquarium tropical au Jardin de Rêves, la jeune femme lisait tout ce qu'elle pouvait sur la faune aquatique, susceptible de rejoindre son paradis.

Profondément concentrée dans son encyclopédie, elle ne remarqua pas tout de suite la présence d'un inconnu qui rodait près de l'allée aux arches.

Ses oreilles affûtées alertèrent son sixième sens, et ses yeux chocolat se plissèrent en direction de l'intrus.

Situées près de l'étang, ces arches étaient vêtues de splendides rosiers grimpants aux fleurs blanches, jaunes, roses et orangées. Le chemin qu'elles arboraient se délimitait par de petits pavés carrés au parterre d'écorce de bois clair.

L'allée s'élevait sur une bute qui séparait les deux individus. Malgré les arbres clairsemant le contre-bas et les plantes épineuses qui occultaient les passants, Adélaïde percevait quelqu'un. Refermant son livre, elle se leva pour se poster de l'autre côté des arches, près d'un grand chêne, et scruta le nouveau venu.

Qui est-ce qui peut bien s'aventurer ici après les horaires de travail? se demandait-elle.

Utilisant ses dons, elle distingua une personne vêtue d'un pantalon de paysagiste et d'un T-shirt bleu marine, laissant paraître des bras musclés.

Probablement un homme, en déduit-elle. Muni d'un sécateur, celui-ci effectuait des mouvements réguliers et précis.

Je me demande bien qui était la jeune femme qui lisait, se demandait l'homme en taillant les rosiers. Il faudrait que je m'assure auprès de Léopold que c'est normal. Le parc est habituellement vidé à la dernière heure de visite et les travailleurs ont fini il y a une heure et demi...

Joignant le geste à sa réflexion, l'homme cessa ses manœuvres et chercha l'intéressée du regard. Vaporisée... Comme poussé par un instinct, il se retourna et observa les alentours.

Il a les cheveux bruns, releva Adélaïde, de par les quelques mèches qui s'évadaient de sa casquette. Il ne lui sembla pas beaucoup plus vieux qu'elle, malgré sa barbe bien fournie et parfaitement taillée. Ses yeux clairs ressortaient verts à la lumière.

Il s'essuya le front de la main gauche, qui s'agrémentait d'une montre. Leurs regards se croisèrent et ils se dévisagèrent en silence, sans que ni l'un ni l'autre ne se détourne. Le jeune barbu cligna des yeux, et l'inconnue s'était à nouveau envolée.

Le lendemain, Adélaïde porta son attention sur tous les employés présents, cherchant le mystérieux travailleur de la veille. S'attendant à le voir, elle fût grandement déconcertée de ne pas même apercevoir sa casquette...

« Chères lectrices et chers lecteurs,

Voici la gazette de mai. Je ne savais pas exactement ce que vous souhaitiez savoir, ... »

Non, il faudrait mettre autre chose que "voici"... pensa la jeune femme.

« Me revoilà avec la gazette de mai. »

Cela me paraît mieux. Si je continue en modifiant chaque expression que j'utilise, je n'aurai jamais fini pour demain... Bon. Ce n'est pas en me lamentant que j'y arriverai.

« souhaitiez savoir, alors j'ai décidé de vous présenter comment je vois l'entreprise de mon père. Celle-ci... »

« Mademoiselle Adélaïde, votre mère vous demande de ce pas dans l'entrée, elle a dit que cela pressait, l'interrompit sa femme de chambre.

Le jardin de RêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant