Tres

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Au moment où je sors de ma voiture pour entrer dans la maison de mon père, je sens que quelque chose cloche. J'ai cette étrange sensation et l'impression constante que quelqu'un me surveille. J'ai vu Rico sur la plage de Santa Monica, et maintenant, un autre Salvadores se trouve devant ma maison. Il est adossé à la barrière devant chez moi, les mains dans les poches et le regard fixé sur moi. Je me dirige à la hâte vers le garçon. Quand il voit que je m'avance vers lui, il rebrousse chemin.

- Hé ! Attends !

Je le rattrape facilement. Il se stoppe net et me fusille du regard.

- Qu'est-ce que tu faisais devant chez moi ?

- Rien.

- Ne me mens pas. Tu es un Salvadores. Tu sais qui est mon père, alors répond moi.

Il me fixe sans rien dire et envoie un petit coup de pied dans une pierre. Il pousse un son qui s'apparente à un grognement et dit :

- Je fais juste ce qu'on me demande de faire.

- Quoi... ?

- T'es sourde ?

Je recule, abasourdis.

- Tu surveillais ma maison ?

- Pas ta maison en particulier. Plutôt toi, avoue-t-il avec un soupir.

- Moi ?

Il ne répond pas et passe la main dans ses cheveux foncés. Il est à peine plus âgé que moi et à peine plus grand.

- Pourquoi tu fais ça ?

- On m'a demandé de le faire. A moi et à d'autres gars.

- Qui ?

Un sourire mauvais apparaît au coin de ses lèvres et il hausse les épaules.

- Ça ma jolie, ça va pas être possible. Tu sais comment ça marche. J'ai pas envie de me prendre une balle parce que j'ai balancé quelqu'un.

Mon sang ne fait qu'un tour. J'attrape mes clés de voiture et laisse le gars en plan. Je démarre aussitôt. Le moteur vrombit tandis que je roule dans les rues de Southfield. Une fois arrivé devant l'ancienne maison des frères Muñoz, je gare la voiture en vitesse, à moitié sur le trottoir. Les Salvadores savent très bien qui je suis, et malgré le fait que je ne sois pas revenue ici depuis plus d'un an, ils ne disent rien quand je déboule sur le jardin. Certain hoche la tête dans un signe amicale, et les autres me fixent, un joint au coin des lèvres ou une bière à la main.

- Donde esta Julio ? ( Où-est Julio ?)

Je suis bien trop énervé pour faire preuve de politesse quand on m'indique qu'il se trouve dans la maison. J'ouvre grand la porte, furieuse. Julio se trouve dans le salon. Il est en pleine discussion avec un grand gars, qui doit faire 4 têtes de plus que moi. Celui-ci tient d'une main une liasse de billets et de l'autre, une mallette pleine d'argent. Quand il m'aperçoit, l'inconnu me fusille du regard et retire sa main de la mallette. Julio, lui, pousse juste un soupir d'exaspération, et renvoi l'homme en lui indiquant de revenir plus tard. Quitter la mallette pleine d'argent semble lui fendre le cœur. Je n'attends même pas qu'il soit sortit pour cracher mon venin.

- C'est quoi cette histoire Julio ? Tout d'abord, l'autre donne enfin de ses nouvelles, puis j'apprends par un de tes gars qu'on m'a mis sous surveillance ? Tu te fous de moi ? Je ne veux plus rien avoir affaire avec les Salvadores, tu le sais !

- Ce n'est pas moi qui t'ai fait mettre sous surveillance, Lia. Alors calme-toi.

- Je... Quoi ?

Julio s'allume une cigarette et tire une longue taffe avant de recracher toute la fumée. Il semble insensible face à ma colère grandissante, où peut être est-il simplement habitué. Mais qui a donné l'ordre de me faire surveiller ?

- Julio, dis moi qui c'est.

- Lia, sérieusement. Je suis occupé là. Repasse plus tard.

- Tu n'as qu'un nom à dire.

Il se passe la main dans les cheveux et fronce les sourcils.

- Tu sais très bien qui c'est.

Aussitôt, la colère s'empare de moi. Oh non. Il n'a pas osé. Alejo.

- Depuis quand ?

- Il y a environ 3 mois. Il m'a contacté. Et j'ai accepté de faire ce qu'il me demandait. Dès que tu es revenu à Los Angeles, j'ai mis en place ta protection.

Aucun nom n'a besoin d'être prononcé. Alejo est la seule personne que Julio respecte autant et écoute. Et il est aussi la seule personne assez culotté pour faire mettre sous protection une personne qu'il a lui-même abandonné.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit, Julio ? Je pensais que tu tenais assez à moi pour me dire la vérité.

J'essaye par tous les moyens de rester calme, mais la nonchalance de Julio n'arrange rien. Comment a-t-il pu se dire que c'était une bonne idée ?

- Pourquoi à ton avis ? Tu le détestes et tu n'aurais rien voulu venant de lui.

- Justement ! Je n'ai pas besoin de sa protection débile !

Julio attrape mes deux poignets et me pousse contre le mur avant que je n'ajoute encore quelque chose. Il ne me fait pas mal. Julio ne pourrait pas ; il m'aime comme une sœur. Mais son regard est dur, sévère. Je me suis beaucoup rapproché de lui quand on cherchait Alejo. C'est aussi pour le revoir que je suis venu chez mon père pour les vacances au lieu de chez ma mère. Julio m'a toujours protégé, et ça me suffisait. Je n'ai pas besoin qu'Alejo mette son grain de sel.

- Maintenant, cállate Lia. C'est pour ta sécurité qu'il fait ça. Puis même s'il ne me l'avait pas demandé, je l'aurai fait. Lia, putain. En plus d'être la fille d'un ancien chef de gang, tu es sorti avec le dernier en lice. C'est plus prudent que tu sois mise sous protection. Pour ton père aussi.

Je ne dis rien. Je ne veux pas de l'aide d'Alejo. Pas maintenant. Je n'en ai plus besoin. Pourtant, je ne peux m'empêchait de demander :

- Où il est ? Il va bien ?

- Je ne sais pas, Lia. On n'a pas beaucoup parlé. Juste le temps de demander des nouvelles l'un de l'autre et parler de ta protection. C'est tout.

Je pousse un soupir et lui tourne le dos. Julio écrase sa clope dans un cendrier et m'attrape doucement par les épaules.

- Lia. T'es comme une sœur pour moi, tu le sais. Donc même si tu me demandes de stopper ta mise en surveillance, je ne le ferai pas. Je t'aime trop pour ça. N'y penses pas, ne fais pas attention à mes gars. C'est tout.

Il dépose un baiser sur mon front avant de se rediriger vers le salon. Il ferme la mallette pleine d'argent, sans me quitter des yeux.

- Je t'appellerai quand je pourrai, Lia. Je suis trop occupé là.

- J'ai... J'ai juste une question.

- Te escucho. (Je t'écoute)

- Pourquoi tout me ramène à lui ?

Los Salvadores, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant