Partie 24

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Deux heures plus tard, Amina en était encore à arpenter sa chambre en se demandant si Mouhamed ne lui avait pas jeté un sort.
<<Des beaux rêves>>!

Elle fixa son lit avec inquiétude. Le drap du dessus avait été transformé en une espèce de boule informe et chiffonnée. L'oreiller gardait des marques de coups qu'elle avait assenés un moment plus tôt dans sa frustration. 

Jamais jusqu'ici elle n'avait souffert d'insomnie et encore moins à cause d'un homme.
Il fallait absolument qu'elle se maîtrise. Elle n'admettrait aucune complication dans sa vie, surtout venant d'un homme comme Mouhamed. Il lui fallait creuser davantage le fossé entre elle et lui. D'ailleurs elle n'était qu'une employée et il lui avait  très bien fait comprendre qu'il n'entretenait aucune relation intime avec ses domestiques. Oh, si seulement elle pouvait trouver ses mains moins douces, ses lèvres moins sensuelles et si elle n'éprouvait pas ce désir tenace de l'envelopper dans ses bras et de le serrer très fort contre son corps, tout serait si simple! 

Amina s'éveilla lentement, abandonnant à regret le cocoon délicieux de se rêves. Elle commença par s'étonner de se retrouver seule, puis se demandant ce que cette situation pouvait avoir d'étonnant, puisqu'elle était habituée à dormir toujours toute seule. Elle bondit du lit et regarda par la fenêtre au delà de la cour. Une brise légère courait dans les feuillages des arbres, les faisant frémir et soupirer comme les femmes sous les caresses de leurs amants.

À l'évocation de ces caresses, le cœur de Amina chavira. Elle se rembrunit au souvenir d'un rêve qu'elle venait de faire, se rappelant confusément la sensuelle douceur des mains d'un homme posées sur sa poitrine dénudée, la chaleur d'un corps d'homme serré contre le sien. Un frisson la fit vibrer du plus profond d'elle même, comme une fleur en bouton aux pétales encore fermées sur un doux secret. Elle aimait Mouhamed. Cela ne faisait aucun doute.

Encore sous le choc, Amina prononça le nom de Mouhamed, d'une voix étrangement enrouée et qui refusait de s'élever plus haut qu'un murmure.

On frappa à la porte de sa chambre.

-Un instant! cria Amina en enfilant sa robe de chambre. La femme de ménage est bien matinale aujourd'hui, songea-t-elle. Elle alla ouvrir et qu'elle ne fut sa surprise de trouver Mouhamed. Il semblait plus jeune et plus beau que dans ses souvenirs malgré l'ombre noire d'une barbe naissante.

-Je pars tôt ce matin et je ne reviendrais que bien tard, expliqua-t-il. Et la femme de ménage n'a pas repassé certaines de mes chemises que j'aime tout particulièrement . Je lui avais pourtant demandé de le faire la semaine dernière. Pourriez-vous lui en toucher un mot?

-C'est vous son employeur, rétorqua Amina, et elle est très à cheval sur la répartition des rôles !

-Apprenez à ne pas outrepasser le votre, voulez-vous? Nul n'est irremplaçable !

Sur ce, Aicha fut son apparition en baillant. Sa ceinture de robe de chambre était mal ajustée Amina s'apprêtait à y remédier quand elle se retint de justesse, craignant de s'attirer les remarques sarcastiques du père. Elle l'entendais déjà clamer que sa fille n'était plus un bébé. Il avait raison sur pas mal de point, mais tout de même  ...

-Je vous laisse, dit-il en embrassant Aicha sur les joues. Une dure journée m'attend!

Mon Patron Et Moi(en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant