— FELIX —
2 septembre 2019, 7h38.
Felix aimait le temps pluvieux.
Aux yeux des autres, ce n'était certainement pas le plus agréable, ni le plus beau. Avoir les chaussettes mouillés, les cheveux dégoulinants dans la nuque et les doigts fripés. Comme aujourd'hui, la pluie attristait et énervait le monde.
Felix aimait la pluie, elle apportait le silence à l'âme. Les cliquetis de l'eau battant contre les pavés de la rue comme seule légère musique, plus d'enfant qui hurlaient dans les rues, plus de femmes qui riaient un peu trop fort, plus d'hommes qui criaient dans leurs téléphones, ou dans le bar de la place, près de l'église.
Felix aimait la pluie, qui narguait la vie, courageuse et téméraire, qui frappait les carreaux des fenêtres. Quand il pleuvait, Felix avait une journée de repos. Elle prenait le relais de sa rébellion, elle prenait sa vie, elle prenait sa colère, et il pouvait se reposer.
Assit sur le rebord de l'épaisse fenêtre de sa chambre, les pieds nus dans le vide, Felix écoutait le calme, les yeux fermés. En face de lui, les pierres de la maison voisine le regardait avec silence, seul observatoire de sa sérénité.
À l'intérieur, dans sa chambre, son disque vinyle tournait encore, diffusant une légère musique d'une chanson qu'il avait finit par connaître sur le bout des doigts. Felix tapotait du doigts sur la pierre en rythme, alors que le son de la guitare se mariait avec la brume que diffusait le ciel.
Il n'y avait pas d'oiseau dehors, seulement des flaques et les tristes réverbères qui subissait la mélancolie de Dieu.
Sur le toit des voisins, la seule représentation de vie tournait au gré du vent. Un coque noir de fer, qui indiquait le Sud, le Nord, l'Est et l'Ouest. Derrière, les montagnes se cachaient sous les nuages trop bas, ça paraissait si loin aux yeux de Felix.Pourtant, elle n'était qu'à trente minute de bagnole, quelques kilomètres, ce n'était pas bien méchant.
Felix croyait en beaucoup de chose. Le monde était pour lui riche et intelligent. Il pouvait croire en Dieu comme croire en la Science. Il pensait que le Big Bang était une dose de magie, avec un peu de hasard. Mais il savait aussi que les vices humains avaient détruit cette prospérité. Avant, les philosophes parlaient d'apocalypse, et Felix était persuadé de la vivre, cette fin du monde tant attendue.
Le soleil explosera que les démons auront déjà tuer la Terre.
Aujourd'hui, tout semblait apocalyptique, d'une grève de train à une catastrophe météorologique. L'Homme abusait du langage, transformait les mots, qualifiait l'inqualifiable, nommait le Personne. Il voyait le mal partout, l'Humain, comme il voyait de l'espoir où il n'y en avait plus. Pour Felix, leur sort était déjà écrit sur le livre de la Vie.
Alors que les doutes grandissaient, que les angoisses se firent sourdes, l'insouciance était devenue le seul échappatoire de leur jeunesse condamnée, Felix le savait.
Depuis toujours, et bien avant sa naissance, la fin du monde avait était imaginé, écrite, romancé. C'était omniprésent, tout au long de l'histoire. Dans les premiers siècles du christianisme à la peur nucléaire après 1945, les crises s'étaient enchaînées, et voilà, le monde était encore debout.
Felix en avait conscience, et pourtant, dans sa crise à lui, son désespoir se faisait de plus en plus profond.
"Ma sagesse est aussi dédaignée que les chaos. Qu'est mon néant, auprès de la stupeur qui vous attend ?"
Rien n'avait jamais sonné aussi vrai, dans la tête de Felix.
Il aimait la pluie, parce qu'elle calmait la peur, elle retardait la fin, sa fin. Felix avait peur de mourir, il se rendait fou du matin au soir, il ne voulait pas disparaître. Pourtant, il laissait l'humanité le faire courir à sa perte.
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Ruins of Our Breath; skz
FanfictionQuand la trahison prend le dessus et que le désir s'abandonne dans un terrible désespoir, la haine se présente comme la plus simple chanson pour l'esprit. Seulement, allé au delà de ce que l'âme demande est encore pire. Han Jisung est réservé, timi...