Chapitre 2

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Les médecins arrivèrent. Ils le regardaient avec mépris. Pourtant, il n'avait pas fait exprès de le blesser. Forcément, lorsqu'on se battait avec lui, on savait très bien qu'on n'en ressortait pas indemne même si ce fut un simple entraînement. Et c'était pire si on le menaçait. Bastian repensa aux paroles qui l'avaient énervé en regardant le chevalier partir sur un cheval noir, entouré des médecins, effarés.

"Au lieu de t'entraîner jour et nuit avec tes épées, tu devrais plutôt garder un œil sur ton taré de frère !" Lui avait-on dit.

Alors voilà... Bastian s'était emporté et avait tranché la jambe de son adversaire. Il est vrai que son frère n'avait pas toute sa tête mais ce n'était pas à lui de s'en occuper. Son père et sa mère pouvaient très bien le faire, après tout.

-Bastian ! Bastian ! Cria-t-on derrière lui.

Le guerrier se retourna et vit arriver l'un de ses collègues. Celui-ci courait tellement vite qu'on aurait dit qu'il ne l'avait pas vu. Mais il s'arrêta dans un dérapage maîtrisé juste devant Bastian.

Celui-ci le dévisagea sans laisser paraître aucune émotion, comme à son habitude.

Le nouvel arrivant continua, essoufflé :

-Bastian, les Fées.

-Quoi "les Fées" ? Renchérit-il, sans la moindre patience.

-Elles nous ont envoyé une lettre. Continua l'homme.

Il avait l'air si anxieux et pressé que Bastian avait déjà une petite idée du contenu de cette lettre.

-Elles disent qu'elles vont nous attaquer, elles disent qu'elles sont prêtes à déclencher la guerre contre les Guerriers pour venger les Sauvages.

-Ah ! Ok. Bastian marqua une pause puis reprit, semblant se souvenir d'un détail : Oui, c'est vrai, les Sauvages. C'est parce que nous les avons attaqués le mois dernier.

-C'est ça ! Puisqu'elles ont fait une alliance avec eux... Ben, il est de leur devoir de les venger, enfin, ça c'est ce qu'elles disent dans la lettre.

Bastian leva son bras musclé et appuya sa main sur l'épaule de l'autre Guerrier.

-Et alors. Est-ce-que c'est à moi de prendre les décisions ici ?

Avant que l'autre ne réponde, Bastian hurla :

-BEN MALHEUREUSEMENT, NON !

-Je s...Je sais. Fit l'homme, désormais recroquevillé sur lui-même.

-Alors pourquoi viens-tu ici pour me dire cela cher ami ? Continua-t-il sur un ton calme qui donnait l'impression qu'il se contenait d'exploser. Tu sais que je déteste quand on m'interrompt lors de mes échauffements ? Tu dois sûrement le savoir, c'est connu, non ? ALORS POURQUOI T'ES LA ?

Soudain, une sonnerie se fit retentir à travers tout le territoire. Bastian leva la tête, surpris. Il attendit qu'elle se termine puis dit, à l'égard de son collègue :

-Pardon. J'me suis emporté. J'ai compris pourquoi tu es venu. La guerre... Encore.

-C'est pas grave, j'ai l'habitude. Ma mère m'a toujours dit que j'avais une tête de victime, c'est peut-être pour ça qu'on me crache dessus lorsqu'on me parle. Lança le Guerrier en repartant.

Bastian se senti rougir. Il voulu demander pardon mais abandonna, un guerrier ne dit jamais "pardon". Il retira l'épée qu'il avait plantée dans le sol après avoir coupé la jambe droite du chevalier et essuya contre le tissu qui l'habillait le sang qui y était resté.

Bastian détestait tout le monde, lui même ne passait pas à la trappe. Il était trop impulsif, il n'arrivait pas à s'attacher aux gens qui l'entouraient et il ne pensait qu'à se battre.

La sonnerie qu'il venait d'entendre servait à alerter les guerriers pour qu'ils rejoignent leur chef, Aratorn Senton, afin que celui-ci sélectionne le nombre de combattants dont il avait besoin pour la guerre.

"Une guerre... encore. Et cette fois ci, contre un peuple qui, à la base, est plutôt pacifiste." Pensa-t-il froidement.

C'est alors qu'il entendit, derrière lui, des pas, lents, comme si une personne boitant ou saoul s'approchait de lui. Il se retourna et manqua de tomber en arrière lorsqu'il découvrit, en face de lui, son frère.

Il devait sûrement s'être, encore une fois, échappé de l'asile. Il avait le regard dans le vide et paraissait heureux car son visage était tordu par un sourire terrifiant.

-Hey p'tit frère ! Que fais-tu là ? Se risqua-t-il de demander, le ton chevrotant.

-Hey grand frère...Je me promène...Pourquoi, j'ai pas le droit ?

Bastian frissonna à l'écoute de la voix aiguë et criarde de son frère.

-Ben... Pas vraiment... Tu devrais être à l'as...

-Où ça ?

L'aîné Inspira une grande bouffée d'air avant de reprendre :

-A l'asile.

Comme il l'avait imaginé, son frère se mit à hurler. Il se roula par terre, se tint la tête avec les mains, émit différents cris plus laids les uns que les autres avant de se relever.

Bastian se prépara à lui sauter dessus au cas où il ferait comme la dernière fois qu'il avait piqué une de ses crises de folie, il sortirait une arme et trancherait la tête de la moindre personne avec qui il croiserait son regard injecté de sang.

Elias ne semblait pas bouger, il ne pouvait pas non plus pouvoir cacher d'arme vu la simple robe fluide beige qu'il portait.

-Allez Elias... Tu vas me suivre et on va tranquillement rejoindre ta chambre, d'accord ? tenta Bastian en s'approchant du malade.

-NON NON NON ! S'égosilla le cadet. Je veux pas, j'ai pas envie !!!

Bastian réussi à prendre la main de son frère. Ce dernier reprit, en changeant nettement la tonalité de sa voix :

-Rocka veut pas non plus.... Rocka est un hippopotame libre ! Il veut apprendre à voler !

-Et c'est reparti ! Marmonna Bastian.

Elias avait toujours cru qu'un hippopotame logeait dans son crâne et que, grâce à lui, il pourrait un jour voler. C'était une des raisons qui l'obligeait à rester enfermé dans une chambre à l'asile.

C'est alors que Elias se mit à courir en direction des remparts. Bastian sentit son cœur s'arrêter durant à peine deux secondes pour repartir en même temps que ses jambes.

-ELIAS ! Reviens ! Hurla le Guerrier.

Elias continua sa course et lorsqu'il arriva devant le haut mur il se mit à grimper. Il l'escalada tellement vite que Bastian ne put réussir à l'attraper lorsqu'il sauta dans le vide, les bras battants.

-Allez Rocka, VOLE !!!! Proféra Elias tandis que le poids de son corps l'entraînait derrière les remparts. 

ORNO quête à l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant