ORNO quête à l'âme

Chapitre 4

 Destiny se leva aux aurores. Elle recouvrit son corps d'une tunique qui, autrefois, était d'une teinte verte et d'un short qu'on ne voyait pas ressortir mais qui s'avérait indispensable lorsqu'elle grimpait aux arbres ou s'entraînait. Elle y ajouta un pendentif en Ambre, celui que ses grands-parents lui avaient offert lors de son sixième anniversaire. Depuis, elle ne les avait plus jamais revus : ils avaient décidé de quitter la zone Elfique et de voyager à travers Ziemia.

Après avoir accroché une ceinture en cuir autour de sa taille, elle plaça deux poignards de chaque côtés. La jeune fille inspira un bond coup et tira la couverture qui se trouvait devant elle. Elle découvrit alors son père en train de couper la tête de poissons sur la table du "salon" et sa mère en pleine rédaction. Celle-ci avait la chance de savoir écrire, c'était d'ailleurs l'une des seules Elfes à avoir cette faculté.

Destiny tenta sa chance et passa le plus vite et le plus discrètement possible derrière le canapé en espérant atteindre la porte sans se faire remarquer. Cette perspective s'effaça d'un seul coup lorsque la voix rauque d'Eliro se fit retentir, l'appelant.

Destiny grogna en faisant très attention à le faire plus intérieurement que extérieurement.

-Quoi !

-Viens t'asseoir, ta mère et moi avons à te parler.

L'Elfe sentit ses longues oreilles perdre de l'altitude, synonyme de mauvais pré-sentiment.

-Allez ! S'impatientait la mère.

Celle-ci s'était assise près de l'homme et regardait sa fille avec mécontentement.

Destiny s'approcha et s'agenouilla face à ses ennemis, le regard sombre.

-Vous allez encore m'interdire de sortir ?!

Les parents échangèrent un regard. C'est la mère qui prit la parole :

-Nous en avons assez de tes caprices. Tu vas rester ici. Si tu sors, nous serons dans l'obligation de...

-De quoi ? Coupa brusquement la fille. De me fouetter, de me bâillonner ?! Parce que j'ai l'impression qu'en dix sept ans c'est tout ce que vous avez fait !

C'est alors qu'Eliro intervint, le ton lassé :

-Si l'une des victimes, sous l'emprise d'Orno, venait à te posséder, il pourrait accéder au clan et tous nous tuer. Nous serions anéantis.

Destiny réfléchit un instant puis dit, la voix plutôt calme :

-Parce que vous ne pensez même pas à moi, vous ne pensez qu'à votre clan, qu'à la survie de votre espèce !

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Le père se releva d'un bond, faisant valser la table et les poissons que Destiny se prit en pleine tête.

-Tu crois vraiment que l'on t'aime pauvre gamine ?! Hurla-t-il à faire trembler les murs de la pièce.

-Eliro ! Plaça sa femme.

Un seul mot qui voulait tout dire. Il cracha au sol et fixa sa progéniture avec mépris. Celle-ci avait sortit, par réflexe, l'un de ses couteaux et le tenait d'une main ferme en face d'elle.

-Regarde-la ! Dit l'Elfe à l'égard de la femme. On ne pourra plus jamais la résonner.

La mère tenta de s'approcher de Destiny mais celle-ci braqua son arme devant son visage. Elle recula.

-Mais écoute nous, enfin ! Continuait-il. Tu n'as plus dix ans, tu peux comprendre la situation sans que l'on te punisse, non ?

Soudain, un détail revint à l'esprit de la jeune Elfe. Elle sentit son cœur accélérer la cadence, son sourire se dessiner et ses muscles se décontracter sans même qu'elle ne le veuille. Simplement grâce à une pensée mélodieuse, celle qu'elle avait, aujourd'hui même, atteint ses dix huit ans.

-Qu'est-ce-qu'elle a encore !? Gronda Eliro.

-J'ai dix huit ans.

L'homme eu du mal à avaler sa salive. La femme, elle, manqua de s'évanouir.

Eliro tenta de parler plusieurs fois mais ce ne fut qu'à la troisième tentatives qu'il dit :

-Enfin...Je n'y pensais plus...

-Ce n'est pas possible.... Continuait la femme.

Destiny ne réussit à déchiffrer leur expression. Elle ne savait pas s'ils étaient accablés ou, au contraire, enchantés.

Son père se leva. Il frôla sa fille en passant devant elle et atteignit la poignée. Il ouvrit la porte en la regardant et finit par dire :

-Dégage !

Pour le coup, Destiny ne savait plus quoi dire ni même quoi faire. Elle tourna la tête vers sa mère.

-Tu n'as pas compris ? Toi qui désirais tant être libre ! Eh bien voilà, va rejoindre l'armée avant qu'il ne parte ! Leur prochaine guerre est dans peu de temps.

-Mais...

-Mais quoi ? Il te manque la moitié du cerveau ou quoi ? Va t-en !

La jeune fille sentit des larmes remplirent ses orbites mais ne les laissa pas couler. Elle se reprit et, après avoir attrapé son arc, elle quitta la cabane.