Chapitre 3

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C'étaient les seules fois où Riddji supportait de donner son argent. Il est vrai que les Pirates étaient connus pour être très avares mais lui préférait verser un petit peu de sa fortune pour une chose dont il ne pouvait se passer : la drogue.

Le Pirate saisi le petit sachet qu'un homme pouilleux lui tendait. Il fit sauter des pièces dans la main du "vendeur" puis repartit, satisfait, en direction de son navire.

Riddji faisait parti d'un équipage qui avait pour but de chercher des endroits où se trouvaient de l'or. Ils parcouraient donc les mers et les océans de chaque partie de Ziemia en s'arrêtant sur les plages ou dans les ports dont ils avaient envie. Les Pirates avaient la réputation d'être plutôt agréables et simplets. Pour la plupart, ils semblaient toujours être saoul. Leur principale qualité était leurs incroyables stratégies pour voler, que ce soit en mer ou sur terre, ils étaient imbattables.

Riddji marchait tranquillement, l'air ailleurs, le long du port. A chaque fois qu'il rencontrait une femme, il lui souriait et lui lançait un "bonjour" qui se voulait séducteur. Les femmes le trouvaient assez beau, plutôt séduisant. Ses cheveux blonds étaient attachés en une petite queue de cheval derrière sa tête qui, elle, était ronde et faisait penser à celle d'un enfant. Sa démarche ne passait pas inaperçue, elle non plus. En effet, le Pirate accompagnait ses pas d'un petit rythme, une petite danse qui le faisait passer pour un homme fort heureux. Ses habits, quand à eux, étaient, comme pratiquement la moitié de la population Piratesque, rapiécé et se composaient principalement de grands bout de tissu. Une ceinture permettait de faire tenir le tout et ses deux pistolets rangés de chaque côté de sa taille.

Il se demandait bien pourquoi les femmes paraissaient si attirées par lui. Malgré le fait que cela lui plaisait, il n'était pas musclé, ni grand, ni même riche, et les femmes Pirates préféraient habituellement ce genre d'homme.

Lorsqu'il arriva devant le bateau prénommé le "Vagabond", l'un des membres de l'équipage vint à sa rencontre. Il portait un lourd tonneau de vin qui cachait la moitié de son visage mal rasé.

-Salut Riddjidji ! Lança celui-ci en s'arrêtant devant son ami.

-'lut. C'est gentil d'mavoir attendu. Z'êtes pas parti sans votre bon vieux armateur.

-Ha ça non ! On sait très bien désormais que tu peux disparaître à tous moments, on se prépare !

Le Pirate lâcha son tonneau, fixa Riddji et finit par dire :

-Tu veux bien, pour une fois, nous aider en emportant c'te tonneau dans la cave, là bas ?

Riddji suivit du regard le bras de son ami qui montrait un cabanon déjà plein de marchandise.

Il renifla bruyamment et dit :

-Ben bien sûr, j'suis ton pote.

L'autre acquiesça puis, le sourire aux lèvres, il repartit vers le navire.

Riddji attrapa le tonneau et se mit en direction de la cave. A peine la moitié du chemin faite qu'il s'arrêta, posa les cinquante litres de vin et s'assit sur le tonneau en soufflant.

-Ouf ! M'avait pas dit qu'il était si lourd c'te machine ! Ça mérite une petite récompense quand même !

Alors, il piocha une cigarette dans la poche de son veston et l'alluma. Il la passa entre ses lèvres, inspira et, comme par magie, tout son corps se détendit. Mais la cigarette ne lui suffisait pas. Il se plaça face au baril et, grâce à ses longs ongles, il fit sauter le bouchon et un liquide bordeaux jaillit. Il retira sa friandise de sa bouche, s'allongea et casa sa tête sous le flot de vin de façon à en boire le plus possible. Cette technique ne porta pas ses fruits et les trois quarts de l'alcool furent versés par terre. Le tonneau se vida progressivement en même temps que le cerveau de Riddji se détruisait.

Soudain, il sentit quelque chose lui taper la jambe gauche. Il se redressa, prêt à crier sur la personne qui, par inadvertance, lui aurait poussé le membre. Mais ce qu'il vit en face de lui le fit totalement changer d'avis. Il se racla la gorge, gêné, regarda par dessus son épaule et finit par dire :

-C'est pas ma faute ! C'est l' bouchon qu'est parti tout seul, j'vous jure !

En face de lui se tenait le capitaine du "Vagabond". Connu pour être autoritaire et doué pour la capitainerie, il avait parcouru pas moins de l'ensemble des mers de Ziemia. On racontait même qu'il aurait rencontré le "grand vide" et qu'il serait tombé dedans.

Riddji ne croyais pas au "grand vide", le pire cauchemar des pirates. Ce soit-disant trou géant aspirant le moindre homme à qui il aurait prit l'envie d'en observer les contours était, pour le Pirate, un conte pour enfant ou adulte naïf.

-Pourquoi buvais-tu alors son contenu au lieu d'essayer de le contenir ? Demanda le flibustier, dans sa longue barbe noire et rempli de bague en or et en argent.

-Ben...Riddji paniqua, déglutit et expliqua, sur une voix qui se voulait assuré : C'était pour pas gaspiller. Le vin c'est très cher vous savez ! J'suis un homme bon moi ! J'balance pas du fric comme ça !

Le capitaine leva un sourcil mais, voyant que son interlocuteur était, comme souvent, entièrement saoul et drogué, il laissa tomber et lui ordonna simplement de le suivre sur le navire et d'attendre le départ sagement, dans la soute.

-On va où ? Interrogea Riddji, dans le dos du vieux Pirate, le pas chancelant.

-Chez les fées. Avant que son matelot ne pose la question, il s'empressa d'expliquer que c'était pour faire un repérage et se rendre compte des richesses que possédaient leurs voisins.

Riddji hocha la tête tout en allumant une seconde cigarette après avoir jeté la précédente à l'eau.  

ORNO quête à l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant