Elly Black

La volière

Le lendemain, Elly fût la première de son dortoir à se réveiller. Des rayons de lumières transperçaient l'eau turquoise et se glissaient entre les rideaux, de manière à ce que, même si la pièce était sombre, elle avait assez de lumière pour y voir quelque chose. Embrouillée par le sommeil, elle mit un moment à réaliser qu'elle n'était pas dans sa chambre froide et impersonnelle de Dumstrang, mais bien dans un dortoir somptueux en compagnie de ses nouvelles amies. Elle remarqua que deux autres filles qu'elle n'avait pas encore rencontrées étaient allongées dans leur lit. Elly tenta de se rendormir, mais elle eu beau y mettre toute sa volonté, son excitation était beaucoup trop grande. Elle s'habilla aussi vite qu'elle le put et se glissa à pas de loups hors du dortoir. Elle marcha avec des pas vif vers la salle commune, où elle salua un septième année qui lisait un journal et sembla surpris de la voir, puis ouvrit la porte en marbre et se glissa à l'extérieur.
Elle grimpa des escaliers et glissa le long de couloirs à sa guise, s'arrêtant ici et là pour admirer des peintures et regarder à l'intérieur des classes, la plupart du temps vides. Dans le cas contraire, Elly s'éclipsait avant qu'on ne la voit. Même si elle était très curieuse, elle s'était forgée une mentalité de fer et avait appris à ne jamais se faire prendre sur le fait lorsqu'elle commettait une bêtise, en connaissant le coût. La jeune Serpentard prenait beaucoup de plaisir à déambuler dans les couloirs dans le quasi silence endormi qui régnait, explorant les recoins mystérieux, découvrant des escaliers ambulants et des tableaux bavards. Elle finit par atterrir sans trop savoir comment dans une volière, et, lorsqu'elle entra, fût submergée par un tourbillon de plumes brunes, blanches, beiges, noires et écailles de tortues.
Elle repéra le rebord d'une fenêtre en pierre dont la vitre semblait avoir disparue longtemps auparavant et dépoussiéra sa place avant de s'y assoir. Elle admira les collines vertes, les montagnes au loin et la brume qui s'étendait sur le lac avec nostalgie. Ce paysage lui rappelait une autre époque, ancienne et enfouie au fin fond de sa mémoire. Elle connaissait ces collines, ces montagnes. Elle avait vécu ici. Pourtant, même en s'y forçant, elle n'arrivait pas à se souvenir de quoi que ce soit d'autre. À ce qu'elle sache, elle avait toujours vécu à Dumstrang, revenant chez ses parents qui avaient une maison près de l'école pour les vacances. Elle n'avait aucune idée de ce qui lui arrivait et une grande frustration s'empara d'elle. Et d'un coup, comme si elle venait de débloquer quelque chose en elle, elle se remémora tous les événements qui l'avait forcée à quitter Dumstrang et qu'elle avait tenté d'oublier. Alina, le professeur Ferg, la bataille, l'humiliation et sa colère. Elle en gardait un sentiment intense, comme une marque de brûlure au fer rouge. La panique l'envahie et elle se força à respirer calmement. Elle s'apprêtait à éclater en sanglot lorsqu'une voix familière prononça son nom.