Et s'aimer encore (Demain nous appartient - Clemax - NOUVELLE)

Chapitre 4 - Oui

L'adjoint au maire qui officia les accueillit chaleureusement. Il loua la beauté de la mariée et la témérité de son fiancé. C'était un petit homme rond à qui donner un âge était bien difficile. Sa bonhomie contagieuse arracha des sourires discrets à la petite foule endimanchée rassemblée derrière le couple. Il ne les connaissait pas, ne savait rien de leur histoire. Il se contentait de célébrer les deux êtres qui se présentait devant lui pour se promettre respect, fidélité, secours et assistance. Le soir il rentrerait chez lui et annoncerait à sa femme :
— J'ai marié un couple aujourd'hui, elle avait au moins vingt ans de plus que lui !
La femme hausserait les épaules, s'en retournerait à sa cuisine et ils discuteraient ensuite de l'organisation du réveillon de Noël, et ainsi Clémentine et Maxime seraient devenus des époux comme les autres ; aux yeux de la loi et ceux de leurs proches.
Quand Maxime prononça « oui », ce si petit mot, Chloé versa une larme et s'appuya contre l'épaule d'Alex, qui lui étreignit la main, ému lui aussi. Ce n'est pas tous les jours qu'on marie son fils aîné. Sur ses genoux, son fils cadet ne se rendait pas compte de ce que vivait son frère.
L'assemblée était plus clairsemée du côté de la mariée, mais Garance avait bien fait le déplacement, accompagnée de son petit ami, que Clémentine ne connaissait pas encore. Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés dans un bar à Toulouse l'année précédente, il avait trois ans de plus qu'elle. Trois ans de plus que Maxime, son nouveau beau-père.
Le premier baiser que Maxime et Clémentine échangèrent en tant que mari et femme fut bref et modeste, caché derrière leurs sourires. Un sifflement parvint du fond de la salle, suivi de forts applaudissements. Clémentine attribua le chahut à Dylan Moreno ou Mathias Gardel. De tous les amis du lycée que Maxime côtoyait toujours, ces deux-là peinaient à quitter l'adolescence. Mais Clémentine avait beaucoup d'affection pour ses anciens élèves. Bizarrement, elle était mieux acceptée dans ce petit groupe (complété par Jessica Moreno, la sœur de Dylan, Margot Robert – ex de Maxime, mais ça, elle refusait d'y penser – et son compagnon Kilian) que par les amis étudiants de Maxime qui ne l'avaient pas connue en tant que professeure et ne comprenaient rien à leur histoire.
Bien sûr ça n'avait pas été évident au départ. Maxime se partageait en trois : il avait sa vie étudiante à Toulouse, ses amis et sa famille à Sète, et Clémentine. Un jour la petite bande lui fit remarquer qu'il les délaissait un peu trop, tandis qu'il consacrait de plus en plus de son temps à Clémentine. Alors un soir, refusant de choisir entre une soirée à boire des coups au Spoon – leur café favori – et la chaleur des bras de sa compagne le temps de quelques épisodes de la série qu'ils suivaient à ce moment-là, Maxime avait proposé à Clémentine de l'accompagner.
Les yeux écarquillés, les jeunes gens avaient accueilli sèchement le couple. Clémentine en avait voulu à Maxime, elle n'avait pas saisi que ses amis n'étaient pas au courant de sa venue. Maxime, exaspéré par l'immobilité de l'une et le comportement puéril des autres, les avait plantés là, et était sorti en râlant. Clémentine voulut le suivre.
— Attendez... ! avait hésité Jessica.
Clémentine aurait préféré fuir, mais elle devait cet effort à Maxime. Peut-être n'avait-elle pas mesuré à quel point sa situation était inconfortable. Alors elle était restée. Jessica et Margot avaient mené les échanges, et au bout de quelques minutes l'ambiance s'était nettement détendue. Maxime était revenu honteux, mais tous l'avaient remercié et s'étaient excusés. La soirée s'était terminée par un tournoi mémorable de baby-foot, remporté haut la main par le couple de sportifs, face à un binôme Dylan-Mathias dépité qui s'avoua vaincu et paya sa tournée. Après ça, il n'y eut plus de malaise, et Clémentine fut invitée à chacune de leur sortie. Elle déclinait souvent, pas vraiment sur la même longueur d'ondes qu'eux, mais Maxime ne se sentait plus tiraillé, c'était l'essentiel.
Des embrassades, des vœux de bonheur, quelques larmes, d'autres embrassades, des flashes. A peine sortis de la mairie, Clémentine et Maxime furent emportés dans un tourbillon qui marquait le début des festivités. Les témoins prirent les choses en main, guidant les invités pour la suite du programme. Les époux furent poussés sur la banquette arrière d'une voiture rutilante décorée en accord avec le thème du mariage. Quand les portières claquèrent, avant que Bart ne s'installe derrière le volant, un silence inattendu les enveloppa.
Clémentine joignit leurs deux mains pour observer les alliances à l'intérieur desquelles la même inscription secrète était gravée, symbole de leur engagement. Plus émue qu'elle ne l'avait imaginé, elle leva les yeux vers Maxime.
— Je t'aime, dit-elle simplement, incapable de trouver des mots plus éloquents pour exprimer tout l'amour qu'elle lui portait à cet instant.
Le visage de Maxime reflétait ses sentiments, il se pencha vers elle pour l'embrasser, sans cesser de sourire.