Chapitre 5 - La fête

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Ils avaient voulu un mariage simple, sans prétention. Assise en plein centre de la table d'honneur, Clémentine balaya la salle du regard d'un œil satisfait. L'ambiance semblait au beau fixe sur chacune des tables rondes disposées dans la salle. En témoignait les éclats de rire, les discussions enflammées, une fourchette qui tombe, les verres qui s'entrechoquent. Seule la table des enfants était vide. Les quelques bambins présents courraient partout, revenaient de temps en temps picorer un morceau dans leur assiette ou étancher leur soif d'avoir trop galopé, les joues rouges et les nuques chaudes, et retournaient aussitôt à leurs aventures. Ils jouissaient de la liberté offerte par leurs parents qui n'avaient pas le goût de leur demander de rester à table, de finir leur assiette, de faire attention, de faire moins de bruit.
Même Garance semblait s'amuser. Elle partageait la table de ses anciens amis du lycée et rattrapait le temps perdu. Tant qu'ils ne lui parlaient pas trop de Maxime. Clémentine aurait bien aimé l'avoir à ses côtés sur la grande table qu'elle partageait avec son jeune mari, Bart et son petit ami, Chloé et Alex, mais Garance avait décliné la proposition. Ne cautionnant pas vraiment ce mariage, elle ne souhaitait pas occuper une place d'honneur. D'ailleurs, dès le repas terminé, aussitôt qu'un départ serait possible sans paraître précipité, elle s'éclipserait avec son compagnon, que Clémentine ne connaîtrait toujours pas vraiment à l'issue de cette journée.
Clémentine chassa la mélancolie qui la gagnait en secouant la tête et se tourna vers Maxime. Il rayonnait. Les formalités passées à la mairie, sa femme ne s'étant pas échappée en courant au dernier moment, il ne restait que la fête et il en profitait pleinement.
Elle avait fini son assiette mais lui n'avait pas encore touché au plat qu'il avait pourtant choisi, il était trop occupé à discuter.
— Mon cœur, tu devrais manger ! Ça va être froid !
Maxime tourna un visage amoureux vers elle. Il aimait comme parfois elle se souciait de son bien-être au point d'adopter une attitude presque maternelle.
— Je vais faire un tour, ajouta Clémentine, pour voir comment ça se passe.
Il l'attrapa tandis qu'elle se levait et baisa sa main baguée. Elle lui sourit et s'éloigna vers la table adjacente où étaient regroupés les plus âgés des invités. Renaud était plongé dans un échange joyeux et décousu avec l'oncle de Clémentine, tous deux faisaient honneur au vin sélectionné par les mariés que les serveurs, vigilants, remplaçaient dès qu'une bouteille était vide. Les deux grands-mères de Maxime discutaient plus sereinement, et faisaient connaissance avec sa tante. Le frère de sa mère et son épouse constituaient la seule famille proche qu'il restait à Clémentine. Et encore, ils s'étaient très peu vus depuis la mort de ses parents, alors qu'elle était étudiante. Son père était fils unique. Elle sentait une pointe de jalousie parfois quand elle voyait l'étendue de la famille de Maxime et l'affection qu'ils avaient les uns pour les autres. Mais c'était aussi sa famille maintenant. D'ailleurs Marianne la félicitait de nouveau, pour son mariage et pour l'organisation de la journée. Connaissant l'exigence de Marianne, ce n'étaient pas des paroles à prendre à la légère.
— Merci, mais c'est surtout à Maxime qu'on doit tout ça ! avoua Clémentine.
— Allons, tout ce qu'il a fait c'est pour toi, donc tu y es aussi un peu pour quelque chose ! répondit malicieusement Marianne.
Un peu plus loin, Clémentine trouva Gabin tout seul dans un coin, rattrapé par la fatigue. A quatre ans, le petit frère de Maxime était trop petit pour suivre les jeux des autres. Elle lui tendit la main et il trottina vers elle pour l'agripper.
Ils s'aimaient bien, tous les deux.
Elle aurait bien aimé avoir un enfant de Maxime. La grossesse tardive de Chloé lui avait donné de l'espoir. Avec Maxime ils avaient arrêté tout moyen de contraception deux ans plus tôt, après ce fameux été qui avait failli voir la fin de leur couple, mais rien n'était arrivé. Le sujet ne les préoccupait pas, ils ne vivaient pas dans l'attente ; si le miracle se produisait ils seraient les plus heureux, mais ils refusaient de s'aliéner à un espoir trop mince.
— Alors ? Quand est-ce que vous vous y mettez, tous les deux ? demanda un cousin de Maxime de la table d'à-côté en avisant Clémentine se mettre au pas de son jeune beau-frère.
Elle se contenta de sourire et continua d'avancer. Les gens étaient parfois maladroits.
Quatre heures plus tard, Maxime sautait sur la piste de danse en hurlant, bras dessus bras dessous avec Dylan, la chemise sortie de son pantalon largement ouverte sur son torse. Le traiteur était parti, la plupart des invités étaient rentrés se coucher. Seuls restaient leurs amis les plus proches. Clémentine raccompagna ses beaux-parents jusqu'à la porte, Gabin dormait profondément dans les bras de son père, sourd à l'ambiance survoltée autour de lui. Chloé la prit dans ses bras.
— Bon courage !
Clémentine rit mais s'empressa de rejoindre Maxime. Elle se colla derrière lui et posa son menton sur son épaule. Ses mains sur son torse se firent baladeuses. Il se retourna pour l'embrasser avidement, sous les acclamations de leurs camarades.

Et s'aimer encore  (Demain nous appartient - Clemax - NOUVELLE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant