UNDER YOUR WINGS

6 - Retrouvailles

Le combat fut rude mais nous avons malgré tout réussi à vaincre la menace qui pesait sur la ville. Tout semble tout à coup plus calme. Je sens mon corps se relâcher totalement, j'ai puisé dans l'intégralité de mes forces vitales pour aller au bout de ce combat. Je ne sens plus mes jambes et mon corps est tout à coup attiré par l'attraction terrestre comme il ne l'a jamais été. Mes genoux s'écrasent au sol et je me retrouve paralysée mais à la fois transcendée par une vague de soulagement.

Ma vue est de plus en plus trouble mais je distingue Hawks se précipitant vers notre numéro un pour l'aider à se déplacer vers les secours. Je n'ai jamais été parcourue par autant de sensations au même moment, j'ai vraiment cru que c'était la fin pour moi et pour nous tous mais je suis extrêmement fière de ce que nous avons réussi à accomplir aujourd'hui. Peut-être qu'enfin, l'espoir va refaire surface.

Cette intervention m'aura offert l'occasion de travailler avec les deux héros les plus puissants et appréciés du moment, je devrais considérer cela comme un véritable honneur. Malgré tout, je ne me sens pas vraiment prête à quitter l'agence dans laquelle j'ai pu effectuer mes débuts en tant qu'héroïne professionnelle, je me sens encore tiraillée entre la tristesse et la nostalgie.

Pendant le court instant durant lequel je me remets de mes émotions et que je tente de me relever, je sens mon corps de plus en plus lourd. Je parviens à l'aide d'un peu d'acharnement à me remettre sur mes deux jambes et tente de me diriger vers mes collègues mais me retrouve soudainement interrompue dans mon mouvement par une forte vague de chaleur. Du feu ? Endeavor est incapable d'utiliser son alter, il n'est d'ailleurs plus en état de quoique ce soit. Non, ça ne peut pas être lui. Cette chaleur, elle est bien plus ardente que celle du héros incandescent.

Des flammes bleues d'une puissance incommensurable me barrent le passage et forment alors un cercle, laissant Hawks et Endeavor au centre d'une prison de feu. Un rire sournois résonne et j'entends la voix du preneur d'otage retentir grâce à l'écho :

"-Attendez attendez, c'est pas vraiment comme ça que les choses étaient censées se passer."

La chaleur est insoutenable et d'une telle intensité que l'air en devient irrespirable. Mes côtes appuient depuis un très long moment sur mes poumons, ne facilitant déjà pas vraiment mes capacités respiratoires et je sens que je suis au bord de la perte de connaissance. Cependant, je ne peux pas laisser Hawks seul, sans son alter et qui plus est, avec Endeavor sur les bras.

Je ne peux pas le laisser les approcher et leur faire du mal. J'étouffe un cri lorsque l'une de mes côtes vient s'écraser sur mon poumon gauche, je prends appuie sur le morceau de mur qui se situe sur ma droite et me maintient debout à l'aide de mon alter que j'utilise pour me suspendre telle une marionnette et faciliter mes déplacements. Je m'étire autant que mon corps me le permet pour surplomber la scène et, à la simple vue de l'ennemi, je m'effondre alors instantanément, mon corps ne résiste plus et mes émotions me submergent. Cette chaleur, l'aura présente à cet instant ravivent en moi des souvenirs que je pensais pourtant éteints au plus profond de ma mémoire.

Je me sens tout à coup victime d'une immense vague de frissons qui parcourent l'entièreté de mon corps. Je me situe à la limite de la prison de feu créée par celui dont je ne peux même plus prononcer le nom. Des larmes se mettent à perler sur mes joues et mon cœur se resserre sur lui-même, je sens même que celui-ci rate quelques battements. Je ne peux pas imaginer le revoir après tout ce temps. Pas comme ça. Pas ici. J'ai l'impression de devenir dingue et de me perdre dans une hallucination violente. Je suis épuisée et gravement blessée mais j'ai pourtant l'impression d'avoir encore toute ma tête. Que se passe-t-il ? Mes coudes s'écrasent au sol et je ne parviens plus à contrôler ces horribles sentiments qui me tiraillent et me rongent. Soudainement, j'entends de nouveau cette voix reprendre la parole sur un ton qui ne m'est que trop familier :