UNDER YOUR WINGS

17 - Multiples facettes

A la suite de notre échange, Hawks décide alors de me raccompagner jusqu'à chez moi, tout en me conseillant de prendre quelques jours de congés, en anticipation les suivants qui vont être les plus rudes que ceux que je n'ai jamais eu à subir. Je suis si fatiguée qu'il m'est difficile de m'imaginer encaisser plus éprouvant mais je n'ai pas choisi cette voie pour me reposer sur mes lauriers. Toutes ces révélations, toutes ces histoires qui se croisent et s'entremêlent dans ma tête finiront par avoir raison de moi. Je ne suis pas sûre d'avoir un mental suffisamment solide pour affronter tout cela, je me sens encore faible même si j'ai pourtant effectué un bon bout de chemin jusqu'à aujourd'hui. Néanmoins, j'ai conscience que j'ai encore beaucoup à prouver, notamment à mon vieil ami ; Toya.

Je ne pense pas pouvoir être capable d'oublier ce jour, j'ai beau avoir essayé de toutes mes forces, il m'est tout simplement impossible de me sortir ces images de la tête, comme une boucle sans fin. L'air était si brûlant qu'il en était irrespirable. La puissance de ses flammes était si intense, qu'elle surpassait de loin tout ce que j'avais pu imaginer. Cette couleur, ce bleu aussi flamboyant et suffoquant, je ne peux pas l'oublier. Sa chaleur est insoutenable et pourtant, celle-ci a toujours autant ce pouvoir de glacer instantanément mon sang. Crématorium, c'est donc sous ce nom que tu souhaites aujourd'hui être appelé. Ces marques, ces cicatrices qui habillent aujourd'hui l'entièreté de ton corps, est-elle le reflet de cette folie qui te rongeait presque autant que la mienne ?

Je m'efforce de garder la tête froide et, malgré une fatigue déroutante, je suis incapable de fermer l'oeil. J'ai encore bien trop de questions en tête qui ne trouvent toujours pas leur réponse. Je me sens à la fois impuissante et coupable de ce qui est en train de m'arriver, de nous arriver. Je décide de laisser mon corps se relâcher du mieux que je le peux et laisse tout mon poids s'effondrer et s'engouffrer dans mon lit. La tête enfouie dans mon oreiller, je demeure néanmoins si pensive que je ne trouve pas le sommeil, comme si ma fatigue s'était soudainement évaporée. Je dois cependant ménager ma santé et tente de fermer les yeux une dernière fois, laissant toutes ces émotions qui me rongent au plus profond de ma conscience pour espérer récupérer quelques heures de repos.

Plongée dans un léger sommeil, je suis brusquement réveillée lorsqu'un lourd bruit vient retentir contre ma porte fenêtre. Je peine à reprendre mes esprits mais me redresse et avance lentement vers celle-ci, le palpitant battant son plein. Je lève le bras, m'empare de mon rideau avant de légèrement l'ouvrir pour entrevoir d'où provenait ce son. Lorsque le rideau me permet de voir ce qu'il se trouve derrière cette vitre, une vague de frissons envahi tout à coup l'intégralité de mon corps, se retrouvant alors figé. Une voix grave vient alors troubler ma paralysie :

"Je te sors du lit ? J'en suis désolé mais il fallait qu'on ait une petite discussion toi et moi et, de manière plus privée.

-Qu'est-ce que tu fiches ici ? Et, attends, comment as-tu trouvé mon adresse ?

-J'ai mes sources, c'était pas si difficile que ça en a l'air. Tu devrais être plus méfiante.

-Qu'est-ce que tu me veux bordel ?

-Hé... Détend-toi... Écoute... J'ai conscience que ces retrouvailles sont très loin d'être celles auxquelles tu t'attendais et...

-M'attendre à quoi, Toya ?! Tout le monde a cru à ta mort !

-Et tout le monde continuera d'y croire, à moins que ne souhaites t'opposer à ma propre volonté ? Tu prendrais ce risque ? J'en doute...