Chapitre 14. II.

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Lowell digérait difficilement la nouvelle. Entendre les prénoms de ses parents avait ravivé en lui la douleur de leur décès. Il revivait la scène, sous ses yeux, assimilant cela à sa toute nouvelle découverte. Il revoyait la merveilleuse petite rousse qu'était Anaïs, le grand et protecteur père qu'avait été Jon. Il revoyait leurs sourires, il entendait leurs voix... Puis leurs larmes et leurs hurlements lorsqu'ils avaient été arraché à la vie de la plus cruelle des façons. Son père et sa mère, morts. Sa mère qui descendait du tout premier des faucheurs, sa mère qui avait raison lorsqu'elle prétendait descendre des frères Grimm. Leur conte de fée avait tourné au cauchemar.

Un instant, il crut qu'il allait véritablement perdre pieds, comme ces fois où sa conscience s'éteignait pour laisser place à la Lune. Mais quelque chose l'en empêcha, quelque chose qui vint lutter contre sa stupeur grandissante, pétrifiante, effrayante. Il n'était plus seul. Une petite main venait de se poser sur son bras lorsqu'il se rendit compte qu'il était si crispé qu'un grondement plus animal qu'humain lui échappait. Le maudit leva le regard sur la propriétaire de cette main.

Scarlett, cet ange blond bien déterminé à ne pas le laisser, le regardait avec douceur, lui souriant légèrement. Lowell se perdit un instant dans les yeux vairons de la jeune femme, y puisant suffisamment de forces pour reprendre complètement ses esprits. La chaleur du contact de la paume de la faucheuse contre sa peau le rassérénait. Il se sentait mieux, il avait l'impression que l'air pouvait à nouveau circuler librement dans ses poumons et son sang dans ses veines venait de reprendre son éternelle course diffusant dans son être tout entier, le bien être fragile que venait de lui procurer le geste de la blonde.

Avec difficulté, Lowell croassa, oubliant son vouvoiement destiné pourtant à maintenir la distance avec Valentin :

« Comment as-tu fait le lien ?

— Le hasard voulu que cette descendance compta parmi les siens deux auteurs très célèbres de contes de fées : les frères Grimm. Les contes qu'ils écrivirent se transmettaient auparavant par voie orale ou étaient inspirés d'autres contes parus avant eux qui étaient en réalité inspiré par les histoires véritables de ceux qui sont devenus faucheurs par la suite : Blanche Neige, Hansel et Gretel, Cendrillon... Lorsque vous nous avez raconté que votre mère prétendait descendre des frères Grimm, je me suis souvenu de ce papier que j'avais eu le temps d'apercevoir à l'époque. J'ai une excellente mémoire il faut le savoir. Et il m'avait semblé lire votre nom. Dans le doute, j'ai tout de même préféré avoir confirmation et j'ai demandé à mon totem de m'en fournir la preuve. La voilà. Vous êtes bien le descendant des frères Grimm. Mais plus encore, vous êtes le descendant d'Aurelius.

Scarlett frémit soudain en percutant quelque chose. Aurelius était le nom de l'oncle de Valentin, le nom du frère du Patron. Un Patron dont personne ne connaissait réellement l'identité. Electrisée, elle releva brusquement la tête vers le faucheur, murmurant avec précipitation :

— Si Aurelius est le nom du second frère, quel est le nom du premier ? Quel est le nom de ton père, Valentin ?

Celui-ci serra des dents. Il hésitait, balançait, ne savait s'il devait le dire. Pourtant, et pour la première fois depuis un millénaire, il avait envie de parler de sa famille, des siens, de ses secrets. Pas de tout livrer, mais simplement semer quelques mots au vent pour se libérer du poids qui enchaînait sa langue et ses paroles. Alors, luttant contre lui-même, il finit par lâcher, dans un murmure presque inaudible.

— Amadeus.

Enfin. Il l'avait dit. Ce prénom semblait lui avoir griffé la gorge et sonnait étrangement à ses oreilles. Pourtant, il éprouva le besoin de le répéter et avec plus d'énergie et de détermination, il reprit :

Les Faucheurs II - Maléfice LunaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant