Chapitre 15. I.

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« Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !

— C'est pour mieux écouter, mon enfant !

— Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !

— C'est pour mieux te voir, mon enfant !

— Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !

— C'est pour mieux te manger !

Et, en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le petit Chaperon rouge, et la mangea. »

Le petit chaperon Rouge, Charles Perrault.

*

Au crépuscule, ils s'étaient arrêtés au pied d'un des innombrables arbres de la forêt du domaine de Cauterets. Toute la journée, les deux faucheurs et le mortel maudit avaient marché, entre ravins, pentes, clairières et autres paysages montagnards. La pause nocturne leur semblait comme un véritable soulagement.

Valentin, qui s'était éloigné quelques instants, revint, avant de laisser son sac tomber au sol.

« J'ai disposé quelques pièges magiques autour du camp grâce à des runes. Ils s'évanouiront à l'aube. Mais faites attention.

Scarlett hocha de la tête, distraite par Lowell qui s'était retiré dans un coin, le regard levé vers le ciel. Dès lors que les dernières lueurs du jour disparurent, sa métamorphose débuta. Mais très vite, elle remarqua que le géant roux semblait lutter contre sa transformation. Ses os étaient en train de craquer dans un concert abominable. Pétrifiée, l'immortelle ne pouvait qu'assister impuissante à la souffrance du mortel tandis que sa peau se couvrait petit à petit de fourrure et que ses ongles se changeaient en griffes, longues et recourbées. Lowell poussa un hurlement déchirant qui fit vaciller la jeune femme.

Remarquant le désarroi de sa comparse, Valentin la força à s'éloigner quelque peu avant de s'avancer, lentement du maudit.

— Lowell, ne luttez pas contre la métamorphose ou ça ne sera que plus douloureux...

Mais il ne semblait pas l'entendre, crispé, alors même que son apparence vacillait entre celle du loup et de l'homme. Le fils du Patron fit encore un pas, s'approchant plus près encore de la créature de la Lune. Trop près. Lorsque Scarlett comprit le danger, il était trop tard.

— Attention, les griffures sont empoi...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, un des gestes brusques du Lowell, dû à la douleur de la métamorphose, atteint Valentin. Il n'eut qu'une entaille, malheureusement, c'était suffisant. Le fils du Patron bondit en arrière, lâchant un juron. Gagnée par la panique, Scarlett se précipita vers son ami.

— Dis-moi que tu sais comment guérir ça ! vociféra le brun, sa main posé sur sa plaie qui commençait déjà à s'infecter.

L'immortelle se tourna vers le maudit qui avait achevé sa transformation dans un dernier craquement sonore et qui se relevait avec difficulté. Il secoua la tête, lâcha un grognement et leva son regard bestial sur les deux faucheurs. Cependant la blonde ne se laissa pas intimider et avec prudence, s'avança d'un pas.

— Lowell ? Tu es là ?

Seul le silence lui répondit. Inquiète, elle réitéra sa demande, s'approchant encore d'un pas et tendant la main en direction de l'immense museau de la créature de la Lune. Celle-ci s'avança, menaçante, reniflant la paume qui lui était présentée avant de retrousser les babines en un geste qui n'augurait rien de bon tandis qu'un grognement terrible s'échappa de sa gueule. Il gronda encore quelques instants, tandis que l'appréhension grandissait chez Scarlett qui priait silencieusement pour que cela ne dure pas. De sa voix la plus douce possible, elle murmura :

Les Faucheurs II - Maléfice LunaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant