L'Ordre du D [NCT-EXO]

Chapitre 38

Chittaphon était perché sur le toit de l'une des tours du palais, les jambes dans le vide et l'esprit dans le brouillard. Ses jambes se balançaient faiblement sans qu'il n'y prête attention, le vent chaud fouettait son visage et balayait ses cheveux devant ses yeux, et seule la lune éclairait le paysage. Pourtant les rues sous lui étaient animées, encore plus qu'en plein jour, et le ciel était le terrain de jeu des créatures ailées, principalement des incubes et succubes. 

Le jeune homme se sentait un peu étrange, alors il avait fait le choix de s'isoler. Pas que ça ait été difficile. Depuis qu'ils étaient arrivés, près d'une semaine plus tôt dans le royaume, SeHun avait à peine quitté la salle de la source pour aller se laver et y retourner aussitôt. JongIn avait réussi à le faire se bouger en fin de soirée et l'avait envoyé entre les mains d'Alexa pour une petite séance de sport. Ten n'était pas certain que son meilleur ami survive à la combattante, mais au moins il avait cessé de se lamenter et faisait quelque chose. DoYoung avait annoncé qu'il ne serait pas disponible de la soirée et était allé s'enfermer dans la chambre qui lui avait été allouée, laissant le jeune démon libre de ses mouvements. 

Il était sociable, même un peu trop diraient certains, mais ce soir il ne rêvait que de solitude et de faire un tri dans ses pensées. Ces dernières étaient bien trop encombrées depuis les révélations dont il avait été assommé quelques jours plus tôt, et même s'il faisait bonne figure, il ne les avait en réalité par digérées. C'était aussi pour cette raison qu'il était sorti, il avait du mal à affronter le regard du roi depuis qu'il avait connaissance de leur lien fraternel. C'était surréaliste, trop à assimiler pour le jeune homme. 

Ten avait déjà pensé de nombreuses fois à sa famille biologique lorsqu'il était enfant, ses parents adoptifs ne lui avaient jamais réellement caché qu'ils n'étaient pas ceux l'ayant mis au monde, alors l'imagination de l'enfant avait été prolifique. Il aimait le couple thaïlandais de tout son cœur, ses frères et sœurs aussi, et n'avait jamais songé à vivre avec d'autres qu'eux. Même lors de la révélation de ses pouvoirs ils ne l'avaient pas rejeté et avaient continué à le traiter comme un précieux membre de leur famille. Mais depuis qu'il était arrivé dans les royaumes démoniaques, Chittaphon doutait et était complètement perdu. 

L'existence d'une famille, le fait qu'il n'était pas le seul incube existant, que ses pouvoirs étaient incomplets à cause de l'air terrestre, les guerres, le fait qu'il soit finalement un prince d'un royaume dont il ignorait tout, que son professeur qu'il pensait tout le temps sur son dos parce qu'il ne l'aimait pas était en réalité chargé de veiller sur lui et qu'il était celui l'ayant confié à ses parents adoptifs, le fait que JongIn lui propose de rester avec lui au palais... c'était beaucoup trop pour lui. Il avait dit qu'il allait y réfléchir et qu'il était flatté, mais la réalité était toute autre. Il était perdu, comme un enfant. Il n'avait plus de repère, il découvrait qui il était et ça n'avait rien à voir avec ce qu'il pensait. 

Pourtant il devait reconnaître qu'il n'avait jamais été aussi à l'aise dans un lieu que depuis son arrivée sur la terre des Esprits. Il se sentait comme chez lui, la force coulait dans ses veines, il se reconnaissait dans les démons qu'il voyait, même s'il lui manquait des attributs. Ça aussi c'était une autre découverte qu'il avait faite, les incubes avaient des particularités physiques : des dents pointues, des ailes d'un cuir noir épais semblables à celles de chauve-souris, une queue se terminant par une pique acérée et des griffes rétractables. Il ne les avait d'abord pas vues, puis JongIn lui avait expliqué avant de lui montrer. Selon lui Chittaphon devrait avoir les mêmes en restant un peu ici, et il serait également capable de les dissimuler s'il le souhaitait. Mais le noiraud ne voulait pas abandonner ses amis et sa famille non plus pour un monde et un frère qui lui étaient inconnus dans le fond.