Blessed

Chapitre 23 (dernier + annonce importante à la fin)

Mon téléphone sonna et je répondis à l'appel. Un visage basané encadré par deux mèches noires m'acceuillit avec un grand sourire et deux yeux foncés pétillants.

— Alors, cet appel nocturne avec ton chéri ?

— Tahani, ce n'est pas mon chéri...

— Okay, ton crush alors.

— Il n'est pas...

— Taratata, me coupa-t-elle en agitant son index devant la caméra, pas à moi petit homme. C'est clair comme de l'eau de source que t'as des sentiments pour lui. Ne te ment pas.

— Donc, avant c'était Rhéa, maintenant, c'est Aodh... Le prochain ou la prochaine sur la liste, c'est qui ?

— Ton prof là, Mélior, c'est ça ?

— Tahani !

Elle explosa de rire, rejetant la tête en arrière. Son rire était plus rauque que ce à quoi on pouvait s'attendre quand on entendait sa voix mais je l'avais tellement entendu que ça ne me choquait plus.

— Bon, bon, bon. Pour, Rhea, j'avais une très bonne excuse, okay ? Je savais pas encore que tu... Euh... Préférais... Manger des bananes plutôt que des abricots, déclara-t-elle en hésitant.

Ce fut à mon tour de rire, cette analogie n'étant pas la plus étrange qu'elle ait faite.

— Après, je te comprends, je préfère aussi les bananes aux abricots. Même si ce n'est pas nécessairement l'impression que je donne... Après tout, je ne fais pas très... Hétéro.

Elle replaça une mèche derrière son oreille gauche en soupirant, le regard vague.

— Tareek ! À table ! Tu es le dernier qui manque. Dépêche-toi !

Tahani soupira et leva les yeux au ciel. Visiblement, comme moi, elle n'avait toujours pas la volonté de faire son coming out... Elle n'avait pas la force de se trouver sans domicile et sans argent alors qu'elle n'était pas indépendante. Ce qui était entièrement compréhensible. Après tout, j'étais dans le même cas. Pour une autre raison.

— Out when indie ? Demanda-t-elle.

— Out when indie. Répondis-je, avec un petit sourire contrit.

Elle ferma l'appel avec un grand soupir et je fus appeler à table tout aussi rapidement.

Tahani était la seule à qui j'avais pu me confier. On avait commencé à sympathiser parce qu'elle avait le créneau du cours de piano juste avant le mien et que notre professeure avait tendance à se faire des litres de thé entre chaque cours. Sa mère venait la récupérer un peu en retard et on avait fini par discuter.

***

— Heureusement que j'prends pas des cours à domicile avec elle... Ça me rendrait fol... fou de voir ces traces de tasse sur mon piano !

— Oui.