Shape Shifter ~ Tome 2 ~

VI. Blessure à coeur ouvert

Je vous invite à écouter cette chanson avec l'histoire car elle m'a fortement inspirée pour l'écriture 😉
( aussi l'une de mes chansons préférées )

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Le silence régnait dans la chambre laissant la douce musique qui provenait des étendues de sable et de carcasses métalliques que le vent faisait chanter emplir la pièce d'une sérénité étonnante pour le lieu. Une douce brise provenant de la porte vitrée qui donnait sur un petit balcon faisait danser légèrement les voiles blanches et légère qui recouvraient le lit à baldaquin.
Assise au bord de son lit, Abigail regardait le liquide ambré qui reposait dans sa bouteille d'alcool presque terminée. Dans sa tête n'arrêtait pas de tourner encore et encore le visage de Loki, ses yeux stupéfaits la fixant comme si elle le dérangeait. Comme si elle le mettait dans une position inconfortable que d'être ici abandonnée et errante. Ses traits qu'elle avait vainement tenté d'oublier s'insinuaient dans son esprit pire que la folie destructrice qui la rongeait par moment.
C'était par sa faute qu'elle était devenue celle qu'elle était devenue aujourd'hui. Cette coquille vide déambulant comme une âme en peine attendant une mort prochaine.

Elle releva les yeux vers le grand miroir qui lui faisait face et ce qu'elle y vit ne lui plu guère et la dégoûta encore plus. Des cernes marquait ses yeux rendant ses orbites creusées. Son visage pâle et émacié n'avait plus la même splendeur que d'antan et ses cheveux rasé la rendait méconnaissable. Elle avait l'air d'une loque, un déchet, une carcasse comme tant d'autre qui étaient abandonnées dans le désert voisin.
Elle imagina alors la Abigail d'il y a neuf ans découvrant comme une enfant le jour de Noël ses nouveaux pouvoirs et l'infinité de personnes qu'elle pouvait devenir. Tant d'espoir et de rêve brisé dans ce reflet qui lui faisait face ce soir.

Dans un élan de fureur, Abigail poussa un cri de rage à en faire pâlir le plus impitoyable des psychopathes et envoya valser la bouteille qu'elle tenait entre ses mains dans la maudite glace. Le reflet se brisa en mille morceaux et des débris volèrent partout dans la pièce.

Chancelante sur ses deux jambes Abigail laissa sa colère se calmer comme elle en avait l'habitude. Cette montée d'adrénaline fut vite rattrapée par ses émotions et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Elle se laissa tomber à genoux faisant crisser les bouts de verre sous ses genoux. Elle ramassa lentement un morceau de l'ancien miroir et observa son reflet dedans. L'effet de l'alcool ne l'embellissait guère et ce qu'elle vit ne la réconforta pas.

Derrière elle, elle entendit le léger cliquetis de la poignée de sa porte qui tournait. Un petit claquement retentit lorsque la personne ferma la porte de sa chambre derrière elle. Toujours à genoux sur la dépouille de son miroir, Abigail tenta de voir qui se permettait d'entrer dans sa chambre ainsi en pleine nuit à l'aide d'un morceau de verre qu'elle tenait entre ses doigts.
Un pan de tissu jaune et bleu tilta instantanément dans sa tête mais elle resta de marbre.

- Que t'as fait ce pauvre miroir ? Dit enfin la voix posément.
- Je n'aimais pas ce qu'il me montrait, répondit tout aussi calmement Abigail.

Un silence mutuel s'installa entre les deux antagonistes.

- J'ai rêvé tant de fois que je te tranchais la gorge ou que je te poignardais en plein cœur et que je te regardais paisiblement vider de ton sang pour ce que tu m'as fait..., dit calmement Abigail. Mais je ne sais pourquoi maintenant que tu es là, enfin, je... je ne peux pas. J'en ai pas la force.

Son interlocuteur ne répondit pas. Sûrement entrain de reconsidérer son idée d'aller rendre visite à Abigail. Mais il se doutait qu'elle n'allait pas lui sauter dans les bras.