Chapitre 2

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Je n'ai jamais su que je pouvais avoir des envies de meurtre jusqu'à ce que j'ouvre la porte et tombe sur la tronche de cette idiote de Kathy.  Elle était supposée être au marché entrain de faire les emplettes. Avec la longue liste que je lui ai remis, elle devait en avoir pour un bon bout de temps.

Qu'est-ce qu'elle revient foutre ici?

Je me force de ravaler ma rage et de paraître le plus naturelle possible pour ne pas éveiller ses soupçons, d'autant plus qu'elle est surprise de tomber sur moi au lieu du gardien que j'avais sciemment envoyé en ville pour avoir le champ libre.

— C'est toi qui ouvre la porte, mais où est passé Hama ? Franchement, ces derniers temps il n'est pas un exemple d'assiduité au poste.

Sacré Kathy!

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui aime autant les commérages de toute ma vie. Elle adore fourrer son nez dans toutes les sauces, critiquer, dénigrer, médire, c'est sa passion. Quand il s'agit de Hama, c'est une autre histoire. Elle ne manque aucune occasion de lui mettre les bâtons dans la roue. C'est deux là sont comme chien et chat dans la maison.

—Hama je viens juste de l'envoyer ici à côté.

Si seulement elle savait que j'ai fait exprès de les envoyer tous les deux pour ne plus les avoir dans les pattes pendant que je serai seule avec mon oncle dans la maison.

Quand j'ai appris que ma tante se rendait à Dosso pour un mariage, mon sang n'a fait qu'un tour. Si je ne me trompe pas, Aïcha devrait être en permanence ce Samedi.

Aïcha est la nièce de mon oncle qu'il a recueilli depuis sa tendre enfance après le décès de sa mère qui était sa petite soeur. Nous partageons la même chambre, mais depuis qu'elle a commencé son stage pratique à la maternité Issaka Gazobi, elle se fait rare à la maison. En fait, elle est en dernière année de sa formation de sage femme diplômée d'État. Entre le stage et la rédaction de son mémoire, elle n'a pas le temps de se mêler de ce qui ne la concerne pas à fortiori bouleverser mes plans.

Mais ce que je n'arrive toujours pas à comprendre, c'est ce que cette idiote de Khaty fou encore ici.

—Je te croyait partie au marché comment se fait-il que tu sois déjà de retour?

—Tu ne devineras jamais ce qui m'est arrivé. J'ai oublié la liste des condiments que tu mas remise.

Décidément en plus d'être moche elle est bête ! Ça en fait un peu trop là !

Indépendamment de ma volonté, ma mine renfrognée me trahi et kathy affiche toute de suite un visage désolé.

— Je suis vraiment désolée de t'avoir dérangé. Je ne me doutais pas que Hama n'est pas là, je ne t'aurais pas dérangé. Je l'aurai attendu dehors.

—C'est pas grave Kathy, je commençais juste à somnoler c'est tout.

Je me ressaisi rapidement en essayant d'être décontractée pour ne pas me trahir. Je ne dois en aucun cas lui donner l'occasion d'avoir ne serait-ce qu'un soupçon de doute. Mais après tout, aussi fertile que puisse être son esprit, comment pourrait-elle imaginer que moi, la pauvre petite innocente d'étudiante, la protégée de sa patronne était entrain de me taper l'intransigeant chef de famille?

Au lieu de me faire ressentir des regrets et de la culpabilité, cette pensée attise en moi un ego sadique qui est loin de me deplaire. Je me surprends même à être fière de la manière héroïque dont j'ai dépossédé le mari de ma tante de toutes ses armes. Il a rampé devant moi pour ensuite me bouffer la chatte comme un affamé.

N'allez pas penser que je convoite seulement le sexe avec mon oncle. C'est vrai que j'aime le sexe, mais je suis loin d'être une nymphomane. Laissez moi vous avouer que la première fois où j'ai franchi le seuil de cette maison, j'ai tout de suite eu envie d'en être propriétaire, pas seulement qu'invité. C'est vrai que ma tante a été adorable en voulant bien m'accueillir chez elle, mais sa gentillesse ne peux pas freiner mon ambition dans son élan.

En fait, ma tante Gayka est une cousine éloignée de ma mère, mais aussi son amie d'enfance. Elles ont toujours été très proches. Comme on le dit, elles ont fait les quatre cents coups ensemble. Je sais qu'elle a eu deux enfants, un garçon et une fille que je fréquentais quand nous étions jeunes. Mais depuis l'affectation de mon père à Agadez en 2001, nous nous sommes perdu de vue et je n'ai plus eu de leurs nouvelles. A l'époque j'avais neuf ans et mon père était gendarme.

Aujourd'hui, alors que la plupart des filles de mon âge ont déjà fondé leur famille avec un boulot stable, une petite vie tranquille, à 28 ans, moi je m'éternise sur les bancs, à squatter chez les autres au lieu d'avoir ma propre famille. 

Quand ma mère a appelé sa cousine Gayka pour l'informer que je viens poursuivre mes etudes à Niamey, elle lui a demandé de m'héberger le temps que je trouve une chambre à l'internat.

— Pourquoi irait-elle à l'internat comme si elle n'avait pas de famille ici? Tu me vexes Ramatou, ne suis-je pas egalement la mère de Inès ?

—Tu as parfaitement raison, excuses moi cousine. Je me disais juste qu'il serait mieux qu'elle habite à proximité de l'école, c'est plus pratique. Ça sera moins fatiguant pour elle aussi.

—Il y'a un arrêt de bus au carrefour à quelques metres de mon domicile. Au pire des cas elle prendrait le taxi ou se ferait deposer par mon chauffeur selon sa disponibilité. Le problème de déplacement ne se pose même pas, ne cherche pas de prétexte.

Finalement, ma tante eu gain de cause en faisant capituler ma mère.

—Ecoute Gayka, comme tu l'as dit, Inès est ta fille. On fera comme tu voudras, je n'ai plus mon mot à dire. Mais s'il te plaît,  n'hésite pas à être dure avec elle s'il le faut, tu sais les enfants de nos jours ne sont pas des anges non plus.

Toutes les deux éclatent de rire. Leur amitié ne date pas d'aujourd'hui et ne semble pas ébranlée par le temps ou la distance.

****

Frustrée d'avoir été interrompue par cette satanée domestique, je regagne ma chambre en attendant impatiemment qu'elle récupère sa putin de liste et s'en aille.

Dès que je referme le portail derrière elle, alors que je me hâte de rejoindre mon oncle dans sa chambre pour terminer ce qu'on avait commencé, la sonnerie du portail retentit à nouveau.

Merde alors!

En ouvrant la porte, je déploie un effort surhumain pour substituer ma mine maussade par un faux sourire surtout lorsque je tombe nez à nez avec l'ami de mon oncle. Cette fois, il ne s'agit pas de l'idiote de Kathy. Ces vieux ont le flaire aiguisé. Je ferai mieux d'être naturelle parce qu'au moindre indice, il pourrait comprendre ce qui se passe.

— Bonjour tonton, entrez s'il vous plaît.

—J'espere que ton oncle est là.

Je lui aurais volontier menti en disant que mon oncle venait tout juste de sortir, mais son insolente Toyota Land Cruiser  dernier modèle qui ne peux passer sous silence m'aurait lamentablement démenti.

La mort dans l'âme, je l'installe au salon et lui sert à boire avant d'aller informer mon oncle qu'il a de la visite.

Pour la première fois depuis que je suis dans cette maison, je pénètre dans la chambre conjugale de ma tante. Même dans mes imaginations les plus débordantes, je n'avais jamais soupçonné qu'elle puisse être aussi belle. Il faut reconnaître que ma tante a le goût du luxe.  Il dégage de chaque touche, chaque objet, un luxe insolent.

Mon oncle qui vient de sortir de la salle de bain s'arrête sur ses pas lorsqu'il m'aperçois en plein milieu de sa chambre, me fixant d'un regard choqué. Sûrement qu'il ne s'imaginait pas que j'aurai l'audace de le retrouver dans la chambre de ma tante. Pourtant, ne venait-je pas de lui démontrer que je n'avais pas de limite?

Apparemment, il faut que je lui rafraîchisse la mémoire et je n'irai pas par mille chemins.

En lui passant l'information qu'il a de la visite,  je m'approche de lui et me saisit d'un coup sec de son membre endurci en glissant ma main dans son peignoir. Il essai de me résister, mais les contractions de son membres entre mes mains le contredisent. Il pousse un petit grognement de plaisir, puis opte pour la négociation.

—Je t'en prie, laisse moi descendre avant que Habib ne soupçonne quelque chose, je te promet de revenir très vite.

Voilà, il commence à comprendre la leçon.

Vicieuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant