Épisode 34: DES CHEMINS SE CROISENT Partie A

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2018 / CEPEO à Ottawa

Edwina entra sans se faire annoncer dans le bureau du directeur général du Conseil des écoles publiques de l'est de l'Ontario. L'homme leva les yeux du document sur lequel il travaillait et interpela cette vieille inconnue qui s'avançait vers lui aidée d'une simple canne en bois vernis.

— Vous cherchez quelqu'un en particulier madame ?

— Oui, oui bien sûr. J'arrive. Donnez-moi le temps de me rendre à la chaise, ricana-t-elle.

Ce bureau me plaît beaucoup. Il est très spacieux et bien décoré. C'est à la fois sobre et distingué.

Elle pointa un cadre avec sa canne.

— Une œuvre d'élève ? Quelle excellente idée. Sans contredit, un futur artiste...

M. Cambridge, contrarié par cette intrusion, s'apprêta à appeler sa secrétaire lorsqu'elle l'interrompit en sourdine.

— Auriez-vous la gentillesse mon cher monsieur de fermer la porte derrière moi. J'ai oublié de le faire et vous serez sûrement plus vite que moi. Votre secrétaire est absolument charmante mais je crois qu'elle écoute vos conversations lorsqu'elle en a la chance. J'aimerais discuter avec vous en privé, dit-elle en clignant d'un œil. La Sainte-Trinité, ça vous dit quelque chose ?

À ces mots, Cambridge changea d'expression. Faire gentiment escorter cette dame à l'extérieur était maintenant hors de question. Il se leva et ferma la porte du bureau à la grande consternation de sa secrétaire. Edwina, elle, conserva sa cadence et se rendit jusqu'à la chaise du directeur sur laquelle elle s'assied.

— Oh! Comme cette chaise est confortable. Une ergonomie remarquable. On se croirait dans une chaise papasan. Je devrais m'en commander une pour le travail. Je vais demander à mon supérieur de s'occuper de cela. Il est très à l'écoute de nos besoins, dit-elle à voix haute.

Elle invita son interlocuteur à prendre place dans l'une des deux chaises réservées aux invités.

— Mon cher monsieur Cambridge, voici ce qui m'amène chez vous aujourd'hui. Je suis Edwina Marpel. Votre secrétaire croit que je suis votre vieille tatie d'Ottawa. Mais en fait, je suis de « la Sainte-Trinité ».

M. Cambridge figea. Voilà qu'on venait de lui répéter une deuxième fois le code de reconnaissance. Il n'y avait plus aucun doute.

— Veuillez m'excuser madame Marpel. J'ai cru que vous étiez une pauvre dame perdue dans l'édifice. J'espère ne vous avoir offensé d'aucune manière.

— Mademoiselle Marpel, le corrigea-t-elle. Asseyez-vous, je vous pris. À mon âge, mon cher monsieur, il m'en faut beaucoup pour être offensée. Oh ! Tenez. Je vous ai apporté une boîte de biscuits faits maison. Vous pourrez les partager avec votre charmante épouse Constance ce soir. Ils ne contiennent ni œufs ni kiwi.

— Vous avez bien fait vos devoirs mademoiselle.

— Ah, mon cher monsieur ! Si j'ai appris une chose de Sœur Gertrude du Saint Sacré-Cœur lorsque j'étais à la petite école c'est bien de toujours faire mes devoirs. Ah... ces religieuses ! Un petit coup de règle sur les mains de temps en temps sous le regard contrit du crucifix dans le bureau de Mère Supérieure et le tour était joué. Que voulez-vous, c'était comme cela à l'époque. Les choses ont bien changé depuis. Et pour le mieux, dit-elle en regardant tout autour d'elle.

— Comment puis-je vous être utile ?

— Ces biscuits sont délicieux. Servez-vous s.v.p. , dit-elle en en prenant un. Bon, mon cher monsieur, je suis ici pour régler la dette que vous avez avec un certain département de notre compagnie.

OPÉRATION CARAL 2052Où les histoires vivent. Découvrez maintenant