Le Voyageur

Ver sous roche

Atria apprenait remarquablement rapidement et se sociabilisait avec les autres humains à une vitesse fulgurante, en quelques semaines déjà elle était admise dans le groupe de filles de sa classe. Castiel trouvait cela remarquable mais un pincement presque douloureux occultait son jugement. Il était un peu déçu de la voir avec d'autres gens que lui. Étant donné qu'il avait perçu une différence chez elle, il la considérait un peu au même rang d'exclu de la société que lui et pensait pouvoir sympathiser avec elle davantage, il envisageait même une amitié avec elle. Malgré cela Castiel restait calme en toutes situations et continuait par contre son analyse d'Atria. De loin c'était compliqué, ils ne se parlaient presque jamais en fait.

Les mois passèrent, l'analyse avançait à pas de tortue, dans la discrétion et la lenteur. Cela allait faire deux mois qu'elle ne lui avait pas adressé l'ombre d'un regard, elle faisait comme les autres maintenant: elle l'ignorait. Castiel avait repris un peu de vie pendant la période de rares discussions mais maintenant qu'elle était l'une des leurs ça changeait tout. Le grand retour des regards vides et des figures macabres était là, et plus grand chose ne pouvait l'empêcher.

Puis, la cloche sonna un matin alors que Castiel était en retard, l'obligeant à attendre un moment au bureau de vie scolaire. Mais par chance, Atria avait elle aussi besoin d'un billet de retard et une dizaine de personnes avant eux aussi, ce qui laissa amplement le temps aux deux étudiants de discuter un peu. Castiel s'était forcé à aller lui parler car il savait que des occasions comme celles-ci ne se représenteraient pas, c'était le seul moyen d'avancer un peu sur le mystère de la lueur de ses yeux. Durant la dizaine de minutes qu'ils parlèrent, Castiel fit se répéter Atria sur un point. Alors qu'ils parlèrent du passé de la jeune fille, Atria parla d'un collège qui n'avait aucuns points communs avec le collège dont elle m'avait parler le jour de son arrivée. D'un seul coup un pic d'adrénaline envahit Castiel de la tête au pied provoquant en lui un frisson sensationnel. Il savait que quelque chose clochait, elle n'est pas qui elle prétend être. Mais pourquoi menti là-dessus... Sa raison lui chuchota à l'oreille que peut-être elle avait fait l'école à la maison et qu'elle en avait honte. Mais il n'avait aucune envie d'écouter sa raison, sa curiosité avait lié l'affaire de ses visions à Atria inconsciemment, au fond de lui il cherchait toujours des réponses, l'espoir renaissait en lui plus flambant que jamais. Cela faisait maintenant une dizaine de secondes qu'il ne disait plus rien en continuant de regarder Atria droit dans les yeux, un sourire étrange sur le visage. La jeune fille semblait gênée, elle ne comprenait pas trop ce qu'il se passait et passa son chemin. Un instant après Castiel reprit ses esprits en continuant de réfléchir et eut au moment de donner son carnet de correspondance, une idée qui semblait la solution au mystère, la pièce de puzzle recherchée depuis si longtemps: la suivre jusque chez elle. Et puisqu'il avait déjà une réputation de bizarroïde, il se dit que ça n'aggraverait pas les mythes et permettra de nourrir ces goinfres de ragots.