Le Voyageur

Cortex Sensoriel

Evidemment la mère pris le risque de cacher à son fils la scène surnaturelle. Premièrement elle aurait pu tout aussi bien imaginer cela en étant somnambule et par un fabuleux jeux du sort, l'action avait parut plus vraie que nature. Et deuxièmement, elle trouvait que son fils avait déjà bien assez de fil à démêler dans sa tête sans ça.

Au vue des événements de la veille, Castiel n'alla pas en cours sur ordre de sa mère, qui avait pris un jour de congés pour l'emmener voir un psychologue, afin de voir plus clair dans cette inquiétante histoire.
Une fois leur nom appelé dans la salle d'attente, le garçon se trouva, après quelques pas et une poignée de main avec le spécialiste, assis dans un fauteuil en cuir sombre, face au psychologue. Se regardant tous deux, le médecin brisa le silence en abordant le sujet des visions auxquelles le garçon était sujet en lui demandant de les lui décrire avec le plus de détails possibles. Castiel avait du mal à trouver ses mots. Décrire une chose à laquelle on ne veut pas croire mais qui parait bien réel et qui nous tourmente ainsi est un exercice simple à première vue mais tellement éprouvant en réalité. Les émotions qui l'animait étaient fortes même si atténuées en comparaison de ce qu'il avait pu ressentir pendant la confession à sa mère. Le bilan post-psy s'avéra plutôt décevant, le diagnostic fût que ces visions étaient dues à l'absence d'une présence paternelle ainsi qu'au stress lié à l'adolescence que tous les enfants grandissant ressentent... si il y avait eu pari, de grosses sommes auraient put être gagnée tant les propos du médecin étaient prévisibles.
Après cet épisode les jours s'écoulèrent, les semaines puis les mois, tous plus éphémères et monotones les uns que les autres. Le garçon s'était fait une raison sur ses visions, les propos du psychologue avaient obtenus gain de cause par simplicité. Cela ne lui convenait pas absolument mais il était exténué et ne pouvait fournir plus d'énergie à se casser les dents sur une explication peu plausible. Il avait repris le lycée dès le lendemain du rendez-vous sans ressenti particulier de colère ou de joie. Déja auparavant il s'était construit une bulle qui le séparait de son entourage et du monde mais aujourd'hui la bulle s'était épaissie et sa combativité avait été laminée, réduite à néant, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Cela inquiétait grandement ses professeurs puisque bien qu'il ne participait jamais en cours, il restait à l'écoute et concentré, alors que maintenant il gardait la plupart du temps les yeux fixés sur quelque chose d'invisible quand il ne noircissait pas ses feuilles de dessins morbides ou de mots d'un autre monde. Une fois à la fin d'un cours, madame Helmouth lui demanda discrètement de venir le voir. Surement qu'elle allait lui demander ce qu'il se passait dans sa tête, ayant remarqué que son attitude avait changé, ou encore si ça avait un rapport avec des problèmes personnels, qu'elle était là si il avait besoin de parler à quelqu'un autre que sa mère... Bref des banalités.
"Alors j'ai quelque chose à te proposer ..." déclara elle tout sourire, il haussa un sourcil dévoilant ainsi sa surprise.
"En faite, il s'agit de l'arrivée d'une nouvelle élève qui arrivera en début de semaine. Elle s'appelle Atria, j'aurais besoin, si ça ne te dérange pas de lui faire visiter le lycée et la mettre un peu à l'aise... Parce qu'arriver dans un environnement aussi sauvage que le lycée... c'est pas facile" blagua-t-elle en s'esclaffant.
Castiel accepta pour ne pas décevoir sa professeure, mais faire dans le social n'était vraiment pas sa tasse de thé, très loin de là... Il se savait qu'il s'était fait embobiner, que ce n'était là qu'un stratagème pour lui changer les idées, néanmoins une part de lui savait qu'un voyage hors de sa zone de confort était nécessaire s'il voulait passer à autre chose. Et puis même s'il ne le montrait pas cette ruse lui avait donné un peu de baume au cœur l'espace d'un instant.