Ammalys : Le temps de la révélation

Drak

Drak surveillait constamment Mark depuis qu'il avait rejoint la Confrérie. Trop différent de ses semblables, Mark avait érigé un mur autour de lui et avait au final une méconnaissance totale dans le rapport à l'autre, si ce n'est dans la violence de cette société.

Aujourd'hui, Drak sentait le mur se fissurer. Les sentiments ressentis de Mark affluaient vers lui et Drak avait crû défaillir cette nuit. Une âme disparue depuis longtemps avait subitement refait surface. "Impossible !" Pensa-t'il. Comment aurait-il pu ne pas la retrouver si elle était encore de ce monde? Sa moitié pour l'éternité....

Drak et Ophis, le couple dragon, maître de leurs semblables, sur l'autre continent, celui de leur foyers, qu'il avait peu à peu délaissé après sa disparition. Se replongeant dans ses souvenirs, Drak revit chacun des traits caractéristiques de son aimée, un dragon doré tout comme lui, resplendissante de mille feux, grand yeux verts, légèrement plus petite que lui, si douce et sensuelle. Ophis, la sagesse de son peuple, avait disparu depuis si longtemps, bien avant la naissance de Mark et de ses semblables. Pourquoi pouvait-il la ressentir aujourd'hui ? Et pourquoi cette perception semblait-elle s'amplifier ? Elle était apparue alors que Mark n'avait pu contenir ses pensées, ses désirs, puis son plaisir. Drak, connaissait bien la nature humaine même s'il ne les appréciait pas. Il n'était pas voyeur mais ces nouveaux sentiments chez Mark l'intriguait. Cet enfant humain s'était fait une place dans son coeur dès le départ. Même le lien n'expliquait pas tout et Drak le savait bien. Toutes ces années passées dans l'ombre à l'observer, puis à le former avait créé une sorte d'attachement. Mark ne ressemblait pas à la plupart des humains, fort et faible, doux et déterminé, lumineux et sombre, affectueux et réservé. Son âme le réchauffait. Alors, il n'avait pu se résoudre à rompre le lien alors que Mark se dévoilait ainsi, laissant pour la première fois son âme nue, laissant tant d'amour le submerger. Enfin, il se libérait et Drak savait que Mark saurait faire face à ce bouleversement dans son coeur. Par contre, il ne comprenait pas encore pourquoi il ressentit avec force l'amour de sa bien aimée au moment même de leur jouissance ? C'était comme une vague d'amour venu de l'au-delà.  Maintenant qu'il y repensait, il avait déjà eu ce sentiment lors de l'affrontement entre Ammalys et le Chef de la Garde Noire, certes bien plus faible, mais maintenant il en était sûr, il était semblable.

Laissant ses réflexions pour l'heure, Drak porta toute son attention sur le groupe de Mark arrivé aux portes de la ville de Kaan.

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Le village de Kaan était entouré d'une muraille en bois, renforcée par des pierres à sa base. Il existait une seule entrée au sud, gardée en permanence. La double porte en bois entièrement sculptée et rehaussée d'un bandeau joliment peint se dressait dans toute sa splendeur. Le village situé dans un bras de rivière, non loin de la forêt interdite, recevait peu de voyageurs. Les hivers y étaient rudes, l'agriculture quasi impossible. Les habitants vivaient essentiellement de pêche, et de chasse. La forêt qui les entourait leur fournissait tout le bois nécessaire à leur confort : batisses, chaleur, meubles, outils, vaisselles, etc.. Guerriers redoutés, certains étaient enrôlés par l'armée. Peu bavards, les hommes de Kaan, dévoilaient peu de choses sur leur coutumes. Et à ce jour, le village ne se connaissait aucun ennemi.

Lenaï et Sergeï était seuls devant la porte du village. Mark et Mean attendaient cachés non loin, prêt à intervenir si besoin.

Un des gardes s'adressa à eux :

- Que nous vaut l'honneur de ta visite Major Lenaï ?

- Juste un peu nostalgique, tu me manquais trop Jay ! Dit-elle sarcastiquement.

- Bien sûr, envie d'un combat avec un vrai homme... lui rétorqua le garde qui ressemblais plus à un géant qu'à un homme d'ailleurs, en dévisageant Sergeï, de façon presque vicieuse.