Chapitre VI

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Lorsque je me suis réveillée j'étais dans mes draps. Je me suis relevée avec difficulté. Ma tête me faisait un mal de chien. En posant ma main contre mon front j'ai senti qu'on m'avait fait un bandage improvisé à l'aide d'un bout de tissu. A ma droite, sur la table de chevet, étaient disposés un verre d'eau et une gamelle de purée. Mary ! Ai-je pensé en panique. Elle n'était pas là. Ils avaient dû la découvrir et je ne voulais pas imaginer la suite de l'histoire ! Elle n'avait pas pu s'échapper. Elle était faite comme un rat sur ce bateau. Il fallait que j'aille la retrouver et l'aider ou plaider en sa faveur auprès du capitaine. Je la ferai libérer en invoquant le nom de mon époux. Mon cœur s'était emballé a cette idée. Je savais pertinemment que ce rustre de capitaine n'avait eu aucune clémence avec elle. Je suis sortie de mon lit et me suis mise debout avec difficulté et je me suis dirigée vers la porte en boitillant rapidement avant de me rendre compte que j'étais complètement nue. Une longue estafilade marquait également mon flanc. Je me suis empressée d'aller chercher de quoi me vêtir dans mon armoire quand un bruit derrière moi m'a fait sursauter. En me retournant j'ai vu Mary sortir de dessous mon lit et se lever.

- Et bah ! Je pensais que tu reviendrais jamais à la vie ! J'ai presque eu peur.

Ca me faisait plaisir de la revoir ici. Cela signifiait que personne ne l'avait découverte. Je craignais que le capitaine ne l'ait trouvée et faite jeter aux cachots. Elle me semblait assez faible pourtant. Des cernes étaient apparues sous ses jolis yeux verts et son teint me semblait beaucoup plus pâle qu'auparavant. Devant mon mutisme elle a observé mon flanc et a sifflé.

- Et bah ma pauvre. Tu t'es pas loupée. Tu vas finir par me ressembler. Je sais pas vraiment comment t'as fait ça. Je trouve que ça te va bien, mais tu devrais quand même te rhabiller, a-t-elle commenté de sa voix rieuse.

Je me suis instantanément retournée, le rouge me montait aux joues. J'ai récupéré précipitamment des sous-vêtements, une chemise légère et un pantalon ample et me suis habillée.

- Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Ai-je interrogé Mary.

- Hum, a-fait mine de réfléchir Mary, je dirai deux bons jours à peu près. D'ailleurs tu devais remercier ton jeune ami scandinave. C'est le seul à être venu prendre soin de toi. Il avait l'air d'avoir pris sur son temps de sommeil pour te soigner. Tu étais salement amochée quand tu es arrivée. Que ce qui t'est arrivé exactement ?

- Je ne sais pas vraiment à vrai dire. Comment as-tu fait pour ne pas te faire découvrir ?

- Tu m'as pas rendu la tâche facile ! J'ai pensé m'échapper et à retourner dans les cales, mais le capitaine a décidé d'y mettre une surveillance régulière. Impossible de trouver à manger. J'ai décidé de rester caché comme un animal sous ton lit. C'était pas les heures les plus agréables de ma vie je t'avoue.

- Tu n'as pas mangé ou bu pendant deux jours ? Ai-je paniqué.

- Ahah, tu sais c'est pas la première fois que ça m'arrive, a-t-elle répondu en riant devant mon air horrifié. Et puis j'ai pu te surveiller comme ça pour éviter que l'autre abruti d'espagnol vienne encore t'emmerder.

- Tu as vu ce qui s'est passé ?

- Non mais j'ai tout entendu derrière la porte et j'ai pu observer par la serrure. Quand je suis arrivé tu venais de le repousser. Il faisait une sale gueule quand il s'est mangé la marche, a-t-elle dit en riant franchement.

Je me suis demandé si Mary serait venue m'aider si Juan était allé plus loin. Mais je préférais ne pas avoir de réponse alors je me suis emparée du verre d'eau et de la purée sur ma table de chevet et lui les ai tendus. Elle a bu le verre d'eau d'une seule traite mais m'a rendu la purée.

Le voyage de BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant