III. Anna-1

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Après avoir réfléchi durant plusieurs heures, je suis décidée. J'ai beau chercher, c'est la seule option que je vois, et qui me semble la plus raisonnable, même si l'entente entre nous et sur un sujet comme celui-ci ne passe pas. L'unique choix qui s'offre à moi malgré les nombreux désaccords ;

Ma meilleure amie.

Virtuelle.

Personne n'est au courant pour elle, je l'ai toujours gardée secrète, comme mon trésor le plus précieux. L'inconnue enfouie au plus profond de mon être, le mystère à l'état pur de moi-même, l'Univers caché d'un monde sans scrupule. Dissimulée des regards pour conserver cette émotion réelle et affective, dissimulée comme une force que l'on protège de toute violence. Une amitié préservée et maintenue dans la plus grande des discrétions.

Au début, cela n'était pas un choix, mais les différends entre ses parents et moi, ajoutés aux diverses complications tout aussi graves que plausibles n'arrangeaient pas les choses. Ses amis tout autant qu'une partie de ses proches redoutaient cet attachement, cette entente, mais surtout la craignaient. Je cite : « internet, un monde d'étrangers où toutes les personnes se cachent, et aucune ne se connaît. » Personne ne croit en cette relation à distance, absolument personne mis à part nous. J'étais sceptique au commencement, je l'admets, et finalement, on s'attache très vite aux gens. Ils deviennent rapidement importants pour nous, car ils sont là, pendant que d'autres sont aux abonnés absents.

Je me rappelle nos débuts, on était timides toutes les deux, hésitantes à parler, mais très tôt on s'est dévoilées. Aujourd'hui, je rigole légèrement de la manière dont on s'est rencontrées alors que c'était très sérieux et embarrassant aussi, et pourtant, je suis ravie de l'avoir découverte comme ceci, d'autant plus qu'après presque trois ans nous sommes toujours amies, par ce même lien depuis le début. Celui qui nous maintient avec force, complicité profonde, et attention.

Rien qu'au souvenir de notre première conversation, je souris et ris nerveusement, c'était épique. Mémorable par ses nombreuses aventures, mais aussi grandiose ainsi qu'extraordinaire par son caractère. La complexité et la sensibilité s'étaient mélangées sans aucun effort et le contact est passé tout de suite.

Une page Facebook nous a réunies, une Fanpage plus exactement.

Quelques commentaires laissés, quelques j'aime cliqués, quelques partages, sans jamais faire attention aux personnes qui publient ou qui font vivre le blog et fil d'actualité, la passion pure nous emmenait dans une sorte de frénésie qui nous conduisait à l'empressement ; à l'intensité très forte des émotions.

Une photo m'a marquée, et malgré l'anonymat, j'ai répondu très personnellement, pour la première fois, sur les réseaux sociaux. Un laisser-aller d'un instant, pour commencer une superbe amitié, jamais je ne l'aurais pensé. Cela peut paraître cliché, mais étrangement, c'est comme cela que ceci s'est produit. Je me souviens comme si c'était hier, cette image si positive pour une question si triste, le contraste m'avait fait réagir.

« Sous le soleil d'une faible pluie, comment allez-vous ? »

L'esprit bouleversé par les émotions de tous ces souvenirs, une fine larme coule sur ma joue. Une larme certes, mais un immense sourire de bonheur en me rappelant cette magie d'un temps. Le ventre en papillon, les fourmis dans les jambes, je me remémore ma réponse aussi banale qu'elle soit.

« ... »

Trois petits points, signifiant le Tout comme le Rien.

Ce jour-là, tout a changé pour moi, car c'est à partir de ces malheureux points de suspension que l'on s'est parlé. Ceux qui généralement passent inaperçus ; à la trappe. Ou mieux encore, ceux qui étrangement ne portent aucune importance, comme un signe négligeable alors qu'il en dit tant. Elle est venue en message privé, sans que je m'y attende, et l'on a entamé une discussion.

Sourire forcéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant